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Charlotte Bonnet est intouchable à Chartres. Sur les championnats de France petit bassin, la Niçoise a conquis son quatrième titre, réalisant le triplé sur les épreuves de brasse avec la victoire et le record de France du 200m brasse à la clé (2'21"34 contre 2'21"55). Une première à 25m depuis... 2010 et les "France" de Chartres où Sophie De Ronchi avait signé tel exploit. Entretien avec la néo-meilleure brasseuse tricolore.

 

Comment te sens-tu après cette victoire, mais surtout ce record de France, le deuxième pour toi cette saison ?

Celui-ci, il fait vraiment plaisir. C'est un record qui date, qui a été fait en combinaison il y a dix ans il me semble. Cela veut dire que dans les dix dernières années, personne n'a nagé si vite et ça me tenait à coeur d'y arriver et de faire un si beau temps. Je trouve ça fort, donc c'est cool.

 

Ça y est, tu es désormais officiellement brasseuse...

C'est tout simple, de toute façon, depuis Rome, je me suis dit que j'ai cette chance, l'opportunité d'avoir ce petit truc en plus qui me permet, sans forcément travailler la brasse, de faire des temps corrects. Donc pourquoi ne pas le travailler et faire des temps encore meilleurs ? Ce relais cet été m'a donné envie d'apporter plus à l'équipe dans les années à venir et d'apporter plus à mon plaisir personnel et mon épanouissement dans les entraînements. J'étais arrivée au bout de quelque chose et pour retrouver du plaisir sur le crawl, il fallait que je prenne du plaisir ailleurs et j'ai cette chance de l'avoir en brasse et au 4 nages, donc je m'éclate.

 

Tu peux donc viser haut avec une belle marge de progression si tu travailles spécifiquement la brasse ?

Je ne m'en rends pas trop compte car je viens de commencer le travail. Je pense que j'ai la progression, mais il faut que je gagne sur la façon dont les filles nagent aussi. Je viens du crawl, ce n'est pas du tout la même chose, je n'ai pas le corps fait pour de la brasse non plus. J'ai de la souplesse, de la force, mais il faut aller encore plus loin. C'est l'objectif avec Philippe (Lucas, son entraîneur), on parlait déjà de faire plus de séries en brasse, d'aller doucement aussi pour ne pas que je me crame. Mais la marge de progression est encore un peu là. Je ne me suis pas mise de barrières, je ne me suis rien fixé. J'ai envie de continuer la brasse, de prendre du plaisir et que ça fonctionne en grand bain. Pourquoi ne pas continuer en février, voire plus. Si j'arrive au bout de quelque chose et que j'ai envie de reprendre le crawl, parce que ça me manque, je reprendrai le crawl. Je n'ai pas envie de me dire : "J'arrêterai là pour reprendre là". Le peu de temps qu'il me reste à nager, parce que ça va aller vite, j'ai envie de prendre du plaisir et de ne pas me fixer d'objectif chronométrique. J'y vais au feeling !

 

Ton entraîneur Philippe Lucas avait dit cet été après les Euro de Rome : "L'important, pour moi, c'est qu'elle soit heureuse". Qu'en penses-tu ?

C'est vrai que ça lui a fait mal au coeur à Rome quand je suis sortie du 200m. J'étais vraiment très très mal, triste et déçue de moi-même. Il m'a dit : "Je ne veux plus te voir comme ça, sinon il faut que tu arrêtes." Pour moi ça a été un déclic. Je ne me suis pas vue arrêter, ça m'a fait du mal qu'il me dise ça et il ne m'a pas récupérée pour me voir comme ça. J'ai envie de me prouver à moi-même, aux gens qui m'entourent et à lui, que je ne suis pas terminée, j'ai 27 ans et j'ai encore des choses à faire. C'est pour ça que le record d'aujourd'hui signifie beaucoup pour moi.

 

Au-delà du record, est-ce que ça te fait du bien mentalement ?

Ça fait du bien et ce ne sont pas des temps qui vont apporter des médailles pour l'instant. Peut-être jamais d'ailleurs, je ne sais pas. Il y a des choses que l'on ne maîtrise pas, mais établir un record de France et un record personnel, ça faisait tellement longtemps que ça ne m'était pas arrivé, c'est pour ça que ça fait du bien.

 

A Chartres, Louis Delvinquière

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