Fort d'un mental hors du commun et déjà détenteur d'un solide palmarès d'exploits signés à travers montagnes et déserts, le sportif lyonnais a décidé, à 41 ans, de sortir de sa zone de confort en se jetant à l'eau pour 48 heures. « Au risque de me planter », précise-t-il. Mais l'homme avait mis toutes les chances de son côté. Le défi s'est joué ce week-end.
« Parce que je n'ai que le mental, parce que le ridicule ne tue pas, parce que je me fous de ce qu'on pense de moi, parce que j'ose avoir cette idée à la con, parce que j'ai toujours besoin d'aller plus loin... ». A l'approche de sa tentative d'exploit, ce n'est pas sans humour et un goût prononcé pour l'autodérision et le second degré que David Briand égrenait les raisons qui l'ont conduit à passer des sentiers caillouteux de montagne aux lignes d'eau de la piscine. Avec le même objectif que lors de ses précédents exploits, à savoir repousser ses limites physiques grâce à son mental hors du commun.
David Briand (Photo : Laurent Thuilier)
L'homme est sympathique, naturel et ne se prend pas la tête... tout en l'ayant bien sur les épaules. Réunis au bord du bassin de l'Aqua Centre du Pays de l'Arbresle à Sain-Bel, à une vingtaine de kilomètres à l'Ouest de Lyon, ses proches et amis étaient là pour l'encourager. Il faut dire que le défi que s'était fixé David Briand est grand à plus d'un titre. Au niveau sportif tout d'abord, car nager durant 48 heures n'est évidemment pas donné à tout le monde. Au niveau humain ensuite, car les sommes récoltées durant ces deux jours serviront, grâce à la Fondation Arthritis, à avancer dans la guérison des rhumatismes les plus graves.
Or, en ce chaud week-end de juin, les nombreuses personnes venues goûter à la fraîcheur de l'Aqua Centre n'étaient sans doute pas toutes conscientes de l'exploit qui se jouait à seulement quelques mètres d'elles. Imperturbable dans son effort solitaire, David Briand continuait, quant à lui, à avaler les longueurs de bassin. Solitaire, pas vraiment cependant. Car dans la ligne d'eau voisine, ses amis nageurs se relayaient sans relâche pour l'accompagner jusqu'au bout de son défi. Et, samedi en milieu d'après-midi, au voisinage des 70 kilomètres déjà parcourus, le speaker encouragea les baigneurs à venir soutenir le sportif, alors en proie à un temporaire mais sérieux coup de « moins bien ».
Les amis et les proches réunis pour soutenir David (Photo : Laurent Thuilier)
Au bord de la piscine, il y avait aussi Jocelyne et Patrick ses parents, fidèles témoins de ses exploits successifs, Manon sa fille... sans oublier Déborah sa compagne, omniprésente supportrice qui, outre son rôle essentiel de soutien moral, assura le suivi du record, géra les mails et les coups de téléphone et accueillit les visiteurs. « Ces derniers mois ont été difficiles pour l'entourage », avoue-t-elle. « David était sur la défensive, on sentait la pression monter, alors qu'il est habituellement calme ». Avant d'ajouter, certaine du succès final : « David c'est un guerrier, il ne lâche rien. Aujourd'hui il a un défi, demain il en aura un autre ! »
La force du licencié de l'Aquatic Club du Pays de l'Arbresle cher au président Jean-Louis Mahuet tient, en effet, dans son mental exceptionnel et sa résistance physique. En amont et durant l'épreuve, le Centre Lyon Sport Santé de Gerland avait mis en place un dispositif de suivi médical du sportif comprenant tests à l'effort et suivi kiné et ostéopathique. Ce dispositif était complété par un programme d'aide à la récupération et d'optimisation de la performance par cryothérapie corps entier mis au point par Cryo Advance. Acteurs majeurs de cette préparation physique, Romain Thieffry et Sylvain Didon-Lescot étaient d'ailleurs eux aussi au bord, voire même dans le bassin, pour apporter soutien, soins et conseils au sportif.
Moment de soins sur le bord de la piscine (Photo : Laurent Thuilier)
Jusqu'à cette délivrance de dimanche matin, et le verdict tant attendu ! 105 kilomètres parcourus en deux jours entrecoupés de seulement quelques micro-siestes de dix minutes, alors que le précédent record était d'un peu plus de 102 kilomètres. « Pour l'instant, je vais me reposer, réfléchir à ce qui pourrait être ma limite physique », explique aujourd'hui celui qui avoue avoir beaucoup plus souffert mentalement que dans son corps. « Je ne ressens aucune courbature, ça me surprend... J'ai bien géré sur la température de l'eau, c'est peut-être là-dessus que ça s'est joué. Rien n'a été laissé au hasard, j'avais de la marge », poursuit-il, sans oublier le rôle majeur également joué par ses proches et son staff. Avant de s'interroger, humble, sur l'utilité d'homologuer un jour son record au Guinness Book... visiblement, ce point-là ne semble pas être sa priorité.
Laurent Thuilier