La saison olympique de Charlotte Bonnet aura été pour le moins semée d’embuches. Après avoir manqué sa qualification aux championnats de France de Saint-Raphaël (décembre 2021), puis lors des étapes niçoise et marseillaise du FFN Golden Tour-Camille Muffat (février et mars 2021), la nageuse de Fabrice Pellerin a dû se contenter d’une quatrième place sur 200 m nage libre aux championnats d’Europe de Budapest (Hongrie, mai 2021). La Niçoise de 26 ans aura finalement dû attendre le dernier acte de ce thriller haletant pour poinçonner son ticket olympique en s’adjugeant le titre national de sa course fétiche à Chartres (1’56’’67). A Tokyo, la tête d’affiche de la natation féminine tricolore retrouvera également Assia Touati, Lucille Tessariol et Margaux Fabre au sein du relais 4x200 m nage libre.
Que ressens-tu à l’issue de cette finale ?
Je suis soulagée et émue ! Cela fait plusieurs mois que je cours après cette qualification. A chaque fois, il m’a manqué quelques centièmes. Cela a été très compliqué de repartir au boulot à chaque fois en me persuadant que ça allait le faire la prochaine fois. Bon, le chrono n’est pas à la hauteur de ce que je visais (elle s'interrompt et se corrige)… encore que je ne visais rien de particulier, seulement la qualification ! Cela reste un temps qui est loin des meilleures et de mes attentes, mais aujourd’hui (jeudi 17 juin), je vais m’en contenter !
Cette qualification vient en tout cas récompenser ton abnégation.
Oui, il y a eu beaucoup d’obstacles et de péripéties cette saison. Entre les confinements, le report des Jeux, un pépin à l’épaule, tout a été compliqué. J’en ai connu des moments comme ça dans ma carrière, mais j’ai 26 ans et plus 17 ans. Je sais que le temps passe et que les années comptent, à présent.
(KMSP/Stéphane Kempinaire)
Avais-tu mis au point une tactique de course particulière ce soir (jeudi 17 juin) ?
Non, pas vraiment parce qu’il y avait tellement d’enjeux que j’ai fait comme je pouvais. Je m’arrache à la fin pour toucher devant et faire le chrono. J’avais l’impression de jouer une finale dans un grand championnat. En terme de stress, c’était exactement la même chose ! Quand je vois les jeunes nageuses, je me dis qu’à leur âge, je n’avais pas cette pression. Aujourd’hui, à 26 ans, je sais que si j’avais raté les Jeux, les prochains auraient été dans trois ans (elle souffle)… Physiquement, je n’aurais pas été dans les mêmes dispositions.
Tu as le sentiment qu’il y avait beaucoup d’attentes autour de toi. Trop peut-être ?
Depuis mes titres aux Euro (Glasgow, championne d’Europe sur 200 m nage libre et avec le relais 4x100 m nage libre, ndlr), j’ai changé de statut. Le regard des gens n’est plus le même. Ce n’est pas forcément facile à assumer. Il y a des attentes et il faut être à la hauteur. J’entends des remarques et des commentaires qui ne font pas toujours plaisir, mais il faut faire avec...
Recueilli à Chartres par Adrien Cadot