Vainqueur du 1 500 m nage libre (15’07’’23) en ouverture de l’étape amiénoise du FFN Golden Tour-Camille Muffat (28-30 avril), Damien Joly était globalement satisfait de sa performance… Satisfait surtout de pouvoir aborder sereinement l’ultime ligne droite de sa préparation qui le mènera aux championnats de France de Strasbourg (23-28 mai).
A trois semaines de l’échéance nationale, qualificative pour les Mondiaux de Budapest, quel regard portes-tu sur ta course de prédilection, le 1 500 mètres ?
Le temps reste correct. Je suis à cinq secondes du temps de qualification, donc ça devrait bien se passer à Strasbourg. Malgré tout, j’aspirais à mieux. Je voulais claquer le temps de qualification dès ce week-end. Il me manquait peut-être un peu de fraîcheur. On revient de trois semaines de stage en Afrique du Sud, où ce fut assez intensif, donc j’ai un peu de mal à me mettre dedans et à mener la course en tête comme j’en ai l’habitude.
Cette confrontation était-elle anecdotique ou devait-elle te permettre d’adresser un message à tes concurrents dans l’optique des prochains championnats de France ?
Peut-être pas un message, nous sommes tous en préparation, mais c’est sûr qu’il s’agissait de sortir satisfait de cette dernière compétition avant les « France » de Strasbourg. J’aurais quand même voulu faire un peu mieux, même si je sais que ça devrait bien se passer en Alsace…
Depuis ton record de France réalisé lors des Jeux Olympiques de Rio (14’48’’90), n’as-tu pas le sentiment d’être « serré de près » par tes rivaux tricolores ?
(Il sourit)… C’est normal, c’est le jeu ! Actuellement, on peut dire que je suis n°1 sur le demi-fond. Il est donc logique que des compétiteurs comme Joris (Bouchaut) ou Marc-Antoine (Olivier) me mettent la pression. Ils essaient d’être devant, de bousculer la hiérarchie, de changer de stratégie pour me déstabiliser et me battre. C’est ça la compétition et quelque part, c’est bien que ça se passe ainsi. En France, jusqu’alors, j’avais l’habitude de gérer les courses de A à Z. Hier, je n’étais pas dans mon confort habituel. C’était intéressant de me battre avec eux sur le début de course avant d’accélérer et de finir le 1 500 mètres à mon allure.
A t’entendre, on a presque l’impression que tu as tiré des enseignements psychologiques de cette épreuve.
D’une certaine manière, c’est le cas parce que sur les prochaines échéances internationales que je vais disputer je ne serais sans doute pas devant, en train de gérer la course. Je serais plutôt outsider, à tenter de bousculer les meilleurs, comme l’été dernier aux Jeux Olympiques de Rio. Il est donc intéressant de pouvoir expérimenter de nouvelles conditions de course.
As-tu suivi les résultats des championnats nationaux italiens qui se sont tenus début avril à Riccione ? Le champion olympique du 1 500 m nage libre, Gregorio Paltrinieri, battu sur 800 mètres par son camarade d'entraînement Gabriele Detti, a signé en l'absence de ce dernier un chrono de 14'37''08.
(Il sourit)… Oui, ça nage très vite ! Paltrinieri et Detti sont très forts. Cet été, ils seront devants. C’est eux qu’il faudra tenter de suivre. J’espère en être capable. Ce sont de gros clients. Mondialement, en ce moment, ce sont les meilleurs. Il faut que je m’inspire d’eux, de leur manière de gérer les courses. Ils partent toujours vite et ils tiennent. Je m’entraîne pour tenter de les suivre. Ce n’est pas impossible !
Les trois semaines qui te séparent des championnats de France de Strasbourg seront-elles suffisantes pour faire descendre le chrono en conséquence ?
(Il acquiesce)… Contrairement aux autres épreuves, on ne peut pas toujours être au top physiquement sur 1 500 m nage libre. Cela demande une préparation spécifique, au moins trois semaines d’affûtage pour performer dans des conditions optimales. L’année dernière, par exemple, j’ai véritablement nagé une fois très vite, lors des Jeux Olympiques de Rio. Le demi-fond implique une préparation méticuleuse. Tout peut basculer très vite : on peut complètement se louper ou alors nager très bien… Avec les années, je sens très vite si je suis en forme ou pas. Et puis, le travail que je réalise avec Franck (Esposito, son entraîneur au CN Antibes, ndlr) est de plus en plus fin.
Que t’inspires l’émergence d’une génération de nageurs d’eau libre très performants en bassin ?
C’est bien, ça créé de l’émulation et de la concurrence ! Marc-Antoine Olivier (médaillé de bronze olympique sur 10 km, ndlr) et Logan Fontaine (champion du monde junior, ndlr) contribuent à élever le niveau du demi-fond en France.
Recueilli par A. C.