Cela aurait pu être la belle histoire des championnats de France de Chartres (15-20 juin), mais le sport de haut niveau a ses raisons que la passion ignore. Après une disqualification aux JO de Rio en 2016, puis la déception d’une onzième place sur le 10 km des championnats du monde de Gwangju synonyme de non qualification pour les Jeux de Tokyo, Aurélie Muller avait fait le pari du bassin pour atteindre son rêve olympique et se réconcilier avec une compétition qui n’a jamais été tendre avec elle. C’est à Nice, chez Fabrice Pellerin qu’elle a tenté de relever ce challenge avant de bifurquer chez Magali Mérino (coache d'Axel Reymond en région parisienne, ndlr), il y a trois mois. Dans l’Eure-et-Loir, il ne lui aura manqué qu’une seconde et quarante-cinq centièmes pour réussir l’impossible. C’est à la force de caractère que se distingue les championnes. Nul doute que la Sarregueminoise en a fait la démonstration ce soir (mercredi 16 juin) en finale d’un 1 500 m nage libre dont elle est sortie victorieuse (record personnel en 16’22’’66, mais critère de sélection olympique à 16’21’’21).
Tu as lâché un gros « M…. » à l’arrivée…
Bah ouais, évidemment, parce que je la voulais ma qualification. Il y avait de la frustration, mais en même temps je suis super contente d’avoir nagé mon meilleur temps (16’22’’66, record personnel). J’ai fait ça en trois mois. Je remercie tous les gens qui m’ont soutenu pendant cette période. Pour moi, l’environnement est fondamental. Sans cela, je ne m’épanouis pas.
N’est-ce pas aussi la preuve que ton projet de reconversion en bassin après une brillante carrière en eau libre était bel et bien censé.
Bien sûr qu’il l’était et je vais continuer sur cette lancée tout en me remettant à l’eau libre, même s’il est toujours difficile de mener ces deux disciplines de front. Mais je suis sur le bon chemin. Et puis, comme on peut le voir chez les garçons, en nageant vite en bassin, on performe en eau libre. Pour moi, c’est la clé !
(KMSP/Stéphane Kempinaire)
Le départ de Nice à trois mois des championnats de France de Chartres était donc une bonne chose.
Oui, je n’étais pas sur le bon chemin là-bas, même si j’ai appris beaucoup de choses. Et puis, j’en avais besoin. Besoin de voir autre chose, de couper avec ce que j’avais connu. Je ne remets pas en cause la méthode de Fabrice (Pellerin), mais ça ne m’a pas convenu. Je suis une athlète de 31 ans. J’ai de l’expérience et un palmarès et surtout besoin de communiquer.
(KMSP/Stéphane Kempinaire)
A quoi va ressembler ton été désormais ?
Je vais prendre un peu de repos parce que ça fait trois mois que je carbure. Je vais ensuite essayer de disputer des épreuves d’eau libre avant de relancer en septembre sur un nouveau projet tourné vers Paris 2024 avec l’idée de ramener une médaille.
Ton histoire avec les Jeux est décidément compliquée.
Oui, c’est vrai, mais c’est aussi ce qui la rend belle. Moi, j’ai besoin de challenge. Je l’ai encore prouvé aujourd’hui. On verra bien si ça finit par me sourire.
Recueilli à Chartres par Adrien Cadot
(KMSP/Stéphane Kempinaire)