Le rendez-vous était fixé dans le restaurant d’un hôtel quatre étoiles du très chic huitième arrondissement parisien. Alors qu’il vient de terminer un déjeuner avec la presse régionale, Camille Lacourt a accepté de nous accorder une heure de son temps précieux en cette période de promotion de son ouvrage Cinquante nuances de bleu (éditions Michel Lafon). Ses débuts dans la natation, le plaisir qui a toujours guidé sa carrière, ses blessures physiques et mentales, ses titres européens et mondiaux, le grand blond au regard bleu azur a joué la carte de la sincérité. Comme dans sa biographie, il se livre à cœur ouvert.
Comment est née l’idée de cette biographie ?
En 2016, quelques maisons d’éditions s’étaient déjà rapprochées de moi, mais je n’avais pas trop donné suite. L’envie de me raconter s’est installée progressivement. Je me suis dit que mon parcours pouvait être intéressant parce que tout n’a pas été évident. J’avais également envie de laisser une trace pour les futures générations. Avec ma retraite sportive, un chapitre s’était refermé. C’était donc le bon moment pour raconter mon parcours.
Dès le début de l’ouvrage tu parles de ton attirance pour l’eau. As-tu le sentiment d’avoir toujours aimé ça ?
J’ai toujours aimé l’eau ! Je l’ai répété à plusieurs reprises. J’adore la manière dont est retranscrit dans le livre ma relation avec l’élément aquatique et ce monde du silence. Aujourd’hui encore, j’aime ça même si je l’éprouve en pratiquant d’autres disciplines comme le surf ou la plongée.
A ce sujet, tu répètes souvent que tu aimerais transmettre aux plus jeunes cette notion de plaisir.
Le plaisir a toujours guidé ma carrière, même lorsque j’ai commencé à évoluer au plus haut niveau. J’ai toujours considéré qu’il était primordial de garder son instinct d’enfant. C’est ce que je me suis employé à faire tout au long de ma carrière. J’ai toujours été là pour « faire la bagarre ». J’aime bien cette expression. En compétition, on était huit dans le bassin et le but du jeu, c’était de toucher devant. Je me suis tellement amusé à batailler avec Jérémy (Stravius) ou avec Benjamin (Stasiulis) pendant des meetings nationaux ou avec l’Américain Matt Grevers (champion olympique du 100 m dos lors des Jeux de Londres en 2012, ndlr) sur les plus grandes compétitions.
Ce plaisir que tu revendiques ouvertement ne t’a toutefois jamais empêché d’être un compétiteur acharné. Ressentais-tu une haine de la défaite ?
C’est clair que je n’ai jamais aimé perdre ! Aujourd’hui encore, quand je joue au Uno avec ma fille et qu’elle me bat, ça m’agace (rires)... En compétition, le but c’était de se donner à 100% pour ne rien regretter ! Il m’est parfois arrivé de commettre des erreurs, comme ce fut notamment le cas lors de ma première compétition à 13 ans (Coupe Alex Jany, il représentait les Pyrénées Orientales, ndlr). J’avais été disqualifié pour une coulée non conforme. Par la suite, je me suis toujours efforcé de corriger le tir et de ne plus reproduire cette erreur. Je me souviens de cet échec, c’était tellement rageant !
On sent, en effet, que ce souvenir est encore très vivace dans ton esprit. De quelle manière t’a-t-il été bénéfique ?
Je pense que cela m’a aidé à mûrir et à grandir comme homme et comme nageur. Non seulement je ne voulais plus commettre cette erreur, mais en plus, je ne voulais plus revivre une semaine aussi pénible où rien ne s’était déroulé comme prévu. Je suis devenu beaucoup plus fataliste après ça. Peut-être pas du jour au lendemain, mais tous ces événements mis bout à bout m’ont permis d’avancer.
Camille Lacourt lors des Jeux Olympiques de Rio en 2016 (KMSP/Stéphane Kempinaire).
La devise de « performance par le plaisir » prônée par le Cercle des Nageurs de Marseille semblait faite pour toi.
C’est la philosophie de ma vie et malgré les « cinq cent balles et un appart’ » je savais que je devais rejoindre le CNM. Je ne voulais pas être exploité pour autant ni demander de l’argent à mes parents. Mais déjà en 2008, alors que je suis encore avec Philippe Lucas, je croise les nageurs de Marseille en compétition et je me dis que c’est avec eux que je devrais être. C’est mon ADN !
