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Quatrième nageuse tricolore à réussir la traversée de la Manche à la nage en maillot de bain classique, la Cherbourgeoise Lauriane Bonnamant, 33 ans, a même réalisé le sixième meilleur temps tricolore en bouclant les 40 km en onze heures et douze minutes. Une performance exceptionnelle sur laquelle elle a accepté de revenir.

Cette traversée s’est-elle passée comme vous l’aviez prévue ?

Le départ ne s’est pas passé comme prévu puisque j’ai su le matin même que je pouvais réaliser cette traversée. Je suis parti un mardi et le lundi soir nous avions appelé le capitaine du bateau qui nous a confié qu’il y avait 70% de chances qu’on puisse prendre le départ. Il y avait énormément de brouillard et nous avons dû aller au port le jour même pour connaître la décision. Jusqu’à la fin, je pensais ne pas pouvoir partir, même si le brouillard s’est dissipé lorsque nous sommes arrivés au port.

Dans quel état d’esprit étiez-vous ?

Je voulais partir parce que j’étais sur place depuis une semaine et le stress devenait difficile à gérer. Ne sachant pas si j’allais partir, la veille j’étais très angoissée et je n’ai pas beaucoup dormi la nuit. Mais si en arrivant au port on m’avait annoncé que le départ était décalé, ça aurait rajouté du stress et de la fatigue.

Avez-vous rapidement réussi à vous relâcher ?

J’ai mis deux heures à me relâcher. En arrivant au port, il a fallu monter dans un bateau qui nous a conduit jusqu’au départ et j’ai eu le mal de mer. Ensuite je me suis lancée et durant les deux premières heures, j’étais fatiguée et je nageais les yeux fermés. Je les ouvrais uniquement pour respirer et garder le cap avec le bateau. J’étais angoissée et je n’arrivais pas à me mettre dans ma bulle. Le premier ravitaillement s’est bien passé mais je n’ai pas gardé dans le corps les deux suivants. Je savais que je n’abandonnerai pas mais j’avais peur que l’officiel me demande de sortir de l’eau. Finalement, le quatrième ravitaillement s’est bien passé avec une autre boisson. Tout allait mieux. Même si je ressentais une douleur sur l’avant-bras gauche, j’étais préparée à souffrir.

Qu’avez-vous ressenti en touchant le sol français après 11h d’efforts ?

Je pleurais avant même de poser un pied sur la plage. J’avais réussi mon défi et je mettais fin à ces trois années d’entraînement qui ont été très dures mentalement parce que je m’entraînais seule. J’étais très contente même si encore maintenant j’ai dû mal à me rendre compte de l’ampleur de ce défi.

Recueilli par J. C.

 

 

 

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