La Fédération Française de Natation avec le soutien de la Mairie de Paris organise le samedi 2 octobre la première édition de la swimXperience, épreuve de natation avec obstacles qui se déroulera dans les eaux du Canal Saint-Martin, à Paris. Raphaël Rieumal, responsable des événements à la FFN, nous présente la genèse et les enjeux de ce rendez-vous aquatique aussi improbable qu’insolite.
En guise d’introduction, peut-on dire que c’est la première fois que l’institution fédérale organise un événement sportif fun ?
A ma connaissance c’est, en effet, la première fois que la Fédération sort du cadre purement sportif pour proposer un événement sport-loisir récréatif à destination du grand public.
Cette démarche s’inscrit-elle dans la lignée des circuits de l’EDF Aqua Challenge (eau libre) et du Water-Polo Summer Tour (water-polo) organisés depuis quelques années par la FFN ?
La pratique outdoor est similaire, mais la dynamique est différente ! Avec la swimXperience, nous ne sommes plus dans une pratique classique de l’eau libre ou du water-polo. Là, il s’agit à proprement parler d’une nouvelle pratique. Bien sûr, la base du parcours repose sur la natation, mais il n’y a pas que ça (sourire)…
Cette nouvelle pratique, comme vous le dîtes, peut-elle être considérée comme l’héritière des grandes traversées urbaines jalonnées d’obstacles organisées au début du XXe siècle ?
Sur l’originalité, ça ne fait aucun doute, mais il faut davantage associer la swimXperience aux pratiques undergrounds de notre époque. Aujourd’hui, des citadins sont en quête de sensations fortes et insolites. Certains d’entre eux nagent ainsi dans des espaces interdits, comme c’est notamment le cas dans les souterrains parisiens ou dans la Seine. Les municipalités tendent de plus en plus à encadrer ces pratiques parce qu’elles mesurent bien l’intérêt qu’elles suscitent chez les jeunes.
Doit-on en déduire que la swimXperience est une sorte de « parkour (*) aquatique » ?
Complétement ! C’est d’ailleurs pour cette raison que la charte graphique et la stratégie de communication ont été orientées vers un public jeune et underground. Nous n’inventons toutefois rien ! Il existe, en effet, des épreuves de natation à obstacles en France et à l’étranger, comme celle qu’organise, par exemple, Red Bull à Glasgow (Red Bull Neptune Steps). Reste que la Fédération Française de Natation est bel et bien la première à l’organiser dans l’un des plus prestigieux sites touristiques de la capitale.
Parlez-nous maintenant de la genèse du projet. Comment l’idée est-elle née et combien de temps vous a-t-il fallu pour la concrétiser ?
Cela aura pris cinq ans ! Pour l’anecdote, c’est en soumettant ce projet à la FFN que j’ai fini par être recruté par l’institution fédérale (sourire)… Au départ, je voulais organiser cet événement avec l’association que je préside encore aujourd’hui (Sport Solutions). Dans cette perspective, j’ai eu l’opportunité de rencontrer l’équipe dirigeante de la fédération pour leur présenter le projet. Ils ont immédiatement adhéré et m’ont proposé de le défendre au nom de la FFN.
Cinq ans, c’est long ! Pourquoi cela a-t-il pris autant de temps ?
La crise sanitaire a bousculé nos plans. Il a fallu repousser l’échéance. Et puis, il a fallu convaincre la municipalité de Paris et les autorités et veiller à ce que la sécurité et les conditions de baignade soient optimales. Sans compter que le canal Saint-Martin est emprunté tous les jours par des bateaux et des péniches touristiques. Cela nécessite des arrêts de navigation. La date en octobre s’explique aussi pour cela : la fréquentation touristique diminue fortement à cette période de l’année !
De quelle manière la Mairie de Paris a-t-elle accueilli le projet ?
Politiquement, la swimXperience a fait rapidement l’unanimité ! Ce sont davantage les services techniques de la Ville de Paris qui se sont plus précisément penché sur notre dossier. Il faut dire qu’il y avait de nombreux obstacles à franchir, à commencer par les écluses dont certaines sont équipées de trappes souterraines d’évacuation des eaux qui peuvent aspirer des nageurs. Techniquement, il a fallu se concerter pour trouver le site idéal. Le parcours a d’ailleurs été modelé en fonction de ces impératifs.
S’agit-il d’un « one-shot » ou prévoyez-vous d’ores et déjà de pérenniser l’événement ?
La Ville de Paris pousse pour que ce genre de manifestation se multiplie jusqu’aux Jeux de 2024 parce que la capitale doit dans ce laps de temps devenir la vitrine des sports indoor et outdoor. Il va sans dire que l’événement s’inscrit aussi dans les objectifs gouvernementaux de sport-santé.
Rentrons, à présent, dans le détail de l’événement. La swimXperience est une épreuve de 650 mètres de natation - ce qui pour les amateurs de longueurs de bassin ne représente pas une distance insurmontable – jalonnée de quatre obstacles. Pouvez-vous nous les présenter ?
La distance totale peut, en effet, paraître « réduite » pour un nageur confirmé, mais là où ça se corse, c’est qu’il faudra négocier quatre obstacles d’une hauteur de trois mètres qui vont obliger les nageurs à sortir de leur horizontalité. Le premier obstacle est un mur équipé d’échelles militaires. Le second est une passerelle à traverser en courant, en l’occurrence la Passerelle Richerand qui est classée monument historique. Le troisième obstacle est un mur d’escalade, probablement le plus difficile à franchir car il impose de se servir uniquement du haut du corps pour s’extirper du canal. Vient enfin un sprint sur tapis de 100 mètres avant un plongeon et un nouveau sprint de 150 mètres, dans l’eau cette fois, jusqu’à l’arche d’arrivée.
Comment les départs vont-ils s’échelonner ?
Les nageurs partiront par groupe de quinze répartis par sexe. Après les phases de qualification suivront les quarts de finale, puis les demi-finales le samedi 2 octobre avant les finales le dimanche 3 octobre sur le même parcours. Comme vous pouvez le constater, cela imposera des répétitions d’efforts aux concurrents qui passeront plusieurs tours. Au total, nous pourrons accueillir jusqu’à 450 participants et il y a de fortes chances que la combinaison soit obligatoire.
Qu’en est-il de la salubrité de l’eau ?
Des tests sont réalisés toutes les semaines pour notre événement, mais il faut savoir que la Ville de Paris en organise toutes les deux ou trois semaines. Aujourd’hui, le Canal Saint-Martin, le bassin de la Villette et le Canal de l’Ourcq sont baignables. Baignable ne veut toutefois pas dire sans risque (ça dépend des jours) et que s’est autorisé. La baignade dans le bassin de la Villette est autorisée dans un cadre précis d’organisation, de sécurité et de surveillance de la qualité de l’eau. Autorisation qu’il faut renouveler chaque année en lien avec l’ARS. Même si globalement la qualité bactériologique de l’eau s’est améliorée et qu’on peut envisager d’ouvrir de nouveaux sites de baignade, sous certaines conditions techniques et réglementaires (il faut notamment justifier d’une qualité d’eau suffisante pour la baignade sur quatre années consécutives), elle varie de jours en jours et les conditions sanitaires ne sont donc pas toujours réunies.
Recueilli par Adrien Cadot
(*) Le parkour (PK), ou art du déplacement (ADD), est une discipline sportive acrobatique qui consiste à franchir des obstacles urbains ou naturels, par des mouvements rapides et agiles (course à pied, sauts, gestes d'escalade, déplacements en équilibre, etc.) et sans l'aide de matériel.
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