Est-ce à ce moment-là que tu bascules véritablement dans une démarche de haut niveau ?
Non, c’est plutôt en quittant Font-Romeu (septembre 2006) que j’ai envisagé pour la première fois de faire du haut niveau. Mais avant de me lancer dans cette vie, j’ai éprouvé le besoin de me tester. C’est pour cette raison que j’ai rejoint le groupe de Philippe Lucas. Il m’a montré ce que j’avais dans le ventre, j’ai obtenu mes premiers résultats et il a enfoncé des portes que je n’avais pas encore osé pousser. En arrivant à Marseille (septembre 2008), Richard (Martinez) avait posé les fondations, Philippe, lui, a coulé le ciment. Il n’y avait ensuite plus qu’à dresser les murs et construire le bâtiment (sourire)…
Quel était ton objectif en arrivant à Marseille ?
Devenir le meilleur nageur du monde ! Je ne savais pas si je pouvais y arriver, mais c’était clairement mon ambition en intégrant le groupe marseillais. Pour tout dire, cela a commencé à germer dans ma tête à la fin de mon aventure avec Philippe Lucas.
Comment est née cette ambition ?
Ça remonte au titre de champion de France du 50 m dos lors des championnats de France de Saint-Raphaël en 2007 (25’’66 en séries, soit cinq centièmes de seconde de moins que l'ancien record d'Europe de Franck Schott établi lors des championnats de France d'hiver 1994, puis Camille claque 25’’46 en finale, ndlr). Ce chrono me permet de figurer pour la première fois parmi les cinq meilleurs nageurs européens. Dans ce cas-là, soit on fait la politique de l’autruche, soit on se dit qu’il y a quelque chose de grand à aller chercher. J’ai commencé à changer de mentalité, à travailler davantage, à me glisser progressivement dans une peau de nageur de haut niveau. Malheureusement, j’ai été handicapé par un zona en 2008. Ça a un peu retardé mon éclosion, mais la transformation était enclenchée.
(KMSP/Stéphane Kempinaire).
De nombreuses blessures ont jalonné ta carrière. Comment as-tu vécu ces moments délicats ?
En 2005, j’ai l’appendicite trois semaines avant les championnats de France (Nancy). En 2008, c’est le zona. Au bout d’un moment, j’ai fini par me dire que mon corps ne supportait certainement pas la pression. Je me disais que je n’étais pas fait pour être sportif de haut niveau. Ce n’était pas dramatique, il y a plus de personnes qui ne sont pas faîtes pour ça que l’inverse. Et puis comme on dit : « Ce qui ne tue pas, rend plus fort ». Quand on revient, on sait pourquoi. Et puis ces blessures m’ont permis de me retrouver face à moi-même et de prendre des décisions fortes pour continuer d’avancer.
Notamment celle de quitter Philippe Lucas.
Le fait que Marseille, Antibes ou Nice me contacte à l’époque m’a redonné confiance. Ce sont de grands clubs avec des entraîneurs qui ne m’aurait pas appelé pour être simplement champion de France. Eux aussi ont entrouvert des portes.
Dans le livre, tu expliques que ça n’a pas toujours été aussi limpide pour toi. Tu utilises même l’expression « tête à claques » pour te décrire.
À un moment donné, j’avais peur d’entreprendre et de ne pas réussir. C’est en ça que j’étais une tête à claques. Richard Martinez avait décelé mon potentiel et je le rendais fou parce que j’étais nonchalant et que je n’y croyais pas du tout. Il m’a fallu beaucoup de preuves des autres pour commencer à y croire.
Qui t’as dit pour la première fois que tu pouvais y arriver ?
Je pense que c’est Philippe, puis Romain (Barnier). Mais ce sont de petits détails. Il n’y en a pas un qui est arrivé et qui m’a annoncé que je deviendrai champion du monde. Un entraîneur australien m’a coaché le temps d’un week-end au Mare Nostrum de Canet et il m’a dit que je pouvais devenir un grand nageur. L’idée a fini par germer, un peu comme dans le film Inception (sourire)… Progressivement, je me suis dit que si autant de monde croyait en moi, c’est peut-être qu’il y avait quelque chose à faire.
