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Le moins que l’on puisse dire – et écrire – c’est qu’elle détonne dans le paysage de la natation française. Après une disqualification douloureuse aux Jeux Olympiques de Rio, Aurélie Muller a pris le temps de se reconstruire en relevant trois challenges, trois défis que plus d’un athlète n’aurait pas osé tutoyer du regard. En février dernier, la Lorraine s’est ainsi classé troisième de la mythique épreuve de Santa Fe (57 km) avant de s’adjuger l’étape de coupe du monde d’Abu Dhabi. « Une surprise », assure-t-elle. Mais cette fille-là a quelque chose en plus. Dans l’eau, évidemment, mais pas seulement. Rien ne semble pouvoir l’abattre ou la détourner des objectifs qu’elle s’est fixés. A Strasbourg, Aurélie a ainsi décidé de s’attaquer au record de France de Laure Manaudou sur 1 500 m nage libre. 16 minutes 03. Un Everest qu’elle aborde avec autant d’humilité que de détermination. Après ça, promis, la boucle est bouclée et la mue opérée.

Comment abordes-tu le troisième et dernier défi de ta saison ?

Je vais faire de mon mieux même si je pense que c’est sans doute le plus dur des trois à relever. J’en ai pris conscience après l’étape de coupe du monde à Abu Dhabi, lorsque j’ai commencé à travailler spécifiquement pour le 1 500 m nage libre des championnats de France de Strasbourg. L’objectif, c’est de nager en-dessous des 16 minutes 15. Si je peux me rapprocher du record de Laure Manaudou (16’03’’01), ce serait vraiment top, mais je sais que ce sera très compliqué.

Malgré tout, tu dois avoir fait le plein de confiance après ta troisième place à la Santa Fe et ta victoire sur l’étape de coupe du monde marathon d’Abu Dhabi ?

Oui, ça m’a mis en confiance, mais le 1 500 mètres de Strasbourg est très différent. Ça n’a absolument rien à voir avec ce que j’ai l’habitude de travailler à l’entraînement. Mais c’est quelque chose que je voulais. Les deux premiers défis m’ont beaucoup apporté sur le plan personnel. J’espère qu’il en sera de même avec le 1 500 m nage libre des championnats de France. Si je suis capable de nager moins de 16 minutes 15, ça va promettre un beau 10 km pour plus tard (sourire)

« Plus tard » c’est les championnats de France de Gravelines ou les Mondiaux de Budapest ?

Gravelines d’abord, où il y aura beaucoup de concurrence. La suite, on verra une fois la qualification en poche. N’allons pas trop vite (sourire)

Malgré tout, lorgnes-tu sur le record de France de Laure Manaudou ?

C’est un énorme défi… 16 minutes 03, ce n’est pas rien… Troisième à Santa Fe, c’était une surprise. Ma victoire à Abu Dhabi m’a également surprise. Pourquoi ne pas me surprendre à nouveau ? Mais ce sera compliqué, très compliqué…

Tu avais été sacrée championne du monde junior du 1 500 m nage libre en 2006 à Rio. As-tu retrouvé tes sensations de bassin ?

Non, pas du tout, et c’est d’ailleurs pour cette raison que cela me perturbe un peu. Depuis 2006, j’ai changé. Je ne suis plus du tout la même nageuse. Et puis je n’ai pas disputé de compétition en bassin depuis une éternité.

En dépit de cette incertitude, qu’attends-tu exactement de ce « retour » en bassin ?

Préparer les championnats de France de Strasbourg m’a d’ores et déjà permis d’étoffer ma base de vitesse. Si je suis capable de nager moins de 16 minutes 15, aucune fille du plateau d’eau libre ne pourra me suivre… En tout cas, pour l’instant (sourire)

Qu’est-ce qui va te poser le plus de problème en bassin : la vitesse pure ou les virages ?

Les deux (rire)… J’ai travaillé mes virages, mais ce n’est pas trop ça. C’est mon point faible. L’enjeu ce sera de tenir l’allure. Mais étrangement, et alors que ce 1 500 mètres ne m’effrayait pas tant que ça en début de saison, là, je trouve que le challenge est vraiment difficile. Pourtant, des trois défis, c’est celui qui vient de moi. Santa Fe, c’était à l’initiative de Stéphane Lecat (responsable de l’eau libre à la FFN, ndlr). Abu Dhabi, c’était une idée de Philippe (Lucas, son entraîneur à Narbonne, ndlr). Comme quoi (sourire)

« Comme quoi » ?

Comme quoi je ne me connais peut-être pas si bien que ça (sourire)… Peut-être que Stéphane et Philippe me connaissent mieux. Ils savent ce dont je suis capable.

Disputeras-tu le 1 500 m nage libre aux Mondiaux de Budapest si tu te qualifies ?

Honnêtement, je ne sais pas. Pour l’instant, toute mon attention est focalisée sur le 10 km des championnats du monde. Je me concentre aussi sur l’épreuve en équipe, où nous avons de réelles chances de médailles, et pourquoi ne pas nager le 5 et le 25 km ?

Dans quel état d’esprit aborderas-tu l’épreuve du 10 km aux Mondiaux ?

Certes j’ai été sacrée en 2015, mais le contexte est très différent. Je n’ai disputé qu’un seul 10 km depuis les Jeux de Rio. Pour moi, l’important cette année, c’était ces trois défis : Santa Fe, Abu Dhabi et le 1 500 m nage libre des championnats de France. Pour le reste, on verra. Moi je veux être forte à Tokyo, pas à Budapest.

Recueilli par A. C.

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