Après deux années de réflexion, Denis Auguin, 48 ans, a fini par sauter le pas. Début septembre, l’ancien entraîneur d’Alain Bernard, qu’il a mené au titre olympique du 100 m nage libre en 2008 à Pékin, a dirigé à Antibes son premier entraînement depuis 2012. Assisté de Régis Gautier, Auguin, qui reste directeur sportif de la structure antiboise, supervisera un groupe composé de onze nageurs parmi lesquels on retrouve notamment Nans Roch (qualifié pour les Euro de Glasgow sur 200 m papillon), Nicolas D'Oriano, Christophe Brun et Thibaut Mary.
Qu’est-ce qui a motivé cette décision ?
C’est quelque chose qui me trotte dans la tête depuis un moment. J’avais failli franchir le pas il y a deux ans, mais ça ne s’était pas fait. Il était sans doute trop tôt, mais l’envie était de plus en plus présente.
Quel a été le déclic pour y retourner ?
Il n’y a pas eu de déclic. Ça s’est fait progressivement, mais à un moment donné, il a bien fallu que j’arrête de tergiverser et que je prenne une décision. J’ai pesé le pour et le contre et au final, je me suis simplement dit que j’en avais envie et que c’était le bon moment. En tout cas, ce n’est pas une décision que j’ai prise sur un coup de tête. C’est vraiment le fruit d’une longue réflexion.
(KMSP/Stéphane Kempinaire).
Votre rôle au sein de la Direction technique national a-t-il influé sur votre décision ?
La présence de Richard (Martinez) et d’Olivier (Nicolas) n’a eu aucune influence sur mon choix. En revanche, ça m’a un peu freiné parce que je ne voulais pas les prendre par surprise ou les mettre en difficulté. J’avais quand même commencé quelque chose avec eux qui me tenait à cœur. Pour autant, je vais continuer à collaborer avec Richard et Olivier. Sans doute pas de la même manière, mais avec toujours autant de plaisir et d’envie.
Votre décision est-elle liée au « tunnel » que traverse actuellement la natation tricolore ? Avez-vous envie de reconstruire et d’aider l’équipe de France à renouer avec son lustre d’antan ?
Ma décision est égoïste, personnelle dirons-nous… Je reprends donc l’entraînement, c’est maintenant officiel, mais c’est le résultat d’une réflexion de deux années. C’était moi par rapport à moi-même. J’ai décidé en mon âme et conscience sans me préoccuper de la situation des uns et des autres. Je n’ai rien calculé, si ce n’est l’envie de retrouver ce contact privilégié avec les athlètes.
Le moteur, c’était donc l’envie
Oui, ça n’est que ça en fin de compte (sourire)… L’envie de me lever le matin pour aller travailler avec des jeunes gens qui, quoi qu’on en dise, sont exceptionnels dans leur pratique. Ils s’entraînent cinq heures par jour, trois cent jours par an, c’est loin d’être anodin. Voilà ce qui me manquait.
Denis Auguin en compagnie d'Alain Bernard lors des Jeux Olympiques de Londres (KMSP/Stéphane Kempinaire).
Tout au long de votre réflexion, avez-vous pris le temps de consulter des proches, des entraîneurs ou d’anciens nageurs ?
Les gens qui me connaissent savaient depuis un moment que j’étais en réflexion. Pour le reste, oui, j’en ai discuté avec mon épouse, Alain (Bernard) et d’autres personnes, mais ça reste ma décision. C’est vraiment un choix très personnel. A ce titre, je suis content d’avoir pris le temps de mûrir ma réflexion. Je crois sincèrement que ce cheminement est porteur de pas mal de bonnes choses.
Depuis que vous avez mis l’entraînement de côté, au lendemain des Jeux Olympiques de Londres en 2012, vous avez assumé des fonctions très différentes au sein du club d’Antibes et de la Fédération Française de Natation. Vous seront-elles bénéfiques ?
Quand tu es entraîneur, tu as une vision assez figée du fonctionnement d’un club ou d’une fédération. Les expériences qui ont été les miennes ces dernières années m’ont, en effet, permis de mieux appréhender l’environnement de la natation française. Ça a été quelque chose de très enrichissant, de très fort aussi…
Recueilli par A. C.