En plus de ce côté « tête à claques », tu dis également qu’à l’école tes professeurs te qualifiaient d’« agréable fumiste ». N’as-tu pas l’impression d’avoir eu cette étiquette également avec tes coéquipiers du CNM ?
Oui et j’en ai clairement joué (sourire)…
Comment ça ?
Je pense que pour réussir, il est important de ne pas détester ses adversaires, mais bien de les respecter. Je trouve plus valorisant de battre un adversaire que l’on respecte plutôt que de dominer quelqu’un que l’on déteste.
26 juillet 2011, Shanghai. Après trente-huit ans d’attente, la France tient enfin ses premiers lauriers masculins sur la scène mondiale ! Camille Lacourt et Jérémy Stravius sont champions du monde ex-aequo du 100 m dos. Une première (KMSP/Stéphane Kempinaire).
Pourquoi ?
Détester un adversaire, ça créé de l’énergie négative. Ça m’est arrivé un peu de vivre ça avec Jérémy (Stravius) parce qu’il y avait tellement de confrontation entre nous que je voulais absolument le battre. Ce n’était que de l’énergie négative. Il n’y avait absolument rien de constructif là-dedans.
D’autant que vos caractères sont très différents.
Nous étions très différents sur plein de choses et par moment, nous étions très loin d’être amis. Mais j’ai beaucoup de respect pour lui. Sans Jérémy ma carrière n’aurait pas été la même.
Elle aurait sans doute également différente sans vos partenaires marseillais : Florent Manaudou, Fabien Gilot, Frédérick Bousquet ou Grégory Mallet, notamment. A ce sujet, on a beaucoup dit que vous étiez des nageurs plus talentueux que besogneux. Comment le viviez-vous à l’époque ?
Au début, ça nous a franchement énervé. Ensuite, on s’est mis à en jouer. Lors des stages de reprise, par exemple, les nageurs des clubs de Nice ou Mulhouse nageaient six ou sept kilomètres par séance alors que nous faisions exprès d’en nager un ou deux. En revanche, ils ne voyaient pas ce que nous réalisions en salle de musculation. Personne n’arrivait à nous suivre parce qu’on réalisait des circuits training absolument déments.
Qu’en était-il des stages avec l’équipe de France ? Est-ce qu’il y avait de l’intox également ?
Bien sûr, parce que pour les sélections, c’était important ! Et puis nous étions tellement dans une case que nous n’avions pas vraiment d’autre alternative. C’était la seule réaction possible. Enfin, je crois… Nos adversaires pensaient que nous étions des « génies », mais en fait, on était humain. Avec Philippe Lucas, j’ai nagé parfois 100 kilomètres par semaine. Ce n’est pas pour autant ce qui m’a rendu plus fort. À Marseille, on nageait moins, mais beaucoup plus intelligemment.
Revenons-en à Richard Martinez, ton premier entraîneur. Tu en parles beaucoup dans ta bio. On a le sentiment que votre relation était proche du « Je t’aime moi non plus ». Comment décrirais-tu vos liens ?
J’aime beaucoup le « Je t’aime moi non plus » ! Richard m’a permis d’avoir des fondations extrêmement solides. Pour ça, je le respecte énormément. Sans lui, je n’aurais jamais eu cette carrière. Je l’adore humainement, mais dès qu’on parle de natation, ça devient plus difficile. Il a évolué depuis quelque temps, mais à l’époque, il était campé sur ses positions et il n’y avait aucun moyen de discuter avec lui.
Hugues Duboscq, Fabien Gilot et Camille Lacourt célèbrent la victoire du 4x100 m 4 nages tricolore lors des championnats d’Europe de Budapest en 2010 (manque sur la photo Jérémy Stravius). Au total, les Bleus glaneront vingt-et-une médailles aux Euro hongrois. Un record (DPPI/Stéphane Kempinaire).
La natation est un sport à maturation assez précoce. Toi, tu as percé plus tard. N’as-tu jamais eu peur de rater le train du haut niveau ?
Non, pas vraiment… Ou alors une fois, après ma quatrième place sur le 100 m dos des Jeux Olympiques de Londres en 2012 (53’’08). Pour la première fois, je me suis dit que pour les prochains Jeux (ceux de Rio en 2016, ndlr), ce serait un peu juste. C’est aussi pour cette raison que ma déception a été immense.
