Bon, ce n’est pas encore une finale olympique, ni même celle des championnats du monde qui se tiendront en Corée en juillet prochain, mais la quatrième place du 200 m nage libre de Jordan Pothain au FFN Golden Tour-Camille Muffat de Marseille sonne comme un renouveau. C’est lui qui l’affirme. Pour le chrono, il faudra encore attendre un peu (1’49’’43), mais le néo-Niçois (il a rejoint le groupe de Fabrice Pellerin en début de saison, ndlr) semble avoir retrouvé le goût de la compétition et, plus encore, celui de repousser ses limites et de se faire plaisir, tout simplement.
Comment te sens-tu ?
Dans la tête ça va super bien, donc le reste suit à peu près…
Pourquoi « à peu près » ?
Physiquement, c’est très dur ! Je ressens vraiment un grand manque de fraîcheur ces derniers temps. C’est comme si je n’avais pas coupé depuis très longtemps. Je me sens en difficulté, mais pourtant il y a des progrès quotidiens qui viennent me regonfler le moral. Pour l’instant, ça ne se voit pas encore chronométriquement, mais il y a vraiment de bonnes choses. Je me sens d’éclater quand la forme sera de retour.
(KMSP/Stéphane Kempinaire)
Aux championnats de France de Rennes, par exemple ?
C’est l’objectif ! J’en ai discuté avec Fabrice et c’est vrai que c’est championnats arrivent un peu tôt pour moi.
Comment ça ?
Cela ne fait que sept mois que je m’entraîne à Nice. Je suis encore en train de me transformer, je n’ai pas pu me stabiliser, mais je sens qu’il y a du mieux et que si la forme est enfin au rendez-vous, ça peut donner de belles choses.
Jérémy Stravius et Jordan Pothain, les néo-Niçois (KMSP/Stéphane Kempinaire).
Partir à Nice, c’était donc la meilleure chose à faire.
Je n’en ai jamais douté ! Aujourd’hui, je sais que c’est ce qu’il me fallait. Je n’ai aucun regret. Je me régale au quotidien.
Tu donnes en tout cas l’impression d’être plus détendu.
Oui, on peut parler de renouveau (sourire)… Mon quotidien à Nice est génial. Le travail difficile, mais intéressant. Et puis l’ambiance collective au sein du groupe est formidable. Ça me tire vers le haut.
Le gang niçois : Jérémy Stravius, Jordan Pothain et Charlotte Bonnet (KMSP/Stéphane Kempinaire).
La présence de Jérémy Stravius, monstre d’expérience sur la scène internationale, et de Charlotte Bonnet, locomotive de la natation tricolore depuis les Jeux de Rio, contribue-t-elle à ce renouveau ?
En termes de performance, j’ai rejoint un groupe de très haut niveau. Ils m’obligent à me surpasser tous les jours. J’espère que j’apporte ma pierre à l’édifice, mais j’ai conscience de travailler quotidiennement avec des médaillés internationaux. Ça donne envie d’aller chercher des médailles. Je prouve d’ailleurs que j’en ai les capacités tous les jours, du moins j’essaie (sourire)…
As-tu le sentiment que les dernières saisons frustrantes que tu as vécues t’ont permis de murir en tant qu’homme ?
Oui, je le crois… J’ai notamment retrouvé des notions que j’avais un peu mis de côté…
Lesquelles ?
Me faire plaisir, sentir que je progresse… En fait, j’étais enfermé dans une routine d’entraînement. Je n’avais pas de mal à m’investir, mais je ne me trouvais plus, j’étais en difficulté tous les jours. A Nice, j’ai trouvé un nouveau challenge. Comme je l’ai dit, ce n’est pas toujours simple, mais j’arrive à franchir des paliers. Je sens que je progresse.
Recueilli à Marseille par A. C.