Arrivé à Glasgow à court de forme physiquement et touché mentalement, Mehdy Metella a finalement décroché trois médailles. Après le bronze sur 100 m nage libre et l’or avec le relais 4x100 m nage libre mixte, le Guyannais a remporté l’argent du 100 m papillon lors de la dernière journée des Euro écossais. Après une saison si compliquée, le sprinteur tricolore était forcément ravi et, un peu surpris également, d’avoir pu hisser son niveau cette semaine.
Si tu n’avais pas très bien commencé tes championnats, tu les as plutôt bien terminés !
J’ai fini avec la rage et beaucoup d’envie.
Comment expliques-tu tes progrès au fil de la semaine ?
C’était une année vraiment horrible. Je n’aimerais vraiment pas revivre ce genre de saison. J’ai été blessé, malade, j’ai perdu ma tante entre les championnats de France de Saint-Raphaël et l’Open de France de Chartres. Arrivé à Chartres, je ne savais même pas pourquoi j’étais là. Je me suis beaucoup rabaissé lorsque j’étais blessé en me disant que je n’y arriverai pas. J’avais des choses enfouies au fond de moi que je n’arrivais pas à exprimer. Après l’Open de France, je pensais que j’étais mort et que je ne pourrais pas retrouver mon niveau à cause de cette blessure. Mais je ne suis pas quelqu’un qui baisse les bras et mon entraîneur (Julien Jacquier) m’a beaucoup poussé. Parfois, je n’avais pas envie d’aller à l’entraînement et pourtant lors des séances je réalisais de très belles choses. Aujourd’hui, je repars avec trois médailles sans être au top de ma forme et c’est beau.
T’es-tu surpris durant cette compétition ?
Je me suis vraiment surpris. Pour le comprendre, il faut vraiment partager mon quotidien. Mon entraîneur a beaucoup réfléchi et s’est un peu arraché les cheveux. Il m’a dit que si j’arrivais à décrocher une médaille en papillon et une autre en crawl sur ces championnats d’Europe je pouvais être champion olympique dans deux ans. J’ai fait le maximum de mon côté à l’entraînement et aujourd’hui, ce n’est que du bonheur.
Hier, tu confiais avoir des difficultés en papillon à l’issue du relais 4x100 m nage libre et de ta demi-finale du 100 m papillon. Qu’est-ce qui a changé aujourd’hui ?
Je pense que j’ai eu un déclic grâce au titre obtenu sur le relais 4x100 m nage libre mixte (il a nagé 47’’4 départ lancé). J’ai ensuite beaucoup réfléchi, même s’il n’y avait pas beaucoup de temps avant la finale du 100 m papillon.
Photo: KMSP/Stéphane Kempinaire
Comment as-tu abordé cette finale ?
Je me suis dit peu importe le résultat tant que j’appliquais le plan à la lettre. Et finalement je prends la deuxième place. Je voulais vraiment partir sur un bon tempo et lâcher les chevaux après le virage. C’était le dernier 100 m de la saison et je me suis donné les moyens de monter sur le podium.
Tu es donc satisfait de tes championnats finalement.
Oui, j’en suis très content.
De quelle manière Julien Jacquier a-t-il été derrière toi durant cette saison difficile ?
Je le remercie mille fois pour tout ce qu’il a fait pour moi. Si dans deux ans je suis champion olympique, je lui donne ma médaille.
Décrocher une médaille en crawl et en papillon te donne-t-il envie de poursuivre ce double projet ?
C’est mon rêve d’être champion olympique sur les deux épreuves. Je vais tout faire pour.
Recueilli à Glasgow par J. C.
Julien Jacquier, entraîneur de Mehdy Metella : « La compétition est un contexte qui le sublime. Il a su rester sur cette énergie ce soir. Au-delà des blessures, il a connu des moments de doute et de démotivation et on a couru après son poids de forme toute la saison. À un moment donné, j’étais persuadé qu’il ne pourrait pas nager si vite. Mais il a énormément de talent. Tout le monde travaille dur, mais ceux qui touchent devant ont bien souvent ce petit truc en plus. Il en fait partie. »