Après avoir manqué les Jeux Olympiques de Pékin en 2008 à cause du zona, tu prends la cinquième place du 50 m dos aux Mondiaux de Rome en 2009. N’est-ce pas cette compétition qui lance véritablement ta carrière ?
À Rome, en 2009, j’ai LE déclic ! Quand je termine l’interview au micro de Nelson Monfort (journaliste sur France Télévisions, ndlr), je me rends compte que je suis cinquième au monde sans avoir travaillé comme j’aurais pu le faire. Je me dis alors qu’il est possible de réussir de grande chose. C’est à ce moment-là que j’ai véritablement pris la mesure du très haut niveau. A l’issue de la compétition, je retrouve Romain et il commence à évoquer mes objectifs de la saison à venir. Je me rappelle lui avoir répondu que je déciderai en septembre. Je savais exactement où je voulais aller, mais pas encore comment m’y prendre.
L’année suivante, aux championnats d’Europe de Budapest, tu décroches trois titres continentaux sur 50 et 100 m dos ainsi qu’avec le relais 4x100 m 4 nages. Imaginais-tu connaître pareille réussite un an seulement après les Mondiaux de Rome ?
Au-delà de mon cas personnel, c’est toute l’équipe de France qui a brillé à Budapest (en Hongrie les Bleus vont rafler vingt-et-une médailles : 8 en or, 7 en argent et 6 en bronze, record absolu pour la natation course tricolore, ndlr). En arrivant, on a tous senti que ce serait une belle compétition, mais pas à ce point. En fait, tous les ingrédients étaient réunis. On a tous franchi un palier à peu près au même moment. Il n’y avait aucune tension, pas de pression, pas d’attente. C’était le monde des bisounours. C’est la seule fois où j’ai senti cette atmosphère et cette ambiance en équipe de France. L’année suivante, c’était déjà très différent parce qu’il y avait de l’attente. Nous devions confirmer.
Dans ton livre, tu dis que tu n’as plus jamais retrouvé l’état de grâce qui était le tien à Budapest.
Je me sentais très fort et sans dénigrer les autres je savais que c’était mon moment. C’est un état magique que j’ai longtemps cherché à retrouver ensuite. Et puis, j’ai fini par arrêter de le chercher parce que je pense que cet état arrive de lui-même, sans qu’on s’y attende vraiment (sourire)…
Camille Lacourt enserre Jérémy Stravius et Giacomo Perez Dortona après la victoire "surprise" du relais 4x100 m 4 nages tricolore aux championnats du monde 2013 de Barcelone (victoire acquise après la disqualification du relais américain, ndlr) (KMSP/Stéphane Kempinaire).
N’as-tu pas également le sentiment que 2010 était l’année idéale, médiatiquement, pour performer et être reconnu ?
Les gens ont détesté l’équipe de foot en 2010. A l’inverse, ils ont aimé l’équipe d’athlétisme et adoré l’équipe de natation parce qu’on était comme eux : simples et spontanés. Je crois alors qu’ils se sont un peu identifiés à nous. Ils ont commencé à suivre notre histoire. On était des gens normaux et les Français se sont dit qu’ils allaient se marrer avec nous. L’objectif était d’être les meilleurs, mais sans se prendre au sérieux.
Dans ta biographie, tu évoques à de nombreuses reprises le jeu d’intox qui se mettait en place dans la chambre d’appel.
J’ai toujours adoré les chambres d’appel (sourire)… Je pense qu’on ne gagne pas une course à ce moment-là, mais on peut, en revanche, déstabiliser ses adversaires. C’est d’ailleurs quelque chose que j’ai expérimenté lors des championnats du monde de Shanghai en 2011. Cette année-là, j’étais au fond du sceau physiquement, mais pendant toute la compétition j’ai fait croire que j’étais fort.
Etait-ce de l’arrogance ?
D’une certaine manière, c’est le cas, mais je m’en suis seulement servi pour imposer un rapport de force à mes rivaux. L’adversaire qui a surtout vécu ça, c’est Jérémy. Il aurait dû gagner tellement plus de courses (il s’interrompt)… Je pense qu’il arrivait en chambre d’appel en se disant que j’étais plus fort que lui alors que ce n’était pas toujours le cas, notamment en 2011. S’il s’était dit à ce moment-là qu’il avait le dessus, je n’aurais eu aucune chance de décrocher l’or à ses côtés. Il a sans doute été trop gentil.
