Il y a huit ans, le 9 mars 2015, la championne olympique du 400 m nage libre à Londres en 2012 nous quittait dans un crash d’hélicoptères en Argentine. Laissant derrière elle un immense vide.
Camille, on l’avait découverte aux championnats de France de Nancy en 2005. La grande blonde n’était alors qu’une jeune nageuse en devenir. Jeune, peut-être, mais déjà déterminée ! Forte de cette abnégation, elle avait signé l’exploit de la compétition en s’adjugeant le titre national du 200 m 4 nages en devançant l’icône de la discipline : Laure Manaudou. « Je suis sur un nuage », confiait la jeune nageuse de 16 ans à l'issue de sa victoire. « Lorsque j'ai touché le mur et que j'ai vu mon chrono, je n'y ai pas cru. Je ne pensais vraiment pas nager si vite et avec autant de facilité. »
KMSP/Stéphane Kempinaire
Des victoires, elle en connaîtra d’autres. Sur la scène nationale d’abord, puis à l’international, à l’issue d’une remise en question qui doit autant à la force de caractère qu’à son incroyable talent. En septembre 2010, déçue par sa quatrième place sur 200 m 4 nages aux championnats d’Europe de Budapest, ceux-là même où les Bleus moissonnent vingt et une médailles (un record), Camille annonce à son entraîneur Fabrice Pellerin qu’elle se concentrera désormais sur les épreuves de crawl.Quatre mois plus tard, la Sudiste enlève le titre du 200 m nage libre aux championnats du monde de Dubaï en petit bassin (décembre 2010). Totalement décomplexée, l’Azuréenne livre une prestation de haute volée que ne manque pas d’apprécier son coach. « Dubaï constitue une étape importante dans sa progression », analyse Fabrice Pellerin. « Avec ce succès, Camille a pris conscience qu’elle disposait de toutes les armes pour briller. » En juillet 2011, la Niçoise finalise sa mue en s’adjugeant deux médailles de bronze aux championnats du monde de Shanghai sur 200 et 400 m nage libre. Plus rien ne sera jamais comme avant ! Le retour médiatique de Laure Manaudou n’y changera rien. Camille est désormais une figure de proue de la discipline et sans conteste l’une des plus sérieuses prétendantes au podium olympique. Une occasion qu’elle ne laissera pas passer ! Le 29 juillet 2012, Camille Muffat grave son nom dans le marbre en raflant l’or du 400 m nage libre, huit ans après le sacre de Laure Manaudou et soixante ans après celui de Jean Boiteux. « Il y a tellement d’émotions », livre à l’époque la grande discrète. « C’est difficile de mettre des mots dessus. Après tant de travail et de sacrifices, cette médaille vient récompenser mon investissement. Alors oui, c’est quand même un soulagement, même si j’ai toujours eu la certitude d’en être capable. J’avais conscience de l’enjeu et de la difficulté, mais je savais aussi que mon rêve olympique n’était pas inaccessible. Je crois surtout n’avoir jamais été aussi déterminée. Je savais exactement ce que je devais réaliser à Londres ! »
Joindre le geste à la parole ! Se donner les moyens de réussir, en dépit des efforts et de l’enchaînement des longueurs de bassins ! Voilà sans doute ce qu’il faut retenir de Camille Muffat : son inébranlable détermination, aussi bien en compétition que dans sa vie de jeune femme. « Camile faisait des choix. Des choix très forts et elle les assumait », témoigne son agent Sophie Kamoun.Des choix, elle en aura toujours fait ! Celui de gagner, d’abord, puis de se retirer le 12 juillet 2014 à un mois des championnats d’Europe de Berlin. « Aujourd’hui, je suis sûre de moi. Je pense être suffisamment curieuse pour explorer autre chose, à fond et sans retour », annonce-t-elle à la surprise générale. « J’ai l’intime conviction qu’aucun autre entraîneur ne pourra m’amener au niveau sportif que j’ai atteint avec Fabrice (Pellerin). Le choix d’arrêter est alors devenu évident. Je lui ai fait part de ma décision. Je n’oublierai jamais qu’il m’a permis d’accomplir mon rêve le plus cher : devenir championne olympique. » En atteignant son rêve, Camille aura fait chavirer des millions de cœurs. En disparaissant, elle en a ému des millions d’autres !