C’est à l’occasion des championnats d’Europe de water-polo organisés en juillet 2018 à Barcelone que nous avons rencontré Ana Bastida, responsable du tourisme sportif en Catalogne. Un rendez-vous pris après le rapprochement opéré entre l’office de tourisme de la région espagnole et la Fédération Française de Natation. Une surprise ? Pas vraiment quand on sait que la natation figure au troisième rang des disciplines qui s’invitent le plus souvent sur les terres du peintre Salvador Dali et de l’architecte Antoni Gaudi.
Parlez-nous de votre mission ?
Je suis chargée de promouvoir le tourisme sportif en Catalogne. A ce titre, nous accordons un label officiel qui nous permet de certifier un certain nombre de villes susceptibles d’accueillir des groupes sportifs. Au fil des années, nous nous sommes aperçus que la natation figurait au troisième rang des sports les plus représentés, derrière le cyclisme et le football.
Comment expliquez-vous cet attrait pour la Catalogne ?
La qualité des équipements, leur accessibilité, les capacités de logement et le climat, très favorable pour les entraînements en extérieur, en sont les raisons premières. En Catalogne, on peut nager toute l’année, alors forcément cela peut attirer des pays où la météo est moins clémente.
Riche en histoire, architecture et patrimoine naturel, la ville de Girón est une destination idéale pour la pratique du sport. Elle accueille des infrastructures de qualité pour pratiquer, entre autres disciplines, la natation, l’athlétisme, le cyclisme et le tennis (Office du tourisme de Barcelone).
A quand remonte cette « migration sportive » ?
Les Jeux Olympiques de Barcelone organisés en 1992 ont changé le regard du monde sur notre région. A partir de là, nous avons accueilli de plus en plus de groupes sportifs. L’échéance olympique a également permis de moderniser nombre d’installations, ce qui a bien évidemment favorisé le développement des stages.
Les championnats du monde de natation organisés en 2013 à Barcelone ont-ils également contribué à l’essor des stages aquatiques dans la région ?
Il y a sans doute eu un impact, mais il fut nettement moins marquant que les Jeux Olympiques de 1992. Mais outre les grands événements sportifs, nous avons la chance d’avoir en Catalogne de grandes figures du sport mondial. Je pense notamment à la nageuse Mireia Belmonte (championne olympique 2016 du 200 m papillon et championne du monde 2017 du 200 m papillon, entraînée par le Français Frédéric Vergnoux, ndlr) qui participe régulièrement à des campagnes promotionnelles destinées à faire connaître la Catalogne. Par le passé, nous avons également pu compter sur le soutien de footballeurs du FC Barcelone comme Carles Puyol ou Xavi.
(Office du tourisme de Barcelone).
Les turbulences politiques qui ont agité la Catalogne l’année dernière ont-elles eu un impact sur votre activité (le 27 octobre 2017, la Catalogne avait engagé un « processus constituant » pour se séparer de l'Espagne, ndlr) ?
Non, pas vraiment… Vous savez, nous travaillons dans le tourisme, nous ne faisons pas de politique. En dépit d’articles de presse particulièrement alarmistes, ces événements n’ont eu aucun impact sur notre activité.
Plus concrètement, comment s’est opéré le rapprochement avec la Fédération Française de Natation ?
Pour attirer des clubs et des groupes d’entraînement en Catalogne, nous sollicitions régulièrement les grands prescripteurs internationaux, dont fait partie la Fédération Française de Natation. L’idée, c’est de nouer une relation solide pour mettre en place des échanges qui permettraient notamment de soutenir le développement du tourisme sportif en Catalogne.
CNSClub Natacio Sabadell (Office du tourisme de Barcelone).
Vous parliez précédemment d’un label attribué aux villes susceptibles d’accueillir des groupes d’entraînement. Sur quels critères repose-t-il ?
Les sites doivent disposer d’un bassin olympique de 50 mètres, d’une salle de musculation et d’un spa pour récupérer. Ils doivent également pouvoir héberger des groupes conséquents, offrir des repas répondant aux normes nutritionnelles des athlètes de haut niveau et disposer de la flexibilité propre aux rythmes d’entraînement.
Tous ces sites sont ouverts aux équipes nationales, mais le sont-ils également aux clubs ?
Bien sûr ! D’ailleurs, plusieurs structures privées ont d’ores et déjà pris l’habitude de venir en stage en Catalogne, l’hiver notamment quand les températures baissent sur l’ensemble du continent. Il y a des clubs de natation, mais aussi des groupes de natation synchronisée ou de water-polo, par exemple. De manière générale, la proximité que la Catalogne entretient avec la France favorise ce rapprochement. D’autant plus qu’il est facile d’accéder à notre région, en voiture comme en avion.
Recueilli à Barcelone par A. C.