En s'emparant du bronze sur le highlight, vendredi, derrière Ukraine et Italie, l'équipe de France de natation artistique a ajouté, sur ces championnats d'Europe, une deuxième médaille à sa collection. Laura Gonzalez et Ambre Esnault partagent leurs impressions sur cette épreuve encore récente pour les Bleues.
Laura, Ambre, arrivez-vous à réaliser que la France en est désormais à deux médailles en natation artistique sur ces championnats d'Europe ?
Laura Gonzalez : Je ne réalise pas trop. Je les vois, les médailles, ça fait du bien, mais je n'arrive pas encore à me dire qu'elles sont européennes et qu'elles ont vraiment ce sens-là. Je compare encore aux World Series auxquelles nous avons participé.
Ambre Esnault : Moi, je réalise complètement ! Le fait d'être montées sur le podium, d'avoir les médailles entre les mains, avec plein de photos à l'appui aussi... Je commence vraiment à réaliser. Nous avons les retours des coaches, également. Mais chaque jour, une nouvelle page s'écrit.
Cette épreuve du highlight est nouvelle pour vous. Quelle importance a-t-elle dans votre travail ?
A.E. : C'est une épreuve que nous travaillons un peu moins que les autres. Ce n'est pas une épreuve olympique donc elle prend un peu moins d'importance dans la préparation. Mais elle nous apporte du plaisir, notamment parce qu'elle est plus courte. On peut se permettre beaucoup plus d'effets artistiques, plus de portés. De fait, c'est une épreuve un peu moins difficile qu'une épreuve technique ou libre. Je pense que c'est pareil pour toute l'équipe : nous avons pris plaisir à la nager, hier (vendredi). On regardait les juges, on sentait le public... Ce sont des sensations que l'on peut un peu moins libérer quand on réalise une épreuve technique, par exemple, où il y a des éléments imposés et où il faut rester très focus. Là, on peut lâcher plus de chevaux. Se défouler un peu plus.
L.G. : Je suis carrément d'accord. Le highlight, c'est plus court. Il y a du stress, mais pas le même que sur le ballet libre ou le ballet “tech” puisque ce n'est pas une épreuve olympique. C'est super de l'avoir fait parce que ça permet vraiment de prendre du plaisir.
Qu'est-ce qui a décidé la France à participer à cette épreuve ?
A.E. : La médaille. Tenter d'aller la chercher. C'était un gros challenge parce qu'on avait créé la routine en début d'année dernière mais on ne l'avait plus du tout bossée les six derniers mois. On l'avait lâchée. C'était un vrai challenge, après les Mondiaux, au retour des vacances. On nous l'a proposé et nous étions complètement d'accord. Nous étions prêtes à le relever et nous sommes trop fières de l'avoir fait parce que le travail a payé.
L.G. : Ce n'était pas facile.
A.E. : Ce n'était pas facile, non. C'est du travail en plus. C'était un parti-pris parce que nous perdions un peu de temps sur les autres chorégraphies. Mais ça nous apportait un petit truc en plus.
Est-ce une fenêtre de liberté ?
A.E. : Oui. Un peu.
L.G. : On peut s'y exprimer d'avantage. Lâcher prise.
A.E. : Ça fait, sinon une petite pause dans la compétition, du moins un moment où l'on peut sortir tout ce que l'on a envie de montrer. Ça fait du bien.
Soyons objectifs : en l'absence des Russes, des Biélorusses et de l'Espagne, la médaille est-elle plus facile à aller chercher ?
A.E. : Plus facile, je ne sais pas.
L.G. : C'est sûr que le fait que l'Espagne ne soit pas là sur cette épreuve nous fait gagner une place parce que les Espagnoles sont devant nous pour l'instant. Mais être passées devant les Grecques (à Budapest) et l'avoir confirmé ici, c'est quelque chose. Il faut continuer sur cette lancée pour la finale libre (lundi 15 à 15h).
A.E. : Nous en avons parlé entre nous : l'objectif, ce n'était pas uniquement la médaille, c'était de sortir une vraie performance. Un ballet réussi, avec des portés, de la technique. Si nous avions décroché la médaille en sachant que ce que nous avions présenté n'était pas en corrélation avec ce que nous voulions montrer, nous n'aurions pas été dans le même état.
Ces médailles vous perturbent-elles ?
A.E. : Non, c'est un petit boost chaque jour, qui nous permet de donner encore plus. Les nuits sont assez courtes, en ce moment, mais bon ! On sait pourquoi on le fait !
À Rome, David Lortholary
Photos DeepBlueMedia