Il était venu chercher un temps, celui de préqualification pour l’étape de coupe d'Europe qui se disputera la semaine prochaine à Eilat (Israël), et il est reparti avec, sans forcer (15’14’’91 pour des critères à 15’18’’00, ndlr). Forcer, de toute façon, il n’aurait pas pu. Blessé à l’épaule, David Aubry s’est aligné sur le 1 500 m nage libre du FFN Golden Tour-Camille de Muffat en manque de repères et de certitudes. De l’envie et des ambitions, il en a pourtant à revendre, mais encore faut-il qu’il puisse donner sa pleine mesure le week-end prochain en Israël, puis dans trois semaines au championnats de France de Rennes (16-21 avril), où il ambitionne de décrocher (aussi) son ticket en bassin pour les championnats du monde de Gwangju.
David, qu’es-tu venu chercher à Marseille ?
D’abord, le temps de qualification pour participer à l’étape de coupe d'Europe d’Eilat. J’ai réussi le chrono d’entrée (vendredi 22 mars). Philippe (Lucas) m’avait demandé de ne pas forcer parce que je me suis blessé la semaine dernière à l’entraînement.
Où ça ?
Au sous scapulaire (muscle postérieur de l’épaule, ndlr). Ça trainait depuis un moment, mais je croyais que ce n’était qu’une gêne et que ça allait finir par disparaître. Sauf que mardi soir (le 19 mars), j’ai eu mal. Quelques heures plus tard, je ne pouvais quasiment plus rien porter. Le lendemain (mercredi 20 mars), j’ai essayé de nager, mais c’était trop douloureux. Du coup, je me suis contenté d’une séance de jambes.
(KMSP/Stéphane Kempinaire).
Mais alors que fais-tu à Marseille ?
Au début, il n’était pas prévu que je nage au Golden Tour. Philippe m’avait dit de rester au calme. Mais je voulais à tout prix faire le temps de préqualification. Une fois le chrono réalisé en séries du 1 500 m nage libre, je me suis employé à gagner la finale le deuxième jour (samedi 23 mars). J’ai nagé sans forcer. Je ne voulais pas me faire mal.
On a, en effet, senti que tu gérais la course.
J’ai attendu le plus longtemps possible avant d’accélérer un peu dans les dernières longueurs pour être certain de finir devant.
(KMSP/Stéphane Kempinaire).
Qu’en est-il de ta blessure ?
J’ai ressenti une pointe à mi-course. C’est aussi pour cette raison que je ne me suis pas trop employé. Le temps de préqualification était fait. Il s’agissait seulement de gagner la finale.
Comment va s’organiser la semaine qui arrive ?
Priorité sera donnée à la récupération ! J’irais faire une échographie avant de partir en Israël pour savoir concrètement le protocole qu’il faut mettre en place pour soigner cette blessure. J’espère que ce n’est rien ou pas grand-chose… on verra !
(KMSP/Stéphane Kempinaire).
La situation ne doit pas être simple à vivre compte-tenu de l’enjeu olympique qui se profile la semaine prochaine.
Ça tombe au mauvais moment. C’est un coup de malchance, mais ce sont aussi les risques du métier. Reste qu’une blessure aux épaules en natation, c’est quand même très problématique. Alors forcément, je suis un peu en dedans en ce moment. Je pense beaucoup aux Jeux de Tokyo. J’aimerais beaucoup y participer, mais je ne sais pas encore sur quelle distance.
Ton cœur balance-t-il toujours entre l’eau libre et le bassin ?
L’eau libre, c’est ma discipline ! J’en fais depuis toujours. Le bassin, c’est plus récent. J’ai vraiment commencé à progresser depuis l’année dernière. En ce moment, je m’aperçois que je peux nager encore plus vite alors pourquoi ne pas viser une qualification sur les deux spécialités ?
David Aubry lors de l’épreuve du 10 km des championnats d’Europe de Glasgow (KMSP/Stéphane Kempinaire).
La semaine prochaine, à Eilat, la confrontation sera principalement franco-française puisqu’il faudra finir dans les deux premiers tricolores pour se qualifier pour les Mondiaux de Gwangju (Corée du Sud). De qui devras-tu te méfier en particulier ?
Nous serons six (Marc-Antoine Olivier, Axel Reymond, Logan Fontaine, Joris Bouchaut, Damien Joly et David Aubry, donc, ndlr) et tout le monde aura ses chances !
Reste que Joris et Damien n’ont pas votre expérience de l’eau libre.
C’est sûr que nous avons davantage de vécu dans la discipline, mais bon, quand tu vois que l’Allemand Florian Wellbrock est champion d’Europe du 1 500 m nage libre (Glasgow) et qu’il est déjà très performant en eau libre (il a remporté une étape de la Coupe du monde de marathon FINA au Balaton, en Hongrie, le 16 juin 2018, ndlr), tu te dis que les nageurs de bassin ont une carte à jouer. Il faut s’en méfier. Ce serait une erreur de les prendre de haut. Wellbrock, il sait tout faire maintenant. Ça le rend encore plus dangereux.
David Aubry (deuxième en partant de la gauche) célèbre le bronze du relais mixte remporté aux championnats d’Europe de Glasgow en compagnie de Lara Grangeon, Lisa Pou et Marc-Antoine Olivier (KMSP/Stéphane Kempinaire).
Ça rend quand même les prochaines échéances particulièrement intéressantes, non ?
Il est certain que pour les compétiteurs que nous sommes, l’arrivée des nageurs de bassin est excitante. Le niveau n’a peut-être jamais été aussi dense. Ceux qui vont gagner des médailles dans les prochaines années seront vraiment forts, tant physiquement, mentalement que sur le plan stratégique.
Recueilli à Marseille par A. C.