Aurélie Muller (CN Sarreguemines) dispute à l’occasion de l’épreuve de coupe du monde 10 km d’Abu Dhabi (Emirats arabes unis) sa première compétition de niveau international depuis Budapest 2017 où elle avait remporté deux titres planétaires. Une rentrée à très fort enjeu, puisqu’une place dans le « top 10 » lui permettrait de valider le critère de pré-sélection pour les mondiaux 2019 et de se positionner dans la course à la qualification pour les Jeux Olympiques de 2020.
Comment te sens-tu à trois jours de ce rendez-vous si important dans l’optique des deux saisons à venir ?
Je suis très sereine, je pense vraiment que ça va le faire. Il y a bien sûr un peu de pression par rapport au résultat, mais il en faut. De toute façon, aux Jeux, il faudra être prête le jour J. J’ai fait une bonne reprise avec Philippe Lucas depuis septembre, même si je ne suis pas à 100% physiquement, la caisse est là.
Justement, comment s’est passé ton récent retour dans les bassins d’entrainement ?
L’an dernier, je ne nageais qu’une fois par jour. Le retour à un kilométrage biquotidien important a forcément généré beaucoup de fatigue les premières semaines. La reprise de l’intensité également, j’avais un peu perdu cette sensation de l’« effort qui fait mal ». Mais cela revient vite. Avec Philippe, on ne tarde pas à retrouver le rythme. J’ai volontairement choisi de ne pas trop mettre l’accent sur la récupération pendant cette période, afin que mon corps se réhabitue à la douleur de l’entraînement, avec juste des étirements et un peu de kiné. Après un mois délicat, je réalise de nouveau des chronos intéressants pendant les séries, je suis sur la bonne voie.
(FFN/Florian Lucas)
Qu’est-ce qui te rend si sereine ?
Mon niveau d’entraînement. Et surtout mon expérience. C’est la troisième fois que je suis confrontée à ce difficile système de sélection olympique. C’est un long processus, à plusieurs étapes, qu’il faut savoir appréhender avec tranquillité. J’entends par là savoir rester calme malgré la pression, ne pas se précipiter. En cas de pépin pendant la course, savoir se remobiliser. C’est à cela aussi que doit servir l’expérience.
Quelle sera ta stratégie pour aborder cette course ?
J’ai évidemment deux ou trois plans de course en tête, mais on sait bien que l’eau libre est avant tout une question d’adaptation. Avec l’expérience, j’ai aussi développé des qualités d’observation en course, appris à sentir la dynamique du groupe de tête, à sentir si les filles sont plus nerveuses ou plus agressives que d’habitude, si la course risque de s’emballer tôt. Je vais donc être très vigilante à ce qu’il se passera autour de moi dans le premier tour de deux kilomètres et j’ajusterai ma stratégie en fonction de ce ressenti.
(KMSP/Stéphane Kempinaire)
Après plus d’un an d’absence sur le circuit, tu dois avoir hâte de te confronter de nouveau aux meilleures nageuses mondiales…
La concurrence sera extrêmement relevée, peut-être même plus que sur un championnat du monde, car il n’y a pas de quotas par pays, chaque nation s’est déplacée au grand complet. Le « top 10 » sera très dense, il ne faudra rien lâcher jusqu’à la fin. Cette compétition sera un bon test pour se situer, un bon indicateur de début de saison, même si je ne pense pas qu’il y aura de grosses surprises dans la hiérarchie, les favorites devraient tenir leur rang.
Avec l’ensemble des nageurs de l’équipe de France, vous avez nagé ce matin en mer sur le site de compétition. Quel est ton feeling après cette session d’entraînement ?
Je connais bien ce lieu, c’est sur ce même site que j’avais gagné l’édition 2017, forcément un très bon souvenir. L’eau est raisonnablement chaude (environ 26°C, ndlr), les conditions sont bonnes, même si l’on se passerait bien des méduses !
Recueilli par F. L.
(FFN/Florian Lucas)