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C’est un David Aubry déçu et contrarié que nous avons rencontré à l’issue des séries du 400 m nage libre du Golden Tour-Camille Muffat organisé à la piscine Jean Bouin de Nice du 5 au 7 février. Blessé une nouvelle fois à l’épaule en janvier dernier, le médaillé mondial de bronze sur 800 m nage libre aux Mondiaux de Gwangju (2019), d’ores et déjà qualifié pour les Jeux de Tokyo, va maintenant devoir apprendre à ménager son corps afin de conserver toutes ses chances de s’illustrer aux Jeux nippons.

Que retiens-tu de ce retour à la compétition sur 400 m nage libre ?

Je suis loin de mon meilleur niveau, mais je pensais honnêtement faire bien pire que ça. J’ai malheureusement été contraint de m’interrompre une semaine entière le mois dernier pour soigner une blessure à l’épaule.

Encore l’épaule. Que s’est-il passé cette fois ?

J’ai probablement trop forcé en reprenant l’entraînement en janvier et ça n’a pas tenu. Depuis, j’ai repris, mais doucement. Ce n’est pas encore ça en termes de sensations, mais ce n’est pas si mal, surtout qu’à l’entraînement, j’ai du mal à tenir les séries et que la douleur est encore bien présente.

(KMSP/Stéphane Kempinaire)

Que d’obstacles depuis le printemps 2020. Entre les confinements successifs, une blessure à l’épaule contractée pendant l’été (qui l’avait notamment privée des championnats de France d’eau libre à Jablines en septembre 2020, ndlr) et un contexte sanitaire chaotique, tu n’es guère épargné.

Malheureusement, quand tu es sportif de haut niveau, les blessures font partie de l’aventure. Là, c’est un peu de ma faute car j’ai sans doute voulu en faire trop pour rattraper le retard accumulé après le confinement du printemps dernier. Les Jeux se rapprochent. J’ai peur que le temps commence à me manquer pour retrouver la plénitude de mes moyens. C’est dommage parce que je me sentais bien en début d’année. J’avais même la sensation d’avoir progressé.

Qu’en pense Philippe Lucas (son entraîneur à Montpellier, ndlr) ?

Il est un peu inquiet, forcément. Il se demande si mon corps va tenir jusqu’aux Jeux. Il va falloir que je m’y prenne autrement…

Comment ça ?

Lorsque j’ai repris en début d’année, j’avais à cœur de me lancer à fond dans la préparation olympique. J’ai enchaîné les grosses séries et j’ai forcé sur la musculation. A l’avenir, il faudra probablement que j’apprenne à ménager la machine.

(KMSP/Stéphane Kempinaire)

Le contexte sanitaire et l’ambiance morose qui l’accompagne t’atteignent-ils ?

J’essaie au maximum d’en faire abstraction, même si ce n’est pas toujours évident. Je trouve que ça occupe trop de place…

C’est-à-dire ?

Ça revient tout le temps dans les médias. On est bombardé d’informations à longueur de journée alors que rien ne change en réalité. Moi, ce qui me préoccupe, c’est surtout la situation des clubs et des nageurs de haut niveau. Les Jeux de Tokyo, on y est, et ceux de Paris se tiendront dans trois ans. Ça va arriver très vite et pour l’instant, j’ai le sentiment qu’on a du mal à se mettre dedans. Et puis toutes les piscines sont fermées. Qu’est-ce que vont devenir tous les jeunes nageurs qui rêvent d’y participer ?

Redoutes-tu une « crise des vocations » ?

Il est certain qu’il y aura des répercussions. Je ne vois pas comment la natation et le sport français en général pourraient être épargnés par cette crise. On voit bien, déjà, que les clubs sont en souffrance. Sans parler des jeunes et des apprentissages aquatiques. Nous sommes en train de prendre du retard.

Recueilli à Nice par A. C.

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