En s’adjugeant le titre de championne de France du 200 m nage libre en 1’56’’47, Charlotte Bonnet, 27 ans, a fait plus qu’ajouter une nouvelle ligne à son palmarès domestique. La figure de proue de la natation féminine a, en effet, profité des championnats de France de Limoges (5-10 avril) pour renouer avec des sensations qui la fuyaient depuis de longs mois. A commencer par le plaisir. Pour l’ambition, il est encore trop tôt pour s’avancer, mais force est de constater que l’ancienne nageuse de Fabrice Pellerin à Nice a trouvé chez Philippe Lucas, qu’elle a rejoint à Martigues en septembre 2021, un environnement propice à son épanouissement sportif.
Que t’inspire cette qualification pour les Mondiaux ?
Ça n’est jamais facile de gérer des épreuves qualificatives. Il faut en passer par de l’appréhension et du stress, mais je suis heureuse de renouer avec le plaisir. Ça fait longtemps que je n’avais pas ressenti ces sensations.
Vous parlez de sensations. Comment les définiriez-vous ?
Ce matin, en séries, j’en ai gardé sous le pied (1’58’’43). Je me sentais bien, à l’aise. Ce soir, j’ai réussi à accélérer (1’56’’47). Mais je suis encore loin de ce que je peux exploiter. A l’issue de ce championnat, on va se poser avec Philippe (Lucas) pour voir ce qu’il reste à travailler. Malgré tout, je sens que je finis bien alors qu’il y a encore quelques mois, les sensations étaient très différentes.
(Photo : KMSP/Stéphane Kempinaire)
Vous pensiez revenir à un tel niveau de performance à ce moment de la saison ?
J’aurais aimé nager plus vite, mais ça ne fonctionne pas en claquant des doigts. Ces derniers mois, beaucoup de choses ont changé dans ma vie alors signer ce chrono ce soir, c’est très satisfaisant !
Comment avez-vous abordé cette finale du 200 m ?
Il y avait du stress parce que ça fait quinze ans que je nage des 200 mètres et que je connais la douleur qu’ils provoquent. Malgré tout, j’étais sereine après les séries et puis le discours de Philippe m’apaise énormément. Je suis encore en phase d’apprentissage avec lui, mais je sens que ça porte ses fruits.
(Photo : KMSP/Stéphane Kempinaire)
Qu’est-ce qu’il t’apporte exactement ?
Philippe est dans le dialogue et dans l’échange. J’avais vraiment besoin de ça à ce moment de ma carrière et à mon âge (27 ans). Je ne me sens pas encore complétement libérée, mais je crois que c’est dans ma nature.
Comment ça ?
Je ne pourrais jamais changer ma façon d’être, le doute, le stress et l’angoisse que j’éprouve parfois. Le but, c’est de l’atténuer et Philippe m’aide beaucoup dans ce domaine.
Qu’en est-il alors de tes ambitions ?
Il est trop tôt pour parler d’objectifs. J’avance petit à petit. Il y a quelques mois j’aurais pu claquer la porte et raccrocher le maillot. Je nage. Je reprends plaisir et je retrouve des sensations. C’est déjà énorme (sourire)…
Recueilli à Limoges par Adrien Cadot