Interview croisée avec Adeline Furst (24 ans, Dauphins Obernai) et Lisa Pou (19 ans, AS Monaco Natation), qui s’apprêtent toutes deux à disputer leur premier grand championnat international en équipe de France eau libre à l’occasion des Euro de Glasgow (8-12 aout 2018).
Vous êtes en stage terminal à l’INSEP avec la délégation Eau Libre qui se déplacera à Glasgow. Comment vous sentez-vous à quelques jours du début des épreuves ?
Adeline Furst : Je me sens bien. Les sensations dans l’eau sont bonnes. Je me sens également forte dans la tête. J’ai enchainé un stage en altitude de trois semaines à Font-Romeu avec l’équipe de France, un bon 800 mètres sur les championnats de France « 16 ans et plus », puis une semaine de travail avec le groupe d’entraînement de Magali Merino à Fontainebleau. Tous les voyants sont au vert.
Lisa Pou : Sur le stage de Font-Romeu, j’ai vraiment eu la sensation de passer un cap en réalisant des temps que je n’avais encore jamais faits à l’entraînement. Ce qui m’a le plus surprise, c’est que j’ai été capable de répéter ces chronos séance après séance. Mi-juillet, aux championnats d’Europe Junior à Malte, je gagne le 10 km, en réalisant une course idéale : j’ai réussi à parfaitement respecter la stratégie que je m’étais fixée au départ, à savoir être réactive, gérer les attaques de mes adversaires. Ce titre m’a donné une grande motivation. Depuis, je ne ressens aucun coup de mou à l’entraînement.
Lisa Pou (à gauche) et Adeline Furst (à droite) (FFN).
Est-ce que cette première sélection chez les A pour un grand championnat international rend l’approche de la compétition particulière ?
Lisa Pou : Je ne l’aborde pas comme les autres compétitions, je ressens un petit stress inhabituel. Parce que je n’ai encore jamais connu le contexte, l’ambiance d’une compétition de cette dimension, la sensation de se retrouver au départ de la course aux côtés des plus grandes nageuses. J’ai déjà disputé des étapes de coupe du monde, mais je pense que c’est encore différent.
Adeline Furst : J’arrive à prendre du recul par rapport à l’évènement. J’ai déjà emmagasiné de l’expérience ces dernières années sur les manches de coupe du monde, j’ai aussi été sélectionnée deux fois pour les Universiades. Au fil des années, on apprend à ne pas se laisser impressionner et à connaître la plupart de nos adversaires au niveau international.
Quels seront vos objectifs personnels sur ces Championnats d’Europe ?
Adeline Furst : Je vais nager le 5 km et le 10 km. Pour le 25 km, je pense que cela dépendra de mon état de fraîcheur en fin de compétition, nous déciderons sur place en fonction des conditions. Mes attentes sont simples : réaliser les meilleures performances possibles, être au top de ma forme le jour J. Je veux sortir de l’eau satisfaite de ma course, à la fois pour moi, mais aussi pour l’équipe de France, pour prouver que nous sommes une grande nation d’eau libre et que les résultats de l’an dernier ne doivent rien au hasard.
Lisa Pou : J’espère maîtriser mon 10 km aussi bien que celui des championnats d’Europe Juniors. Je voudrais rester au contact des meilleures, être présente devant tout au long de la course. Je ne me fixe pas d’objectif de place, je veux terminer satisfaite du déroulé de ma course et prendre de l’expérience.
Stage en altitude en Sierra Nevada (mai 2018), avec Axel Reymond, champion du monde 2017 du 25 km (FFN).
Un mot sur l’ambiance au sein de l’équipe de France. On dit souvent que ce qui fait sa force, c’est son esprit collectif. Quel est votre ressenti sur ce point ?
Lisa Pou : Côtoyer plusieurs fois dans l’année en stages ou en compétitions des nageurs aussi forts, dont plusieurs sont champions du monde, c’est forcément bénéfique pour l’apprentissage du haut niveau. D’autant plus que cela se fait toujours dans un esprit « familial ». Cette très bonne entente permet d’évacuer une partie de la pression et cela joue bien sûr positivement sur la performance.
Adeline Furst : Cette bonne ambiance dans le groupe nous enlève énormément d’appréhension, car on se connaît tous bien, et parfois depuis longtemps. Avec Axel (Reymond, lui aussi né en 1994, ndlr), nous étions déjà en sélection ensemble chez les juniors ! Même si l’atmosphère paraît détendue, tout le monde travaille avec beaucoup de sérieux. Chacun sait pourquoi il est là et ce qu’il a à faire.
Recueilli par Florian Lucas