Et toi, l’étais-tu « gentil » ?
Derrière un plot, je n’ai jamais été moi-même ! Dans la vraie vie, je suis quelqu’un de gentil, mais en compétition, seule la victoire m’importait, quitte à paraître arrogant. Et puis à l’issue des courses, je discutais avec mes adversaires et on s’échangeait nos bonnets ou nos t-shirts. Il y a toujours eu beaucoup de respect entre nous.
Camile Lacourt au micro de beIN SPORTS (KMSP/Stéphane Kempinaire).
Comment as-tu vécu ce titre partagé avec Jérémy à Shanghai ?
Avant que ça m’arrive, je me disais que ça devait être vraiment la loose de partager un titre. En réalité, on ne partage rien. On est tous les deux champions du monde. Je ne suis pas déçu et je n’ai jamais ressenti d’animosité. Cette étape nous lie à vie. Qui peut dire : « J’ai été champion du monde ex-aequo avec un mec que j’ai fréquenté pendant dix ans en compétition ? ». Ça ne fait pas de nous des amis, mais on a vécu quelque chose d’extraordinaire et si je le croise de nouveau dans 30 ans, j’irai lui serrer la main et lui taper dans le dos. Ce qu’on a vécu nous lie à jamais.
Même si médiatiquement ça n’aurait pas changé grand-chose pour toi, comment vis-tu le fait de ne pas avoir décroché de médailles olympiques ?
Ça reste le regret de ma carrière, c’est évident. Quand on en parle, ça me fait un petit pincement au cœur, mais ça a fini par cicatriser. Ça fait partie de mon parcours, mais bon, je dois bien reconnaître que je n’aurais pas hésité à échanger un ou deux titres de champion d’Europe ou de champion du monde pour être champion olympique. Je pense qu’en 2012, il y a eu une erreur d’entraînement. En 2016, la vie m’a rattrapé. J’ai pris de grosses claques à un moment où il ne fallait surtout pas les prendre.
Continues-tu de faire du sport ?
A l’issue de ma carrière (elle s’est achevée sur le titre mondial du 50 m dos aux championnats du monde de Budapest en août 2017, ndlr), je me suis octroyé une pause de dix-huit mois sans sport. Il fallait que je coupe. Aujourd’hui, je me régale de faire du sport pour le plaisir. Je prépare un Ironman et ma seule ambition est de le finir. Pas question de viser un chrono. Désormais, j’aime courir, faire du vélo ou nager quand l’envie me prend. Ça m’apaise. J’avais oublié à quel point l’activité physique peut être une source de plaisir. A un certain moment, je n’étais pas loin de l’overdose.
Mais quand on est un ancien sportif de haut niveau qui, accessoirement, déteste perdre, ne se fixe-t-on pas nécessairement des objectifs élevés ?
Je n’ai plus du tout envie de m’inscrire dans la performance. En revanche, c’est vrai que je ne peux pas pratiquer un sport sans objectif. C’est d’ailleurs pour cette raison que j’ai décidé de m’inscrire à l’Ironman de Nice.
Ainsi qu’au marathon des Jeux Olympiques de Paris en 2024 ?
C’est vrai que ça me tente de prendre part au marathon des Jeux de Paris. Je ne sais pas encore comment l’épreuve va se dérouler, mais je trouve que l’idée d’ouvrir la course au grand public est extraordinaire ! Bon, s’il y a un temps d’engagement à réaliser et qu’il faut courir moins de trois heures, ce sera tant pis pour moi (rires)…
Recueilli à Paris par Jonathan Cohen
CINQUANTE NUANCES DE BLEU
Camille Lacourt, éditions Michel Lafon, 335 pages, 19,95 €
« Je n'ai jamais parlé de cette étrange déception à personne. La mélancolie du vainqueur. Un phénomène de descente, de décompression, peut-être, comme lorsque tu remontes trop vite des profondeurs. » Des efforts surhumains, des compétitions à suspense, du cérémonial, de la déconne et de la grandeur : ce livre nous entraîne dans les coulisses du sport de haut niveau. Mais il y a aussi l'argent, les sponsors, la jeunesse, les filles, la femme... et la gloire ! Avec une liberté totale, Camille Lacourt raconte son incroyable épopée, mais également ses côtés sombres : rivalités, coups bas et amour impossible. Un regard lucide et sans concession sur une incroyable aventure intime et collective.