Antoine Grynbaum est journaliste sportif et ancien commentateur sportif sur Canal+. Il est également l’auteur de plusieurs ouvrages dont un best-seller sur Cristiano Ronaldo ou une enquête sur Michel Platini parue chez Grasset en 2014. La rédaction de Natation Magazine s’est entretenue avec lui à l’occasion de la sortie de son nouveau livre intitulé Nos grands champions se souviennent (Amphora). Un trésor de témoignages qui offre une plongée dans l’histoire récente du sport français.
Qu’est-ce qui a initié ce livre ?
Je voulais revisiter les grands moments du sport français de ces dernières années avec tous les plus grands protagonistes qui raconteraient tout de l’intérieur. Je souhaitais des interviews cash, sans langue de bois, avec des questions « poil à gratter » qui traitent de tous les sujets. C’est mission réussie puisqu’on retrouve dans le bouquin des entretiens de Tony Parker, Martin Fourcade, Alexis Pinturault, Tessa Worley, Alain Bernard, Richard Gasquet et bien d’autres. Il y en a une trentaine au total. C’est aussi plus largement une mise en avant du sport français et de ses exploits.
Que nous racontent ces sportifs à travers ces interviews ?
Ils nous racontent de quelle manière ils ont abordé la compétition, quelle a été leur préparation mentale, physique et psychologique. On plonge aussi dans les rivalités qui peuvent survenir dans un vestiaire, dans une équipe, mais aussi les doutes, les angoisses et les célébrations. Le livre est truffé d’anecdotes.
(Crédit : Amphora)
Et y a-t-il avec cet ouvrage une volonté d’aborder sous un autre angle journalistique le sport en France ?
J’ai la sensation que les interviews sont souvent lisses et que les journalistes ont peur de se fâcher avec les personnes qu’ils interrogent. Je ne généralise pas totalement, mais j’avais envie de proposer aux lecteurs quelque chose qui soit différent de ce qu’ils lisent habituellement. Durant ma carrière, j’ai toujours été sans langue de bois par rapport au travail journalistique que j’ai pu faire que ce soit dans les investigations ou les interviews. Nous nous devons de proposer ce genre d’entretiens. L’objectif n’est pas de servir l’eau tiède, mais d’être dans la pertinence.
Parler des moments moins glorieux de la carrière d’un sportif était donc une volonté ?
Bien sûr ! Lorsque Tony Parker raconte que pendant des mois Tim Duncan ne lui disait pas bonjour quand il est arrivé à San Antonio et que son objectif était de gagner son respect, c’est quelque chose d’extrêmement difficile, mais il ne s’en est pas ému. Il a montré que le petit « frenchy » savait jouer au basket. Donc, oui, ce sont des moments de doutes. On regarde le sport de haut niveau avec nos yeux de spectateurs et une impression de facilité alors que ce sont parfois des périodes très difficiles. Il faut parfois s’imposer dans un vestiaire ou une équipe et c’est évidemment intéressant.
(Photo : Antoine Grynbaum)
Avez-vous interviewé des nageurs français ?
Oui ! Alain Bernard a été très intéressant lui aussi. Quand il me raconte l’accident d’hélicoptère (il parle du décès de son amie Camille Muffat survenu le 9 mars 2015 pendant le tournage de l’émission de télé-réalité Dropped, ndlr) auquel il a été confronté et ce que ça a laissé comme trace chez lui sur le plan mental, c’est forcément poignant ! Sur le plan sportif, je voulais savoir de quelle manière il avait construit sa victoire à Pékin (champion olympique du 100 m nage libre). Ce qui est vraiment intéressant, c’est qu’il s’agit d’une évolution année après année, étape par étape. Certains ont un talent inné et arrivent dès leur plus jeune âge à enregistrer des performances, quand d’autres prennent un peu plus de temps. Il a fallu poser les pierres les unes après les autres. Alain explique également de quelle manière il s’y est pris pour parvenir à décrocher cette médaille d’or olympique. J’ai aussi trouvé que c’était un personnage très modeste et très humble alors qu’il est le seul champion olympique français sur 100 m nage libre, l’épreuve reine. Son parcours post-carrière sportive est aussi intéressant. Alain s’investit beaucoup et aide des associations. L’entretien montre qu’il est quelqu’un de construit.
Vous a-t-il parlé de sa relation avec Denis Auguin ?
Il l’évoque peu dans l’entretien, mais pour en avoir beaucoup parlé avec lui, c’était vraiment une relation très forte. Déjà humainement car Alain est quelqu’un qui m’a semblé humain et sincère. J’ai compris que la relation avec son entraîneur était fusionnelle, mais saine et pleine de bienveillance. Alain a toujours eu une confiance totale envers son coach durant cette quête du titre olympique.
(Crédit : Amphora)
Plus largement, à qui s’adresse ce livre ?
A tous les curieux et aux amoureux de sport ! Vous ne trouverez aucun autre livre de la sorte qui réunit tous les champions français de ces dernières années avec des interviews poignantes, fortes, émouvantes, où ils font état de leur souffrance, de leurs angoisses, mais aussi de leurs joies et de leur bonheur. La politique est parfois abordée lors de ces entretiens par rapport à l’injustice à laquelle certains ont été confrontés.
Recueilli par Issam Lachehab
Antoine Grynbaum publiera dans le prochain numéro de Natation Magazine une interview de l’ancien gardien de l’équipe de France de handball, Thierry Omeyer (Crédit : Natation Magazine).
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