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Avant de retrouver les chemins de l’entraînement à Dijon, Pierre-Yves Desprez (multiple finaliste aux championnats de France Elite) s’est lancé un défi : gravir le Mont Blanc. Mission accomplie pour le nageur bourguignon. Récit.

Mardi 1er septembre. Les nageurs d’Éric Rebourg (cadre technique régional) ont déjà retrouvé les bassins dijonnais, aux aurores, après la coupure estivale. Tous sauf Pierre-Yves Desprez. Le dossiste de 24 ans – sept fois en Finale A sur un championnat de France élite (grand bassin et petit bassin confondus) – a prolongé son séjour dans les Alpes où il a passé la saison comme maître-nageur au Club Med de Samoëns. Mais pas question d’oisiveté pour le Réunionnais de l’Alliance Dijon Natation. Avec trois collègues, dont son meilleur pote Charly Dessartine, il s’est fixé un objectif. Sportif. « Le mec qui s’occupait du fitness au club avait mis le Mont Blanc sur sa ‘’To-do-list’’. Jeune et insouciant, on a dit ‘’Ok’’ », rigole celui qui est par ailleurs étudiant en Staps à l’Université de Bourgogne. L’idée germe dans l’esprit des compères. Mais pas question de partir à l’aventure bille en tête. Rapidement, ils prennent contact avec un guide de haute montagne, un spécialiste avec 200 fois le point culminant de l’Europe occidentale à son actif.

(Photo : Rémi Chevrot)

En raison des conditions météorologiques, le départ est repoussé de quelques jours. L’expédition commence finalement ce premier jour de septembre. Le matériel est loué, les derniers conseils distribués. Pour éviter le mal des montagnes et que le sang coagule en altitude, un cachet d’aspirine est avalé et direction la télécabine puis un train pour monter à 2 400 mètres d’altitude. L’aventure peut alors réellement commencer. Deux par cordée en plus du guide. « On ne savait pas ce qui nous attendait, on commence à monter tranquillement la première heure », se rappelle ‘’PY’’. Le pied s’enfonce dans le manteau blanc. Il faut monter des marches de neige de 50 centimètres. Voire un mètre. Parfois, il faut escalader, grimper. Un couloir très étroit et long de 80 mètres est franchi. Le tout dans la bonne humeur. « Au bout de quatre heures et demie, on arrive au refuge à 3 800 mètres. Le guide est étonné car on faisait des blagues », s’amuse le champion de France universitaire 2017 du 50 m dos. Il reste 1 000 mètres de dénivelé pour atteindre le Graal. Mais avant cela, il faut reprendre des forces. Repas vers 18 heures. Début de la nuit à 21 heures dans un dortoir collectif, à l’ancienne, sans eau courante et où les va-et-vient sont légion. « J’ai le sommeil léger, une heure après j’étais réveillé. »

(Photo : D. R.)

Le repos est de courte durée. A 3h50, le petit-déjeuner avalé, il faut repartir. Un de leur compère reste au refuge. Plus de force. Dans le noir, l’équipe reprend son chemin. « Tu marches de nuit, il fait encore plus froid, le vent est plus fort… Le guide ne nous entend plus », sourit Pierre-Yves Desprez. « Plus on marche et plus on voit les lueurs du jour. C’est magnifique. Et tu aperçois enfin le sommet. » Encore quelques efforts, Pierre-Yves Desprez et les siens arrivent au sommet. A 7h10. Le spectacle est grandiose. Malgré les conditions extrêmes (-24°C, vent de 50 km/heure), les compères en prennent plein les yeux. « Ça caille, le vent souffle, ça fait mal, les flocons sont comme des grains de sable qui te fouettent. On est resté six-sept minutes en haut, j’ai encore les images en tête, on a immortalisé ce moment », savoure le sprinteur dijonnais, rapidement rappelé à la réalité par le guide : « Vous êtes contents les gars ? Mais le Mont Blanc ne s’arrête pas là ! Ce qu’on a monté, il faut désormais le redescendre ! »

(Photo : D. R.)

Sur le chemin du retour, Pierre-Yves Desprez grimace un peu plus. Barbe gelée, capuche glacée, le bras en protection, il faut avancer. A un moment même, son pied se dérobe et le nageur se retrouve deux mètres plus bas, la tête dans la poudreuse. « C’est en redescendant qu’on s’est rendu compte du parcours. On s’est dit : ‘’On est vraiment passé par là ?’’ ». Sur le tracé, ils croisent d’autres aventuriers qui partent à l’assaut du géant alpin. Et reçoivent des félicitations envieuses. Après plus de 30 heures sur les sommets et 28 kilomètres parcourus, le défi est relevé. « C’était dur, mais on l’a fait. Sur la soixante de personnes qui étaient avec nous au refuge, une quinzaine est montée en haut en comptant les guides. Un de nos amis est rentré héliporté car brûlé à la cornée. En tout, on a dû voir cinq-six fois l’hélicoptère qui effectuait la liaison montagne-hôpital », rapporte-t-il alors qu’il n’a pas encore accompli la mesure de sa performance. « Je réaliserai peut-être plus tard. C’est une belle expérience qu’on partagera à vie avec Charly. Et puis sur mon CV, j’ai rajouté : ‘’été 2020, ascension du Mont Blanc’’ », conclut-il avant d’aller… nager. Retour à la réalité.

Claire Robert

« La rigueur » de la natation

« Même si c’était l’été, on a quand même une condition physique qui est là. Avec la montre, je surveillais mes pulsations et je n’ai jamais été dans le rouge. Le fait d’être entraîné, mon corps est quand même soumis à 5-6 heures de sport par jour, fait que tu ne pars pas de zéro. Et il y a aussi une dimension mentale. Le deuxième jour, quand tu pars de nuit, ça monte, c’est dur… tu vas chercher des forces ailleurs. La rigueur qu’on a au quotidien aide quand on est dans le dur. »

Chiffre

L’expédition a coûté environ 1 000€ par personne (550€ pour le guide, 200 pour le refuge, 100 pour la location du matériel, 50€ pour les transports, sans oublier la location avant l’expédition).

 

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