Longtemps considérée comme un espoir de l’équipe de France féminine de natation, Fantine Lesaffre a enfin confirmé son immense potentiel en remportant le titre de championne d’Europe du 400 m 4 nages lors de la première finale de la compétition à Glasgow. En 4’34’’17, celle qui s’entraîne à Marseille a fait preuve d’un incroyable sang-froid en gérant sa course à la perfection. Et c’est forcément émue qu’elle s’est présentée devant les journalistes à l’issue de sa course.
À quoi as-tu pensé en touchant le mur en première position ?
C’est énorme ! Plein de choses m’ont traversé l’esprit. J’ai pensé à mon papa, à mes entraîneurs, à tout le travail que j’ai effectué toutes ces années et les dernières semaines qui n’ont pas été toutes roses. Je suis vraiment contente d’avoir réussi et ça prouve que j’ai vraiment ma place au sein de cette équipe de France. Je ne suis pas juste-là pour faire la plante et nager en séries. Je suis très satisfaite de ma performance de ce soir.
Tu as enchaîné de grosses séances de travail notamment lors du stage terminal à Chartres.
Je n’étais pas encore en affûtage et j’avais beaucoup de grosses séances. Je commençais avant tout le monde et je finissais la dernière. Ce n’était pas facile de les voir tous s’affûter et d’être en plein travail, mais je ne regrette pas du tout parce qu’aujourd’hui j’ai la médaille d’or.
Fantine Lesaffre sur la plus haute marche du podium du 400 m 4 nages. (Photo: KMSP/Stéphane Kempinaire)
Qu’est-ce qui a changé dans ta manière d’aborder les courses ?
Depuis 2014 et mon entrée en équipe de France, je réalisais des saisons correctes où je nageais vite mais dès que j’arrivais en compétition internationale, mon stress me jouait des tours. Depuis les Euro de Copenhague en petit bassin en 2017, je prouve que je suis présente pour bien représenter mon pays. J’ai très bien débuté la saison et j’ai de suite été en confiance. Quand je suis arrivée à Copenhague, j’ai vu que je faisais partie des meilleures, même si par chance il manquait quelques filles. Je suis arrivée plus détendue comme si je disputais une compétition normale et non une échéance internationale. C’est ce qui m’a aidée. Je n’ai pas pensé plus que ça à ma course et je n’ai même pas regardé les listes des engagées. Ça m’a permis de réussir aujourd’hui.
Ce matin, tu paraissais déjà surprise de ta performance. Pensais-tu être capable de l’améliorer encore ?
Ce matin, en sortant de l’eau, j’étais vraiment très surprise de ma course parce que j’ai amélioré mon meilleur temps de près de trois secondes mais je savais au fond de moi que rien n’était gagné pour ce soir et que j’avais une réelle carte à jouer. Ce soir, je termine première en améliorant encore de deux secondes le chrono des séries. C’est juste énorme.
Photo: KMSP/Stéphane Kempinaire
Tu as changé de clubs à plusieurs reprises. Cette victoire est-elle celle de la patience ?
Bien sûr. J’ai commencé la natation plus tardivement que d’autres filles. Il a fallu que je mette en place ma technique bien après tout le monde et ça n’a pas été simple. J’étais derrière Charlotte, derrière Lara et d’autres grandes nageuses. J’ai été patiente et aujourd’hui je suis première. C’est vraiment génial. J’en profite pour remercier toutes les personnes qui ont été présents pour moi tout au long de ces années.
Tu as parfaitement géré cette course, sans jamais paniquer.
J’ai fait ma course sans me préoccuper de ce qu’il se passait à côté de moi. Je n’ai pas la même tactique de course que les autres donc j’étais obligée de me focaliser uniquement sur moi. Je suis partie et je ne me suis pas laissée abattre. J’étais un peu stressée malgré tout et je commets des erreurs évitables mais je suis quand même contente.
Photo: KMPS/Stéphane Kempinaire
Ce matin, tes coéquipiers racontaient avoir été motivés par ta performance. Qu’est-ce que cela représente d’ouvrir le compteur tricolore ?
Je suis super contente parce que nous sommes un collectif important, notamment chez les filles et je suis très heureuse d’avoir ramené cette première médaille à l’équipe, surtout qu’elle est en or. Je fais beaucoup de courses tout au long de l’année et j’espère que par la suite tout le monde essaiera de suivre un peu cet exemple.
On a senti beaucoup d’émotions en sortant de l’eau.
À l’arrivée, je ne comprends pas tout de suite ce qu’il se passe. Je vois que je suis première et en levant la tête, je vois Fanny (Deberghes) qui est ma copine et avec qui je partage ma chambre qui pleurait dans les gradins. Ça m’a beaucoup émue. Ensuite, je suis passée en zone d’interview et Mélanie (Henique), ma partenaire d’entraînement est venue jusqu’à moi pour me féliciter. J’ai un peu fondu en larmes parce que c’était la première tête que je voyais et ça m’a vraiment fait plaisir.
Photo: KMSP/Stéphane Kempinaire
Qu’est-ce qui te plait dans le quatre nages ?
À mon avis, peu de personne aime ça. Pour ma part, je trouve ça ennuyeux de faire toujours la même chose. Avec le quatre nages, je peux faire du long, du sprint, l’ensemble des nages et ça m’amuse vraiment.
Au-delà de ce titre, et même si certaines nageuses étaient absentes, le chrono est très intéressant.
Si j’avais gagné en 4’38 ça ne m’aurait pas fait autant plaisir. En 4’34, je montre que je vais pouvoir commencer à me démarquer, à commencer par les Mondiaux l’an prochain. Et pourquoi ne pas accéder à une finale aux Jeux dans deux ans si tout se passe bien. C’est ce qui me fait le plus plaisir. Même si des filles sont absentes, le temps prouve que je mérite ma place et cette médaille.
Recueilli à Glasgow par J. C.