Vainqueur du 10 km des championnats de France de Jablines en 1h53’33’’26, Marc-Antoine Olivier, médaillé olympique de bronze il y a quatre ans aux Jeux de Rio, a malgré tout dû s’employer jusqu’au bout pour tenir à distance une jeune génération de nageurs tricolores plus affamée que jamais. En terminant devant Fares Zitouni (Vikings de Rouen), Sacha Velly (FC Laon), Jules Wallart (Dunkerque Natation) et l’expérimenté Axel Reymond (AASS Natation 95), le nageur de Philippe Lucas a non seulement confirmé son statut, mais aussi son ambition affirmée de décrocher le titre olympique à Tokyo, l’été prochain.
Marco, que retiens-tu de titre national ?
J’ai bien nagé dans le dernier tour, mais la course a été difficile ! Je n’étais pas spécialement préparé pour ce 10 km. Nous avons seulement levé le pied ces derniers jours. Il était malgré tout important d’aller chercher ce titre, de voir aussi de quelle manière j’allais pouvoir m’adapter et trouver des solutions pour finir devant en dépit de la fatigue. C’est ça l’eau libre !
Sans compter que la jeune génération commence à titiller ses illustres aînés.
Oui, ça arrive fort derrière (sourire)… Il y a du niveau. Ça fait plaisir de voir des jeunes se mêler à la lutte pour le podium. A moi, maintenant, de continuer à bosser pour rester devant.
Comment juges-tu ton niveau de performance actuel ?
En eau libre, ça répond toujours. J’ai des facilités et je me sens plutôt bien, mais c’est plus compliqué en bassin. Ce n’est pas très grave car cette année, la priorité, c’est vraiment la longue distance ! Jusqu’alors, je suis content de mes dernières sorties. Il y a encore de petites erreurs à corriger et pas mal de travail de fond à fournir, mais c’est satisfaisant dans la perspective des Jeux olympiques de Tokyo.
(Photo : KMSP/Stéphane Kempinaire)
A ce sujet, parviens-tu à rester focus sur cet objectif et, plus important encore, à occulter l’incertitude qui accompagne son organisation ?
Pour moi, ça ne change rien ! Je fais abstraction du contexte en restant focalisé sur mon objectif : décrocher la médaille d’or à Tokyo ! Ce seront mes deuxièmes Jeux alors je compte bien m’appuyer sur l’expérience des premiers à Rio pour atteindre cet objectif.
Il est cependant probable que les Jeux de Tokyo se disputent dans un contexte particulier.
Oui, ce sera forcément différent ! Nous vivons une période difficile. Comme en eau libre, il va falloir s’adapter pour trouver des solutions.
Qu’est-ce qui a le plus changé depuis 2016 ?
Le niveau s’est considérablement élevé. Quand tu vois que le champion olympique du 10 km (le Néerlandais Ferry Weertman, ndlr) est au-delà du top 5 aux championnat du monde de Yeosu (2019), c’est bien que ça nage de plus en plus vite ! Sans compter que beaucoup de nageurs de bassin viennent se mêler à la lutte pour les médailles. Ça complique les choses, mais c’est aussi stimulant. Il faut s’adapter pour trouver le moyen de continuer à progresser.
(Photo : KMSP/Stéphane Kempinaire)
A de sujet, l’émergence de l’Italien Paltrinieri te préoccupe-t-elle ?
Non, absolument pas ! Je note surtout que Paltrinieri dispose d’une solide notoriété en Italie et dans le monde. C’est un nageur que le public connaît. Donc, en venant sur l’eau libre, il apporte un éclairage médiatique. C’est aussi la preuve que la discipline séduit et qu’il y a des médailles à prendre. Pour autant, il ne gagne pas toutes les courses. C’est bien la preuve que notre sport demande de l’expérience, que la concurrence est rude et qu’elle n’est pas à la portée du premier venu.
Qu’est-ce qui sera le plus important dans les prochains mois ?
Il faudra impérativement retrouver les conditions dans lesquelles nous évoluerons aux JO de Tokyo. Il est primordial de se mettre en condition et de ne rien laisser au hasard. Il va falloir multiplier les stages en eau chaude, mais ce n’est pas évident en ce moment. Disons que le contexte sanitaire ne simplifie pas notre préparation. Peut-être faudra-t-il privilégier des îles comme la Guadeloupe ou la Martinique ?
Recueilli à Jablines par Adrien Cadot