Les yeux remplis de larmes et la gorge nouée par l’émotion, Aurélie Muller est revenue sur son incroyable performance sur le 10 km des Mondiaux de Kazan. L’élève de Philippe Lucas a réalisé la course parfaite pour décrocher la première médaille internationale du clan français sur l’épreuve olympique. Le premier titre tricolore dans toute l’histoire de la discipline !
Que ressens-tu après ce titre mondial ?
J’ai vécu une année un peu compliqué, peut-être la plus dure depuis que je suis sportive de haut niveau. J’ai pris la décision de partir six mois au Canada et j’ai eu beaucoup de mal là-bas. Je pense que c’est pour ça que je suis championne du monde aujourd’hui. J’ai galéré pendant six mois avant d’arriver chez Philippe (Lucas) à Narbonne. Il m’a fait confiance, il a cru en moi et j’ai vraiment travaillé comme une dingue pour en arriver là aujourd’hui. C’est la récompense de cette année mais aussi des précédentes. J’ai eu beaucoup d’années compliquées mais j’ai su m’adapter et c’est ce qui m’a permis de décrocher ce titre. En eau libre il faut être capable de répondre à toutes les situations. Aujourd’hui j’ai décidé de prendre les devants à 7,5 km pour prouver que je pouvais gagner et que malgré ces moments difficiles j’étais présente.
Qu’est-ce qui n’allait pas au Canada ?
L’entraînement ne me convenait pas trop, ce n’était pas mon mode de fonctionnement et j’avais du mal à passer à une méthode radicalement différente de ce que j’avais connu auparavant. Malgré ça mon entraîneur m’a toujours soutenue et m’a appris énormément de choses au niveau de la gestion de la course, des ravitaillements.
Pourquoi avoir choisi de venir t’entraîner avec Philippe Lucas ?
Il n’y a pas beaucoup d’entraîneur de demi-fond en France et Philippe a tout de suite accepté de m’accueillir. Je suis vraiment très très contente de mon choix. Avec Philippe, j’ai vraiment souffert mais j’ai également pris énormément de plaisir. Il m’a rendue plus forte mentalement. Je n’avais pas confiance en moi après toutes ces années et il m’a permis d’y croire à nouveau.
Tu as placé une grosse accélération à 7,5 km. Etait-ce prévu ?
Dans ma tête c’était instinctif. Je n’avais pas forcément prévu d’accélérer à ce moment-là avant la course. Mais j’ai vu qu’en passant le portique j’étais bien et j’ai pris la décision de partir très rapidement. Malgré ça, j’avais tout le temps peur, il me restait un tour (2,5 km) et je me disais qu’elles allaient revenir donc j’en remettais tout le temps un peu plus. Dans le chenal, je me suis dit que je ne devais plus lâcher.
Avec ce titre, tu décroches la première médaille française de l’histoire sur 10 km et la première en or toutes distances confondues. Réalises-tu la portée de ton exploit ?
Non, je ne m’en rends pas vraiment compte ! Après, comme me l’avait dit Stéphane (Lecat, directeur de la discipline à la FFN), je n’étais pas venue à Kazan pour enfiler les perles (rires). Le premier objectif était de me qualifier pour les Jeux Olympiques et j’avais également le podium dans un coin de ma tête. Avant le début de la course je me sentais bien et je savais que j’avais les moyens de réaliser quelque chose de sympa. Mais je ne me rends pas trop compte que je suis championne du monde du 10 km. Ce n’est qu’une étape. Ce qui m’importe désormais, c’est l’année prochaine, les Jeux Olympiques. Je vais être la favorite donc il va vraiment falloir travailler à fond avec Philippe pendant un an. Il y a Sharon à côté de moi, on s’entraîne ensemble donc ça va vraiment être une année de folie où on va s’entraîner toutes les deux très durs.
J . C. (Avec AFP)