Les championnats de Rennes (16-21 avril) ont livré leur verdict. Onze nageurs tricolores prendront part aux championnats du monde qui se disputeront à Gwangju, cet été, en Corée du Sud (21-28 juillet) : Charlotte Bonnet, Béryl Gastaldello, Fantine Lesaffre, Marie Wattel et David Aubry (auteur du premier record de France de la compétition, 7’46’’30 en finale du 800 m nage libre), Damien Joly, Maxime Grousset, Mehdy Metella (auteur du second record de France des championnats, 50''85 sur 100 m papillon), Clément Mignon, Tom Paco Pedroni et Jérémy Stravius. C’est moins que n’en espérait Richard Martinez, Directeur de la natation course, mais cela reste malgré tout "encourageant". Le niveau général de performance est en progression et au-delà du bilan comptable des seniors, on constate que les jeunes nageurs ont profité de l’échéance nationale pour tirer leur épingle du jeu et signer quelques résultats prometteurs. Au total, ils seront trente-et-un à s'aligner aux championnats d’Europe juniors de Kazan du 3 au 7 juillet prochain.
Onze nageurs disputeront les championnats du monde de Gwangju. Cela correspond-t-il à vos attentes ?
C’est un peu moins que ce que l’on espérait, mais ce n’est pas un mauvais score ! Il est, en tout cas, supérieur au nombre de nageurs engagés aux Mondiaux de Budapest en 2017 (neuf). Il faut également tenir compte de la retraite de Camille Lacourt qui ne figure plus dans le groupe national (le quintuple champion du monde a pris sa retraite des bassins à l'issue des Mondiaux hongrois, ndlr). Ce n’est donc pas si mal que ça. D’autant que le niveau de performance de nos internationaux est plutôt satisfaisant.
C’est-à-dire ?
Les résultats sont meilleurs que ceux enregistrés ces dernières années. L’espoir, c’est qu'à un moment donné, nous gagnons en densité et que le nombre de qualifiés augmentent significativement. Il est sans doute plus facile de coordonner un petit groupe, mais en termes de dynamique, c’est toujours plus intéressant de disposer d’une quinzaine d’athlètes.
(KMSP/Stéphane Kempinaire)
Les critères en vigueur à Rennes seront-ils reconduits (un chrono à réaliser le matin et une place à prendre l’après-midi en finale, ndlr) ?
Oui, c’est quelque chose que nous allons maintenir car c’est une réalité à laquelle nos nageurs sont confrontés lors des rendez-vous internationaux : nager vite le matin pour entrer en demi-finale avant de batailler jusqu’en finale. On pourrait évidemment proposer autre chose, comme un championnat étalé sur huit jours avec des séries, demi-finales et finales, mais ce programme ne fait pas l’unanimité. On ne peut de toute façon pas satisfaire tout le monde ! Et puis, la principale qualité d’un champion, c’est de savoir s’adapter à toutes les situations.
Plusieurs nageurs de l’équipe de France ont tout de même fait les frais de ces critères.
En effet ! N’oubliez cependant pas que nous avons prévu dans notre stratégie d’action des épreuves et des rendez-vous qui doivent permettre à ceux qui ne participeront pas aux championnats du monde de se maintenir dans une dynamique de performance afin de jouer la qualification aux Jeux Olympiques, l’année prochaine. Le haut niveau, c’est aussi ça : rebondir !
A vous entendre, on a presque l'impression que vous considérez que l'échec fait partie de l'apprentissage du haut niveau.
On n’est pas toujours en capacité d’atteindre tous ses objectifs. Il faut aussi apprendre à analyser ses erreurs, prendre du recul et mûrir. Tout cela fait partie de la formation d’un athlète de haut niveau. J’ajouterais pour clore le chapitre des critères de sélection qu’ils n’ont pas été imaginés à la veille des championnats de France. Ils sont le fruit d’une longue réflexion, d’échanges et de débats. Ils reflètent ce qui nous paraît le plus approprié pour répondre à l’exigence du niveau international.
Mehdy Metella et Clément Mignon (ici en compagnie de l'Algérien Oussama Sahnoune du CNM) sont qualifiés pour le 100 m nage libre des championnats du monde qui se tiendront en Corée du Sud, cet été (KMSP/Stéphane Kempinaire).
Au-delà des performances des seniors, on constate qu’une nouvelle génération de nageurs est en train d’émerger.
Trente-trois nageurs se sont qualifiés pour les championnats d’Europe juniors. Ils étaient vingt-huit l’année dernière. Je note aussi qu’il ne s’agit pas seulement de sprinteurs. Toutes les spécialités, ou presque, sont représentées. Reste qu’il faut laisser à nos jeunes le temps d’éclore. Le chemin est long entre un niveau pour participer aux Euro juniors et celui qui leur permettra de prendre part à des Jeux Olympiques.
Il n’empêche, c’est bel et bien cette génération qui représentera la France aux Jeux de Paris en 2024.
C’est exact ! Mais disposerons-nous de suffisamment de temps ? Ça, je ne le sais pas ! A ce propos, j’aime me rappeler les propos d’Edgar Morin qui dit, en substance, que face aux difficultés soit on est fataliste, soit on ose espérer l’inespéré… C’est sans doute une bonne façon de vivre son avenir. En tout cas, j’ai envie de m’inscrire là-dedans.
Béryl Gastaldello et Charlotte Bonnet prendront part au 100 m nage libre des Mondiaux de Gwangju tandis que Marie Wattel disputera, quant à elle, le 100 m dos en Corée du Sud (KMSP/Stéphane Kempinaire).
Que vous inspire la pétition qui a été lancée pour requalifier le relais 4x100 m nage libre féminin ?
Chacun réagit à sa manière ! Je rappelle quand même que les règles étaient annoncées depuis le début. Et puis, je note aussi que les Françaises ont fait le temps en finale de la troisième à la sixième place, c’est donc bien qu’elles en étaient capables ! Si nous étions aux championnats du monde, elles auraient nagé le matin avant de s’installer dans les gradins pour suivre les finales l’après-midi. Je sais que c’est dur, mais est-ce qu’il faut pour autant déroger aux règles établies ? Je ne le crois pas car cela peut avoir de lourdes répercussions sur l’avenir. Et puis, la porte n’est pas fermée pour les Jeux Olympiques. Il reste encore des possibilités. Nos nageuses vont devoir rebondir.
Recueilli à Rennes par A. C.