Il a fallu grimper assez haut pour pouvoir recueillir le témoignage d’Ambre Esnault après le titre européen décroché par l’équipe de France de natation artistique. La capitaine de l’équipe acrobatique était encore perchée tout en haut de son nuage et n’envisage pas d’en redescendre pour le moment. À la question, somme toute basique, « Ça va ? », la réponse était évidente: « Ça pourrait difficilement aller mieux ». Comment pourrait-il en être autrement alors que les Tricolores ont réalisé un authentique exploit en Pologne ? Médaillées de bronze en équipe technique la veille, Ambre Esnault et ses copines ont cette fois gravi deux marches supplémentaires pour monter tout en haut de la boite sur l’épreuve acrobatique, devant, excusez du peu, l’Ukraine et l’Italie. Interview en haute altitude.
Après la médaille de bronze sur l’équipe technique, quel était votre objectif sur l’épreuve acrobatique ?
Notre objectif était de monter sur le podium, c’est une évidence. Mais on ne s’attendait pas à être sur la plus haute marche. À notre sortie de l’eau, quand on a vu qu’on était premières au classement provisoire, on s’est dit qu’il restait encore deux équipes et qu’il ne fallait pas s’emballer. Mais on était déjà super contentes parce qu’on était devant l’Ukraine. Quand on a eu le résultat final, c’était vraiment une belle surprise.
Peux-tu nous raconter cette attente après votre passage et jusqu’au résultat final ?
Nous sommes retournées au bord du bassin pour se mettre en cercle. Il restait deux équipes, dont l’Italie. On s’est tenues les mains et on attendait les résultats avec impatience. C’était très stressant. On se rassurait en se disant que c’était déjà très bien d’être deuxièmes. Quand on a su qu’on avait gagné, c’était la folie.
Cette saison, la réglementation a énormément évolué. Avez-vous enfin trouvé vos marques ?
Le fait d’avoir disputé plusieurs étapes de coupe du monde nous a vraiment été bénéfique. On a accumulé de l’expérience avec ce nouveau système. On a aussi connu quelques déceptions et on s’est appuyé dessus pour progresser et aller de l’avant. On a travaillé en s’adaptant à cette nouvelle réglementation, ce qui nous a conduit à changer notre façon de faire. On a mis en place des stratégies et aujourd’hui ça a bien marché. On avait vraiment envie de montrer qu’après toutes ces étapes de coupe du monde, on avait compris le fonctionnement et qu’on était capables de réussir de grandes choses.
Quelle était la stratégie aujourd’hui ?
On doit annoncer un niveau de difficulté avant notre passage. Si on en met un très élevé mais qu’on rate un élément on peut descendre assez bas. Il faut donc bien gérer cet aspect pour ne pas être pénalisé. Sur cette compétition on a indiqué un niveau de difficulté suffisamment élevé pour marquer les esprits mais également à notre portée pour faire en sorte de ne pas avoir de pénalité. On a trouvé ce juste milieu.
Photo: Anh Viet Chau
Remporter un titre européen sur le thème des zombies, celui que vous aviez porté pour tenter de décrocher votre qualification olympique il y a deux ans, cela a d’autant plus de sens.
Je trouve que c’est une petite revanche par rapport au Tournoi de Qualification Olympique, même si la chorégraphie n’est plus la même. On a pris énormément de plaisir, c’est d’ailleurs la première chose que l’on a dit en sortant de l’eau. Ça a forcément joué dans la performance.
Que change ce nouveau système de notation dans votre manière d’appréhender la compétition ?
Ça change complètement la donne sur notre manière d’aborder la compétition. En arrivant, on ne se dit pas que si tout se passe bien on va terminer à telle place et qu’on doit simplement faire quelque chose de bien pour être fières de nous. Maintenant, on se dit que notre prestation doit se rapprocher de la perfection pour espérer monter sur le podium. On se dit que désormais, tout est possible.
Quelle place a ce titre européen sur le chemin qui doit vous mener aux JO de Paris ?
Je trouve que c’est important de montrer que la France est forte et qu’elle est capable de remporter des compétitions de cette envergure, surtout à l’approche des Jeux olympiques. C’est très bien qu’on ait réussi à faire ça. C’est très encourageant et ça nous motive encore plus pour la suite. Maintenant, on va être attendues et on va devoir défendre ce titre.
Cela rajoute-t-il de la pression ?
C’est de la bonne pression. On l’a fait une fois, pourquoi pas encore ? Ça va nous tirer vers le haut. Physiquement, on est prêtes. On a un gros boost de motivation pour les Mondiaux de Fukuoka (14-23 juillet) parce qu’on se dit que tout est possible.
Recueilli par Jonathan Cohen