Les Jeux Olympiques de Rio ont marqué la fin d’une époque. Avec eux, toute une génération de nageurs a tiré sa révérence. Ainsi, Florent Manaudou (parenthèse handballistique), Yannick Agnel, Fabien Gilot, Coralie Balmy, Grégory Mallet, William Meynard, Ophélie-Cyrielle Etienne et Giacomo Perez-Dortona ne porteront plus le bonnet tricolore. Il va sans dire que leur absence pèsera de tout son poids. Pourtant, comme l’assène Stéphane Lecat, ancien directeur de la natation olympique, concentré à présent sur l’eau libre : « Il y a plein de bons jeunes en équipe de France. Il faut le dire, l’écrire et faire comprendre à nos supporters que tous les talents n’ont pas disparu ». A défaut de le clamer à s’en déchirer les cordes vocales, nous avons décidé de consacrer six portraits à de jeunes nageurs engagés dans le plan « Gavroche 2024 ». Aujourd’hui, Camille Wishaupt, la détermination incarnée.
« T’es petite, t’es légère, tu feras du papillon ! » Si David Zumbiehl et Guillaume Strohmeyer, ses premiers mentors au Mulhouse Olympic Natation où elle était licenciée jusqu’en juillet 2016, lui ont présenté la chose de cette façon, il est clair que Camille Wishaupt possédait aussi de belles prédispositions pour le « pap ». Et en particulier pour le 200 mètres où la technicité doit s’allier à l’endurance, voire à l’abnégation. Des qualités que la jeune Alsacienne a su également développer en côtoyant celle qui fut la reine incontestée de la discipline pendant de nombreuses années, Aurore Mongel. « Quand elle était encore à Mulhouse, j’étais jeune, mais j’avais l’occasion de la voir nager tous les jours. Quand elle est partie à Strasbourg, je me suis retrouvée à disputer les interclubs contre elle. C’était mon idole », reconnaît d’ailleurs celle qui a choisi de rejoindre Philippe Lucas à la rentrée pour donner un nouvel élan à sa prometteuse carrière. Médaillée de bronze à la Comen 2012 sur 200 m papillon, Camille a accumulé les sélections depuis cette première apparition en Bleu. Demi-finaliste (sur 200 m « pap » évidemment) des championnats d’Europe juniors en 2013, finaliste l’année suivante dans cette même compétition, présente aux JOJE en Chine la même saison, la nouvelle sociétaire de Montpellier Métropole Natation a parallèlement fait partie des différents collectifs préparant la relève tricolore. Déjà membre du projet « Objectif Tokyo 2020 », elle a intégré plus récemment « Gavroche 2024 » dont elle se plaît à assurer la promotion chaque fois qu’elle en a l’occasion. « C’est très bien de se regrouper régulièrement entre nageurs de clubs différents. Surtout pour ceux qui n’ont pas beaucoup d’expérience en équipe de France. C’est aussi l’occasion non seulement de participer à des compétitions internationales comme ça a été le cas pour quelques-uns d’entre nous avec les coupes du monde de Tokyo et Hong-Kong en octobre dernier, mais aussi de continuer à parfaire notre technique. Moi, ça me permet de rectifier des choses que je sais, mais que je ne fais pas à l’entraînement habituellement parce que je manque de temps. Par exemple dans mes coulées où j’ai tendance à trop relever la tête. » Forte de cette expérience et du travail accompli au quotidien avec Philippe Lucas, Camille sait cependant que le chemin à parcourir pour atteindre le haut niveau international est encore long. « Je ne m’attends pas à de grosses perfs cette année. Depuis mon arrivée à Narbonne (avec Philippe Lucas), je fais beaucoup de kilomètres. Pour le 200 m papillon, c’est nécessaire. Il faut avoir de la caisse, mais il faut que je digère tout ça. J’espère malgré tout pouvoir me qualifier pour les Jeux Méditerranéens et les Universiades ». Car - et ce n’est pas la dernière des qualités de l’Alsacienne - elle est aussi étudiante en première année de Droit après avoir obtenu l’année dernière un Bac S avec mention Bien.
Jean-Pierre Chafes