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En eau libre, la traversée de la Manche à la Nage, c’est un peu l’Everest de la natation. Chaque année, il y a beaucoup d’appelés et très peu d’élus. Alors forcément, lorsque l’on a appris que la Française Lauriane Bonnamant allait tenter de relever pareil challenge, nous avons pris contact avec elle afin d’en apprendre d’avantage sur les coulisses de sa préparation.

Comment est née cette idée de traverser la Manche à la nage ?

Je nage depuis toujours. J’étais dans la région Centre, dans le club de l’Aqua-Loisirs Pays Florentais et j’ai ensuite été en Normandie pour le travail. Je me suis rapprochée du club de Cherbourg tout en restant licenciée dans la région Centre. Un Anglais est arrivé dans ce club et avait déjà réussi la traversée de la Manche à la nage en 2005. Étant dans le milieu de la natation et ayant pratiqué l’eau libre, j’avais eu vent de cette traversée et je connaissais l’importance de ce défi. Nous avons sympathisé et il m’a dit que si je souhaitais me lancer il pouvait m’aider dans l’organisation. Et c’était parti !

Avez-vous réalisé d’autres traversées dans le passé ?

En 2005, j’ai participé aux étapes de coupe de France et j’ai nagé au maximum 10 km.

Quel était votre rythme d’entraînement pour préparer cette traversée ?

J’étais déjà plus une nageuse de long donc ça n’a pas changé grand-chose même si nous avons un peu accentué les séances d’entraînement. Il a surtout fallu s’habituer au froid. Toute l’année, j’ai effectué des baignades en mer. J’avais mis aussi une cuve d’eau dans mon jardin et j’allais m’y plonger dedans alors qu’elle était parfois à 4°C. Je ne suis pas frileuse mais il faut malgré tout habituer son corps parce que nous restons un long moment dans l’eau. Pendant deux ans, j’étais à quatre à six entraînements par semaine. Cette année, j’ai diminué le nombre d’entraînements en augmentant la durée de ceux-ci. J’essayais de nager 20 km par semaine.

Comment a réagi votre entourage ?

La première réaction n’a pas été celle attendue de la part de ma famille. Dans un premier temps ils ont eu peur. Ils m’ont posé des questions sur la sécurité. J’ai pris le temps de bien leur expliquer et ensuite, ils m’ont soutenue et m’ont aidé mentalement. Ils ont également essayé de trouver des financements avec moi.

Désormais, les conditions sont-elles toutes réunies pour que la traversée se déroule dans les meilleures conditions ?

Je le fais aussi pour une association, donc plus nous aurons d’argent et plus je pourrai aider cette association. J’ai du monde derrière moi et si je sais que je serai toute seule dans l’eau, ça fait du bien mentalement de savoir que je serai soutenue.

Photo: Lauriane Bonnamant

Pour quelle association réalisez-vous ce défi ?

C’est une association qui s’appelle Asso Debout Ici et Ailleurs qui est à Vierzon, dans le Cher où habite mes parents. Ils viennent en aide à la population de Baria au Sénégal. L’idée de départ était qu’on puisse leur acheter un moteur de pirogue. Ils ont un fleuve à traverser pour se rendre à l’hôpital le plus proche. Ils sont à quatre ou cinq heures à la rame alors qu’avec un moteur il pourrait y aller en trente minutes. Ça pourrait sauver des vies et ça ferait le lien entre ma traversée et leur traversée.

Qui vous accompagnera dans cette aventure ?

Quatre personnes de mon équipe seront sur le bateau pour le ravitaillement et m’encourager. L’Anglais qui m’a aidé dans l’organisation sera sur le bateau parce qu’il connaît les membres de l’organisation et il pourra bien comprendre ce qu’il se passe. Je sais que de moi-même, je n’abandonnerai pas cette traversée, mais en fonction des conditions ils peuvent décider de l’annuler. Au moins, le capitaine ne prendra pas de décision hâtive et il n’y aura pas de quiproquo.

Êtes-vous prête mentalement à aller au bout de ce défi ?

J’ai toujours des questions. Est-ce que je suis assez préparée et est-ce que j’ai tout fait pour y arriver ? J’ai un mental et un caractère qui me permettent d’aller au bout de moi-même lorsque je me lance un défi ou que je suis dans la difficulté. Cette traversée ne sera pas facile. Je pense que je vais crier et pleurer dans l’eau, peut-être m’énerver contre les gens de mon équipe qui seront sur le bateau, mais c’est ma façon de vivre cet événement. J’ai vraiment envie de me surpasser et de prendre confiance en moi.

Quand pensez-vous prendre le départ ?

Entre le 17 et le 27 août. Je ne pense pas nager avant le 19 et ce sera aussi en fonction de la météo.

Allez-vous réaliser cette traversée en combinaison ?

Je nage en maillot de bain classique. Pour être réellement validée, cette traversée doit être faite en maillot classique. Je vais simplement mettre de la graisse sur le corps pour éviter les frottements et résister au froid. Cette année, l’eau est plus chaude. C’est une bonne chose, mais il y aura par contre plus de méduses.

Est-ce ce votre plus grande peur ?

J’ai peur des bêtes. Je sais qu’elles ne sont pas dangereuses mais avant de donner le départ c’est ce qui me fait le plus stressée. Une fois dans l’eau, je ferai avec.

Recueilli par J. C. 

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