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C’est à croire que cette fille-là est faite d’un alliage rare et précieux dont seuls les alchimistes les plus chevronnés connaissent le secret. Le sien est bien gardé. Il est, en effet, peu probable que l’on assiste à pareille démonstration de force dans les années à venir. A 26 ans, Aurélie Muller vient d’atteindre un pic de sa longue carrière (elle était déjà vice-championne du monde du 5 km à Shanghai en 2011, ndlr). En Hongrie, la Lorraine aura raflé deux médailles d’or (10 km, relais mixte), une médaille d’argent (5 km) et une huitième place sur l’épreuve du 25 km (5h28'25''3) à l’issue de laquelle nous l’avons rencontrée.

Aurélie, comment te sens-tu ?

C’était une course compliquée après une longue semaine de compétition, mais je n’ai rien lâché. Je ne voulais pas abandonner. De toute façon, il n’en était pas question, même si les deux derniers tours ont été très difficiles. Mais bon, je me suis régalée. J’ai fait de petites accélérations pour essayer de fatiguer les filles. Je m’éclatais dans mon milieu, mais j’ai su dès le début de la course que ce serait très dur. Hier, j’ai tout donné pour le relais. En termes d’émotions, c’était fort ! Hier soir, j’étais très fatiguée. Le plus important, c’est d’avoir fini la course.

Comment analyses-tu ta semaine hongroise ?

Elle est très largement au-dessus de mes attentes. Il y a mes médailles, mais il y aussi celles de Marco (Marc-Antoine Olivier, ndlr), la victoire du relais et celle d’Axel (Reymond) sur 25 km. Nous venons de vivre une semaine historique !

Quelles étaient tes ambitions en arrivant ?

Mon objectif, c’était de signer mes meilleures performances, mais je n’avais absolument pas imaginé pareil bilan.

(KMSP/Stéphane Kempinaire)

A-t-il été difficile de se remobiliser pour le 25 km après la victoire du relais mixte ?

Le relais m’a pris beaucoup d’énergie, alors oui, c’était usant. Hier, par exemple, je ne savais même plus combien de médailles nous avions remporté (sourire)… Il y a un moment où on ne se rend plus bien compte de ce que l’on est en train de vivre.

Tu es arrivée en Hongrie en affirmant que tu n’étais habitée par aucun sentiment de revanche. Qu’est-ce qui domine à l’heure de clore tes championnats du monde ?

Je suis reboostée ! Oui, c’est vraiment le mot. Je me sens également sereine, autant dans ma vie que dans le travail. Cette année, j’ai eu beau travailler différemment avec Philippe (Lucas, son entraîneur, ndlr) et l’équipe de France, tout a été fait en intelligence. J’ai beaucoup de confiance dans les gens qui m’entourent et beaucoup de confiance en moi aussi, forcément.

(KMSP/Stéphane Kempinaire)

Pendant le 25 km, on t’a vu échangé avec Lara (Grangeon, également engagée sur l’épreuve, ndlr). De quoi avez-vous parlé ?

Les deux premiers tours, on se sentait vraiment bien. A un moment, j’ai eu peur d’être sur un mauvais rythme, alors avec Lara on s’est dit qu’on allait partir. On a essayé une fois, mais les filles tenaient. On a arrêté, puis on a recommencé, mais ça n’a pas fonctionné.

Comment fait-on pour tenir pendant cinq heures ?

Le 25 km, c’est d’abord et avant tout un combat mental. Dans les deux derniers tours, j’étais cramée, mais il fallait tenir. Dans ces cas-là, il faut penser aux moments difficiles que tu as vécu, mais aussi aux bons moments.

Recueilli à Budapest par A. C.

 

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