Au moment du clap de fin des championnats d'Europe junior qui se sont déroulés à Malte du 30 juin au 04 juillet, nous avons recueilli les impressions de Delphine Maréchal, responsable de l'Equipe de France junior en natation artistique.
Depuis juin 2019, nous n'avions plus eu de compétitions internationales juniors en raison de la pandémie. Quelles sont les sensations pour cette reprise d'activité internationale ?
Cela fait un bien fou (sourire)… C’est tellement important pour ces jeunes athlètes de pouvoir s’exprimer à l’international. La compétition est l’essence même du sport de haut niveau, c’est ce qui donne du sens à notre travail. Je note également que la compétition est un accélérateur dans la formation des nageurs, c’est un moment de confrontation fort et donc une opportunité à pousser nos athlètes plus loin. C’est aussi un moment de vérité !
(Photo : FFN)
Les Euro Juniors viennent de se terminer. Quels sont pour toi les éléments les plus marquants ?
Je retiens de ces championnats d’Europe la suprématie du bloc de l’Est avec toujours la domination de la Russie sur la natation artistique européenne, la confirmation du rôle d’outsider des ukrainiennes et la forte progression des biélorusses. Une compétition très fournie avec un nombre important de nations (28). Un niveau élevé avec la présence de nageuses plus âgées que la catégorie junior habituelle puisque le contexte sanitaire a permis de maintenir les athlètes âgées de 19 ans dans la catégorie.
Que penses-tu du bilan des nageuses tricolores ?
C’est un bilan satisfaisant. Le clan tricolore revient avec deux médailles de bronze avec les duos mixtes technique et libre de Quentin RAKOTOMALALA et Madeline PHILIPPE. Les équipes (techniques et libres) ainsi que le duo technique s’emparent de la sixième place européenne et les solos technique de Romane LUNEL et libre d’Oriane JAILLARDON se classent septième. La France a présenté des chorégraphies abouties avec un bon niveau d’exécution et un engagement fort de l’ensemble des nageur(ses) pendant toute la durée de la compétition.
Quentin RAKOTOMALALA et Madeline PHILIPPE (Photos : FFN).
Comment as-tu trouvé l'état d'esprit des nageur(ses) de l'équipe de France Junior ?
Très bon état d’esprit de la part de l’ensemble des athlètes, bien que plutôt jeunes et peu expérimentés.
Selon toi qu'est ce qui sépare les Françaises des meilleures nageuses européennes ?
Par rapport aux meilleures nations européennes qui sont également les meilleures nations mondiales, on peut constater un déficit de puissance et de force sur le niveau technique. Pour autant, nous pouvons acter des progrès par rapport à nos concurrentes directes : nous sommes devant les Grecques sur les épreuves collectives et le duo et nous nous rapprochons de l’Italie. Nous manquons d’un réel manque de confiance en nous qui nous pénalise.
La délégation tricolore engagée aux Euro juniors de Malte (Photo : FFN).
Qu'as-tu envie de mettre en place pour améliorer le niveau des tricolores ?
J’ai surtout pris conscience cette année avec le Tournoi de Qualification Olympique des seniors et cette compétition chez les juniors que le niveau technique est important mais pas suffisant pour gagner. Je souhaiterai avant tout que la France prenne conscience de la valeur des athlètes français : cela commence par les athlètes eux-mêmes, bien sûr, les coaches également, mais aussi toute l’institution et l’environnement sportif qui gravitent autour de l’équipe de France. Nous n’avons pas à rougir de notre niveau. Nous avons des athlètes talentueux, il nous faut continuer dans notre travail, ne pas se fixer de limite. Nous devons progresser sur la manière de se présenter et chercher à développer le charisme propre aux fortes nations. Nous ne devons pas nous limiter à regarder nos concurrentes directes, mais chercher à rejoindre des adversaires mieux classés dans la hiérarchie européenne comme les espagnoles ou les italiennes. Je ne pense pas que sur cette compétition nous étions si loin des Italiennes, par exemple. Au contraire, nous aurions pu mériter d’être devant l’Italie sur certaines épreuves (en duo mixte technique et libre, ndlr). A nous d’affirmer plus fort nos ambitions et notre niveau afin de marquer les esprits des juges. A noter que certains juges ont osé nous positionner devant l’Italie. C’est un bon début !
Propos recueillis par Sylvie Neuville