C’est une Béryl Gastaldello (26 ans) émue, peinant à retenir ses larmes, qui s’est présentée à nous en zone mixte après sa finale du 100 m 4 nages conclue par une deuxième place synonyme de médaille d’argent (57’’96 contre 57’’80 à l’Israélienne Anastasia Gorbenko, médaillée d’or). La première de l’équipe de France aux championnats du monde d’Abu Dhabi (16-21 décembre). Une Béryl Gastaldello émue donc, mais surtout frustrée d’avoir laissé l’or lui échapper après une faute sur son virage de brasse et une fatigue persistante résultant d’une année aussi éprouvante que chargée.
Béryl, on te sent un peu frustrée, non ?
Je pensais que j’allais gagner (elle soupire)… Je ne sais même pas pourquoi je n’arrive pas à être contente. Je devrais pourtant, mais je voulais vraiment monter sur la plus haute marche du podium. J’ai passé une année tellement difficile, mais j’ai fait une grosse erreur sur mon virage de brasse. J’ai mis trop de temps à le faire…
Que s’est-il passé ? S’agit-il d’une faute technique ?
C’est une erreur bête, mais je suis vidée, totalement exténuée (elle renifle)... J’ai fait ce que je pouvais avec les moyens du bord. Mais, moi, je voulais gagner. Je suis déçue, en fait. Désolé de réagir comme ça, mais j’avais vraiment envie de décocher cette médaille d’or.
(Photo : KMSP/Stéphane Kempinaire)
L’argent ce n’est pas si mal et puis tu ouvres le compteur de l’équipe de France. Ça compte quand même ?
Oui, c’est sûr, mais j’ai passé une année beaucoup trop difficile pour me contenter de ça (elle soupire)…
Tu t’es longuement entretenue avec ton entraîneur Coley Stickels à l’issue de ta finale. Que t’a-t-il dit ?
Il est fier de moi parce qu’il sait ce qui s’est passé…
Quand ?
Cette nuit, j’ai été malade. J’ai même cru que j’avais le Covid parce que j’avais de la fièvre. Mais je ne me cherche pas d’excuses. Ça n’a pas été simple de revenir à la compétition après la nuit que j’ai passée, mais je me suis accrochée. Ça reste ma première médaille individuelle, mais je sais que je suis capable de nager plus vite que ça. Anastasia (Gorbenko, Israël, championne du monde du 100 m 4 nages), c’est quelqu’un que je bats tout le temps à l’ISL, donc c’est un peu dur d’être derrière elle ce soir (dimanche 19 décembre).
(Photo : KMSP/Stéphane Kempinaire)
Ça reste malgré tout ta première médaille individuelle sur la scène mondiale.
Oui, c’est vrai, mais je m’imaginais tellement toucher le mur, regarder la lumière s’allumer sur le plot, me retourner et… Je sais que mes proches sont fières de moi. Je suis sûre que ma mère a regardé la course et qu’elle est heureuse, mais je voulais tellement gagner !
N’as-tu justement pas trop « anticipé » cette finale ?
Non, je ne crois pas ! Il y a cette faute technique, mais je suis surtout vidée. Ça reste une médaille, évidemment, mais elle me laisse un petit goût amer. Désolé, peut-être que ça semble bizarre, mais je suis venue aux Mondiaux d’Abu Dhabi pour jouer des titres. Là, c’est un peu frustrant. Il va falloir que je passe à autre chose.
A Abu Dhabi, Adrien Cadot
(Photo : KMSP/Stéphane Kempinaire)