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Deuxième de la finale du 100 m nage libre des championnats d'Europe, la protégée de Philippe Lucas se satisfait bien volontiers de l'argent après les méandres des dernières années. Confidences.

Charlotte, le podium ardemment souhaité après la demi-finale se concrétise...

Oui, je suis contente. Je ressens néanmoins une petite pointe d'amertume de ne pas nager un peu plus vite et, forcément, de louper la médaille d'or à pas grand-chose – enfin, quatre dixièmes tout de même (la Néerlandaise Marrit Steenbergen l'emporte en 53''24). C'était un pari risqué de me dire que j'arriverais ici à mon meilleur niveau, après beaucoup de changements, après pas mal de galères. Émotionnellement, je ne suis pas remise de tout ce que j'ai pu traverser ces deux ou trois dernières années. Mais ce n'est pas une excuse : c'est juste que je ne peux pas avoir autant de fraîcheur physique et mentale que j'ai pu avoir il y a quatre ans. Je suis super contente de cette médaille d'argent aujourd'hui. C'est un soulagement, ça fait hyper longtemps que je n’étais pas montée sur un podium.

Parle-nous de ces moments difficiles...

C’est une année compliquée, il y avait les Mondiaux et les championnats d'Europe. On s’est dit : « Est-ce qu’on prépare les deux, est-ce qu’on fait l’impasse sur l’un des deux ? » Je ne voulais pas, parce que je pense que ça va me reconstruire de me confronter aux meilleurs. D’aujourd’hui faire deuxième pour, peut-être, faire première la prochaine fois. Avec mes temps de Budapest, je ne serais pas sur le podium aujourd’hui donc je suis super contente, en six semaines, d’avoir pu rebondir d’une compétition qui était, quand même, un échec. Émotionnellement, ç'a été compliqué de me remettre dedans. Et là, je suis médaille d’argent. Alors oui, j’aurais aimé gagner, et entendre la Marseillaise mais, franchement, je ne peux pas être trop gourmande. Il faut que je me contente de ça, aujourd’hui. Je suis super contente. C’est cool, ça fait du bien.

Quelle valeur revêt cette médaille ?

Beaucoup d’importance, parce que quand je reviens un an en arrière (elle souffle), j’avais envie d’arrêter. Ça fait du bien, même si je suis loin de ce que j’ai pu réussir auparavant, de renager avec les meilleures. De me confronter, de me sentir en confiance. Le chemin est long, peut-être que je n’arriverai pas à réaliser ce que j’ai envie de faire à Paris. Mais il faut prendre étape par étape. Là, je reprends du plaisir, c’est déjà énorme. Aujourd'hui, c’était assez dur de me focaliser sur moi-même, parce que je voulais tellement gagner... Ça m’obsédait un peu. Je perds pas mal de centièmes là-dessus, mais voilà... Aujourd'hui, elle (Marrit Steenbergen) a été plus forte que moi, il faudra essayer de la battre au 200 m dans deux jours. Ça va être une autre affaire (elle sourit) ! L’année dernière, je ne montais pas sur la “boîte” aux championnats d'Europe, je sortais des Jeux vraiment triste, dans un état assez déplorable. Je ne vais pas dire que je reviens de loin, parce qu’il y a toujours pire, mais j’ai un parcours assez en dents de scie, donc ça fait du bien. Ça valide des choses, ça veut dire aussi qu’il y a encore quelques trucs à travailler. Après, c’est une finale, je pense que je me suis crispée, je n’ai pas nagé comme je le voulais. Ça, ça ne dépend pas que de l'expérience. J’avais trop d’envie et je n’ai pas su comment le gérer. Mais je peux pas être déçue ! Une médaille d'argent dès ma première course, j’aurais signé tout de suite.

Est-ce une forme de libération ?

Ça va me libérer d’nu poids parce que d’habitude, je commence par le 200 m. Ça me met une telle pression, parce que c’est une course qui me tient à cœur... Là, j’ai déjà une médaille, c'est bien, ça va me libérer, oui, et me donner envie d’aller en chercher une deuxième.

Depuis les Mondiaux, tu as corrigé des choses...

Je suis arrivée exténuée (à Budapest) mais pas par la faute de Philippe (Lucas, son entraîneur). On apprend à se connaître encore. On devient très complices, on apprend beaucoup l’un avec l’autre. Il a eu des nageuses qui venaient des plus longues distances, donc c’était dur pour lui de s’adapter, au début, à 100% avec ce que j’avais pu connaître avec Fabrice (Pellerin). Mais il est hyper ouvert à la discussion. Hyper à l’écoute. Nous avons su rebondir là-dessus. En revenant de Budapest, je n’ai pas eu une journée de vacances, donc c’était compliqué. Mais ç'a été le bon choix, aussi, de remettre direct la tête dans l’eau pour changer des choses. Pour essayer d’être la meilleure ici. Et la semaine est loin d’être finie !

Le relâchement que tu appelles de tes vœux en collaborant avec Philippe Lucas se concrétise-t-il ?

Oui, il a sa manière de m’enlever une certaine pression, même si on ne me changera pas : je suis quelqu’un d’assez angoissé, de base. Mais là, aujourd’hui, je suis arrivée, quand même, avec une sérénité... Rien à voir avec avant, et encore moins avec Budapest. Je savais que j’avais tout à gagner. Gagner, ç'aurait été le Graal, mais c’est qu’il y avait plus fort que moi, et ça me donne envie d’aller la chercher sur le 200 m !

À Rome, David Lortholary

Photos KMSP/Stéphane Kempinaire

 

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