Battues 20-4 par de surpuissantes Hollandaises, les Françaises avaient la mine des mauvais jours en quittant le bassin des championnats d’Europe de Barcelone. Regards noirs, moues contrariées et soupirs de frustration, les Tricolores n’étaient pas à la fête. Un ressenti partagé par leur entraîneur, Florian Bruzzo, qui entend analyser scrupuleusement les méandres de cette rencontre poussive avant de se projeter sur les quarts de finale.
Que retenir de cette confrontation « compliquée » contre les Pays-Bas ?
La Hollande joue bien. L’organisation est sérieuse, rigoureuse et la circulation du ballon très aboutie. On leur rend des centimètres et des kilos, mais aussi et surtout une expérience du très haut niveau.
Que vas-tu dire aux filles ?
Honnêtement, je ne sais pas encore. Il va falloir regarder les images pour analyser et comprendre ce qui s’est passé. Malgré tout, je ne pense pas que le 6-0 du premier quart reflète notre niveau. C’est dur, mais bon, la balle nous brûle les mains et on prend trop de mauvaises décisions pour espérer autre chose. Il y a l’expérience, mais pas seulement…
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Quoi d’autre alors ?
Nos joueuses doivent s’affirmer. C’est une équipe de jeunes femmes qui ont besoin de trouver leur place, dans l’eau comme dans leur vie… Elles sont encore trop dans l’émotion. Il faut qu’elles grandissent et qu’elles trouvent leur voix, le chemin qu’elles entendent emprunter en tant qu’individu.
C’est presque philosophique.
Non, il ne faut pas exagérer, mais ce qui est sûr, c’est que nos joueuses doivent se poser la question de savoir ce qu’elles veulent… Les Néerlandaises, par exemple, étaient là pour nous détruire et franchement, elles le font très bien. Nous, c’est plus hésitant. On est trop passif. On prend un coup, on s’arrête, l’arbitre siffle, on s’arrête… On n’est pas assez engagé, pas assez à fond, à leur rentrer dedans et à tout donner.
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Comment atteindre cet objectif ?
Il n’y a pas de secret : seul le travail paie ! Pour se confronter aux meilleures nations mondiales, il faut travailler, encore et encore… et continuer de participer aux grandes compétitions internationales. Pour autant, je ne baisse pas les bras. Il y a des solutions et l’Insep en est déjà une, mais ça ne réglera pas tout. Dans le futur, il faut trouver le moyen de produire davantage de joueuses. Il faut que l’on dispose dans les années à venir d’un vivier qui puisse alimenter l’équipe de France.
L’objectif d’une qualification aux Jeux Olympiques de Tokyo en 2020 n’est pas remis en cause ?
Non, absolument pas ! De toute façon, on se doit de viser les Jeux Olympiques. C’est la compétition suprême. En tant que compétiteur, je ne peux décemment pas me projeter vers autre chose.
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En dépit de la frustration et du résultat de ce soir, l’équipe de France est qualifiée pour les quarts de finale des championnats d’Europe.
Oui, mais avant de se projeter sur les quarts, il va falloir analyser cette rencontre pour corriger le tir et améliorer ce qui n’a pas fonctionné. A priori, on jouera contre l’Italie. Ce sera autre chose. La Hollande, c’est très solide alors que le style de jeu des Italiennes nous conviendra mieux, je pense. Mais je ne veux pas me projeter trop vite. Je préfère avancer une période après l’autre en demandant aux filles de s’arracher à chaque fois.
Recueilli à Barcelone par A. C.