Cinq minutes à patienter, à piétiner au milieu des journalistes de la planète entière, un œil sur l’immense tableau d’affichage qui trône au milieu de la plage de départ des épreuves des championnats du monde de Budapest. Cinq minutes à scruter l’apparition des nageurs sous la tente réservée aux médias, et puis, soudain, il apparaît, le visage rougi par l’effort, les yeux striés de zébrures nerveuses, les mains sur les hanches, le souffle court, légèrement hagard et la démarche brinquebalante de ceux qui viennent de repousser leurs limites. Il s’approche, s’appuie sur la barrière qui sépare le commun des mortels des champions, puis expulse le peu d’air qui lui reste dans les poumons en tachant d’esquisser un sourire. C’est à ce moment précis que la double championne du monde du 10 km, Aurélie Muller, surgit. Elle lui claque une bise et lui murmure à l’oreille : « C’est bien, David ! C’est bien ». Il sourit, hoche la tête comme s’il essayait de se convaincre, puis se tourne dans notre direction.
(KMSP/Stéphane Kempinaire)
Tu parais contrarié, presque déçu, alors que tu viens de prendre la sixième place du 10 km des championnats du monde (1h52’01’’9) dans le sillage des plus grands spécialistes de la distance.
Oui, mais je me suis fait avoir sur la fin...
C’est-à-dire ?
Je n’ai pas réussi à mener mon sprint comme je l’entendais. Dans mon plan de course, j’avais prévu d’être au moins dans les cinq premiers à la dernière bouée (250 mètres de l’arrivée, ndlr), mais malheureusement, je me suis fait bloquer par un Italien (Simone Ruffini) et je n’ai pas réussi à rejoindre le paquet pour disputer le sprint.
Cela reste malgré tout une belle performance.
Oui, dans l’ensemble je suis satisfait, mais il me reste du travail pour être au niveau des meilleurs. J’ai fait une course cachée, j’y suis allé progressivement, mais peut-être que j’aurais dû me porter aux avants postes avant la dernière bouée pour suivre les meilleurs.
(KMSP/Stéphane Kempinaire)
As-tu des regrets ?
Oui, quelques-uns, mais pour l’heure, je ne veux retenir que les points positifs. Je suis là pour apprendre et emmagasiner de l’expérience dans la perspective des Jeux Olympiques de Tokyo en 2020.
(KMSP/Stéphane Kempinaire)
Et que t’inspire les performances de ton pote Marc-Antoine (champion du monde du 5 km et médaillé de bronze du 10 km, ndlr) ?
Ça fait longtemps qu’on se connaît, vraiment longtemps (sourire)… Marco, il est fort, très fort, d’autant qu’il avait nagé le 5 km avant de participer au 10 km des Mondiaux (samedi 15 juillet, ndlr). Il a signé deux grandes performances.
L’équipe de France d’eau libre n’a jamais semblé aussi forte.
Jusqu’à présent, nous n’avions jamais enregistré d’aussi bons résultats sur des championnats du monde. C’est très encourageant pour la suite de l’olympiade. Nous sommes une équipe jeune, je pense qu’on peut vraiment réussir un grand truc dans les prochaines années. En tout cas, c’est une fierté d’appartenir à ce groupe.
Recueilli à Budapest par A. C.