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Onzième des demi-finales du 100 m nage libre (53’’06) des championnats du monde d’Abu Dhabi en petit bassin (16-21 décembre), la Française Charlotte Bonnet n’accompagnera pas sa compatriote Marie Wattel en finale de l’épreuve reine demain (samedi 18 décembre). Pour autant, l’élève de Philippe Lucas s’estimait satisfaite de sa performance et consciente du travail qu’il lui reste à fournir pour retrouver l’allant, le plaisir et la confiance qui lui avait permis de décrocher l’or continental du 200 m nage libre à Glasgow en 2018.

Es-tu aussi fatiguée qu’hier (jeudi 16 décembre, finale du 200 m nage libre dont elle a pris la sixième place, ndlr) ?

Oui, je suis crevée, mais bon, je m’accroche ! Et puis, le chrono n’est pas mauvais (53’’06 en demie contre 53’’50 en séries, ndlr). Philippe (Lucas) m’a demandé de nager deux-trois dixièmes plus vite. Ça ne suffira pas pour la finale, mais j’ai donné tout ce que j’avais. Maintenant, j’espère que l’accumulation des courses va me servir pour continuer à me confronter aux meilleures. Ce soir (vendredi 17 décembre), quand je vois le plateau, je me dis qu’il ne manque pas beaucoup de filles, alors je me bats et je fais de mon mieux.

C’est vrai que dans le sillage de la Suédoise Sarah Sjöström (première demi-finaliste en 51’’53), ça va très vite !

Oui, les filles qui entrent en finale du 100 m ce soir sont des spécialistes de la distance et du petit bassin. Je ne dis pas ça pour me trouver des excuses. Fut un temps où j’avais de bonnes bases sur 25 mètres, mais désormais je veux surtout me focaliser sur le 50 m. Malgré tout, cela reste un chrono correct pour cette période de la saison et surtout compte-tenu de mon état de fraîcheur.

(Photo : KMSP/Stéphane Kempinaire)

Est-ce qu’il y a eu plus de plaisir sur le 100 que sur le 200 m nage libre d’hier ?

Le plaisir, il vient quand tout se passe bien et lorsque les chronos suivent. Je pense que malgré le stress et cette boule au ventre que j’éprouve à chaque fois que j’aborde un 200 m nage libre, c’est quand même la course sur laquelle je suis la plus à l’aise. Et puis, c’est aussi la distance sur laquelle j’ai gagné le plus de médailles. J’ai de l’appréhension car je sais qu’elle fait mal, mais aussi parce que ça me tient à cœur de réussir. Après, le 100 m était une de mes courses phares il y a encore deux-trois ans. Je ne veux pas la laisser de côté, mais je pense que j’aurais quand même du mal à faire du 100, du 200 et du 400 m nage libre cette année.

Quelle sera la suite de ton programme sur ces championnats du monde ?

Il va me rester des relais et le 400 m nage libre (dimanche 19 décembre). J’aimerais bien entrer en finale du 400 m. Je pense que c’est possible.

(Photo : KMSP/Stéphane Kempinaire)

Pour rebondir sur ton appréhension sur 200 m nage libre, comment l’expliques-tu ?

C’est une course qui fait mal. Elle demande de la stratégie, de la vitesse et de l’endurance. Pour en avoir parlé avec beaucoup de nageurs, c’est de loin l’épreuve la plus difficile. C’est aussi pour ça que je ressens de la pression. J’ai envie de bien faire, de signer un chrono, mais j’ai toujours une boule au ventre au moment de monter sur le plot. Ça me met dans un état de peur alors que je devrais éprouver de la joie. Il faut que je travaille là-dessus.

Ça a toujours été le cas ?

Quand j’étais plus jeune, je ne me posais pas ce genre de question. C’est surtout venu après l’arrêt de Camille (Muffat) quand les médias qui lui ont cherché une remplaçante. Ça m’a ajouté de la pression. Mais là, je pense qu’en prenant de la caisse et en nageant davantage avec Philippe ça va m’enlever de la pression.

(Photo : KMSP/Stéphane Kempinaire)

La médaille d’or de Glasgow en 2018 n’a-t-elle pas également constitué un poids supplémentaire ?

J’ai concrétisé un truc ce jour-là, mais au lieu de savourer et d'en profiter sur le moment, je me suis presque immédiatement projetée sur la compétition d’après. Et puis une médaille, en France, ça génère de l’attente ! Les gens s’attendent à ce que tu continues à gagner alors que chaque compétition est différente.

On a quand même le sentiment que la pression, c’est souvent toi qui te la mets, non ?

Oui, c’est vrai que j’ai toujours été un peu comme ça (sourire)... Je ne veux pas décevoir les gens qui m’aiment ou qui œuvrent pour moi au quotidien. En fait, je crois que j’ai oublié au fil des années pour qui je nageais. C’est marrant parce que Philippe me l’a dit il n’y a pas si longtemps…

Quoi donc ?

Il m’a dit que je nageais pour moi et aussi étonnant que cela puisse paraître, personne ne me l’avait dit jusqu'alors ! C’est quelque chose qu’il faut que je me réapproprie parce que pour l’instant, c’est un boulet que je traîne. Mais je pense que je vais beaucoup évoluer sur ce plan avec Philippe. Je sais qu’il a aidé beaucoup de filles angoissées comme Laure (Manaudou) ou Federica (Pellegrini) qui, m’a-t-il confié, montait sur un plot de départ avant de redescendre quand elle était trop stressée.

A Abu Dhabi, Adrien Cadot

(Photo : KMSP/Stéphane Kempinaire)

Marie Wattel (8e des demi-finalistes en 52’’59) : « J’ai pris la décision de jouer la demie comme une finale. Je n’avais vraiment pas envie de passer à côté de ça. J’ai tout donné. Le chrono n’est pas top, mais ça suffit pour entrer en finale. Je ne dois pas être la seule à être fatiguée à l’issue de cette année. C’est cool de trouver un peu de plaisir malgré un manque d’endurance certain. Sur un 50 m, je le vois, ça passe, mais c’est dur de tenir le deuxième 50 m. C’est quand même positif pour la suite ! »

 

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