En charge de la relève au sein de la Direction technique nationale, Denis Auguin, ancien entraîneur d’Alain Bernard, champion olympique du 100 m nage libre aux Jeux de Pékin en 2008, ne cache pas le plaisir qu’il a eu d’évoluer au sein de l’équipe de France de natation tout au long des championnats du monde de Budapest (18-25 juin). Il ne cache pas non plus son admiration pour la nouvelle génération qui a profité du rendez-vous hongrois pour se révéler sur la scène mondiale et plus particulièrement du talentueux et désormais double champion du monde des 200 et 400 m 4 nages, Léon Marchand. Entretien bilan.
Quelle image retenez-vous de cette prolifique semaine hongroise ?
Je crois que la victoire de Léon (Marchand) en finale du 400 m 4 nages (samedi 18 juin) a marqué les esprits. Son niveau de performance était tout simplement exceptionnel. N’oublions pas non plus qu’il est toujours plus facile de commencer par un gros résultat que par une journée catastrophique. Cela dit, le staff de l’équipe de France travaille beaucoup sur cette dimension psychologique. Que cela démarre bien ou que les débuts soient poussifs, il importe de rester focus sur nos objectifs afin de ne pas perdre le fil de la compétition.
De tels résultats peuvent-ils faire tomber la natation tricolore dans une sorte d’euphorie ?
Il faut relativiser le niveau de ces Mondiaux. Il n’y pas les Russes et plusieurs tops nageurs n’étaient également pas présents. Après, nous sommes concentrés sur notre compétition. Nous aurions pu faire les mêmes performances et moitié moins de médailles que nos Mondiaux seraient quand même réussis. Ce qui est important, c’est que nous avons désormais des athlètes qui nagent vite au bon moment et qui continuent de progresser dans leur démarche de haut niveau. Finalement, le bilan de médailles n’est pas encore très important pour le moment. Le bilan, on le fera après les Jeux de Paris. Là, ce qui compte, c’est de nous donner la chance de performer en 2024.
Denis Auguin (à droite) en compagnie de Jacco Verhaeren (à gauche) et de Julien Issoulié (au centre) (KMSP/Stéphane Kempinaire).
Le DTN Julien Issoulié nous a confié à l’issue de cette dernière journée de compétition que tout avait souri à l’équipe de France. Partagez-vous son analyse ?
Oui, absolument ! Il suffit de regarder les chronos en finale pour constater que plusieurs de nos médailles ont été glanées pour quelques centièmes. Donc oui, cette semaine, tout nous a souri. Mais ce n’est pas une histoire de chance…
A quoi cela tient-il alors ?
Au travail, à l’exigence, à l’investissement, à tout ce que le staff tricolore a mis en place pour permettre aux nageurs français de performer. Je crois aussi que nous avons changé d’approche.
Comment ça ?
Aujourd’hui, nous sommes convaincus que tout est possible, notamment de réaliser de bons Jeux olympiques en 2024. Notre but, c’est d’arriver à Paris en ayant les capacités de répondre présent.
Quel regard portez-vous sur la présence de Bob Bowman au sein de l’équipe de France durant la totalité des Mondiaux et même lors du stage de l’équipe de France organisé à Canet-en-Roussillon début juin ?
Il est très intéressant à observer coacher. Même si on sait globalement ce qu’il fait, le voir en action est vraiment très enrichissant.
A quel niveau ?
Dans la minutie et le soin qu’il accorde à tous les détails.
Denis Auguin lors du stage de l'équipe de France à Canet-en-Roussillon début juin (KMSP/Stéphane Kempinaire).
Qu’en est-il, à présent, du Néerlandais Jacco Verhaeren, le Directeur des équipes de France depuis septembre 2021 ?
Jacco est incroyablement pragmatique. Il a une faculté à ne mettre aucun affect dans les décisions qu’il prend. Je crois sincèrement qu’il nous aide à gagner du temps en rationnalisant notre fonctionnement.
Plus spécifiquement, comment expliquez-vous le cap chronométrique qu’a franchi Léon Marchand à Budapest (champion du monde des 200 et 400 m 4 nages et vice-champion du monde du 200 m papillon, ndlr) ?
C’est l’émergence d’un nageur de très grande classe mondiale ; et cela à tous les niveaux : en termes de performance comme dans la gestion des courses et de l’enchaînement des épreuves. Il était fatigué en fin de semaine. Ce n’est pas encore Michael Phelps, mais il est en train d’acquérir une énorme expérience. Réaliser pareille compétition à seulement 20 ans, c’est juste incroyable !
A Budapest, Adrien Cadot