Au rayon des disciplines un peu dingues, le High Diving tient, à n’en pas douter, le haut de l’affiche. Il faut, en effet, être passablement « cinglé » ou franchement inconscient pour plonger d’une plateforme de 27 mètres (pour les hommes) ou 20 mètres (pour les femmes). Alors, bien sûr, le spectacle est à couper le souffle, littéralement fascinant, mais les risques, eux, sont bien réels. Preuve en est, Gary Hunt, figure de proue de la discipline récemment naturalisé français, a hésité jusqu’au dernier moment à prendre part à la compétition organisée par la FINA en marge des championnats du monde d’Abu Dhabi en petit bassin (16-21 décembre) en raison d’une douleur persistante aux cervicales. Au final, le plus britannique des plongeurs tricolores se classe dixième (351,70 points) tandis que Robin Georges, le second Français engagé, prend la vingt-sixième place (197,30 points). Bilan de la compétition en compagnie de Clémence Monnery, Directrice de la discipline à la Fédération Française de Natation.
A voir l’ambiance et le public rassemblé en bas de l’impressionnante structure métallique montée à proximité de l’Etihad Arena, où se tiennent les championnats du monde en petit bassin (16-21 décembre), on a le sentiment que le High Diving est en plein essor ?
C’est exactement ça ! Aujourd’hui, c’est un sport qui séduit de plus en plus de monde. Le public aime suivre ces épreuves et la discipline regroupe une vraie communauté. Tous les plongeurs engagés aujourd’hui à Abu Dhabi sont accompagnés de leur coach alors qu’il y a encore quelques années, il y avait un côté beaucoup plus artisanal.
Qu’est-ce qui plaît dans ce sport ô combien spectaculaire ?
Spectaculaire et dangereux car il y a des risques. Il suffit d’être légèrement décalé ou mal aligné pour se blesser. Hier (dimanche 19 décembre), un nageur s’est rompu le tendon d’Achille en entrant dans l’eau. Son pied s’est tordu à l’impact et le tendon a cédé. A cette hauteur (27 mètres), la moindre erreur ne pardonne pas. Ce sont aussi ces risques qui rendent la discipline captivante. On ne va pas se mentir, chaque plongeon est à couper le souffle. D’ailleurs, le silence qui précède les plongeons est particulièrement impressionnant. On sent que tout le monde est pris dedans.
(Photo : FFN)
Gary Hunt (10e au final avec 351,70 points) était encore incertain il y a quelques jours en raison d’une douleur aux cervicales. Comment va-t-il ? A-t-il souffert pendant la compétition ?
Cela fait trois semaines qu’il ne s’entraîne plus et dix jours qu’il est alité pour récupérer. Il y a encore quelques jours, le médecin de l’équipe de France n’était pas très chaud pour qu’il plonge, mais Gary y tenait car c’était la première fois qu’il représentait la France en compétition. Reste qu’il n’était pas en pleine possession de ses moyens. D’ailleurs, je l’ai trouvé un peu en dedans alors qu’il est d’ordinaire très ouvert. Là, j’ai senti qu’il avait besoin de se concentrer, de rester dans sa chambre d’hôtel, au calme. Je sais qu’il avait à cœur de réussir sa première apparition sous les couleurs de la France. Aujourd’hui, son physique l’a trahi, mais ce n’est que partie remise.
Qu’en est-il de l’autre Français, Robin Georges ?
Robin souffrait de la rotule en arrivant. Il s’est testé à l’entraînement en sachant qu’à la moindre douleur, il n’insisterait pas. Mais ça a tenu. Après, il faut savoir que Robin, je ne le connaissais pas avant d’arriver à Abu Dhabi. Nous avions échangé plusieurs fois au téléphone car il a été sélectionné par la FINA pour plonger ici, mais c’est d’abord un gymnaste avant d’être un plongeur. Il n’a aucun problème avec les acrobaties, mais il lui manque des compétences techniques propres au plongeon. Reste qu’il a un potentiel réel et qu’il aime la discipline.
(Photo : FFN)
Quelles seront les prochaines échéances des plongeurs tricolores du High Diving ?
Il y aura les championnats du monde de Fukuoka (Japon) en mai, les Euro de Rome en août et le circuit Red Bull High Diving qui permet à ces athlètes de gagner leur vie. Il faut bien comprendre que Gary et à peu près tous les athlètes engagés sur cette compétition sont des plongeurs professionnels. Avant cela, Gary et Robin vont prendre le temps soigner leurs petits pépins physiques. Il y a peu de chance de voir Robin aux Mondiaux nippons, mais peut-être aux Euro de Rome. La priorité, pour lui, sera de perfectionner sa technique. A mon sens, il n’en est qu’au début de sa carrière.
A Abu Dhabi, Adrien Cadot
Robin Georges, Daniel Azorin (juge FINA tricolore), Clémence Monnery et Gary Hunt à Abu Dhabi (Photo : FFN).