Alors qu’il avait cassé la fameuse barrière de la minute au 100 m brasse pour la première fois il y a deux ans et demi à Saint-Raphaël, Théo Bussière a réédité cette performance ce matin dès les séries. Après deux ans de galère marqués par une blessure et une opération à l’épaule, le brasseur tricolore est heureux de retrouver ses sensations et d’évoluer à son meilleur niveau.
T’attendais-tu à évoluer à un tel niveau ?
J’ai fait des trucs à l’entraînement qui me permettait d’envisager un retour à ce niveau. L’inconnu, c’était les repères. Dès que je plongeais, je ne trouvais pas ma nage, j’avais du mal à trouver mon rythme. Dans l’engagement énergétique, je partais souvent trop fort. C’était un peu l’inconnu de l’équation. Je n’’ai pas très bien dormi et j’étais stressé parce que je sais que je suis capable de nager vite, mais je ne savais pas si mon corps allait répondre présent et si j’allais pouvoir mettre en place mon schéma de course. Finalement ça a bien répondu. Ce soir avec le jus de la finale, je peux partir plus vite et revenir à la même vitesse.
On te sent heureux d’être ici.
Même si j’étais un peu stressé, c’est une compétition au cours de laquelle je n’ai rien à perdre. C’est évident que j’aimerais réaliser le temps de qualification olympique (59’’45) dès maintenant, mais au pire il y aura toujours le mois de juin. Ce n’est que du bonus et ça fait vraiment plaisir d’être là, de retrouver des repères et de nager vite dès les séries.
D’autant que tu as connu des moments difficiles avec des blessures et une opération à l’épaule. Qu’as-tu ressenti en voyant ton temps de ce matin ?
Ça fait plaisir. Je pense aux coaches, au moment difficile qu’on a traversé ensemble. Ce n’est pas évident d’entrainer un mec qui revient de blessure et qui a encore des craintes de rechute. Ils serrent les dents à nous entrainer, nous on se retient parfois de tout envoyer valser. Mais tout ce qu’on fait au quotidien, même si c’est dur, c’est pour vivre ce genre de moment. Je profite et je savoure.
Photo: KMSP/Stéphane Kempinaire
Beaucoup d’athlètes ont mal vécu l’arrêt lié au confinement. As-tu réussi à relativiser par rapport à tes précédents arrêts pour blessure ?
J’ai vécu des arrêts où j’étais le seul a arrêté et tous mes concurrents qui poursuivent l’entraînement. Je peux te dire que quand tu sais que tout le monde s’arrête, tu es un peu plus tranquille. J’en ai parlé avec d’autres nageurs. Certes on s’est arrêté, mais c’est plus difficile à gérer quand tu as la sensation que le train part sans toi. On était tous dans le même bateau. Il convenait de le vivre le plus sereinement possible et de revenir avec les crocs.
Penses-tu avoir le temps de qualification olympique dans les jambes pour la finale ?
Si je ne m’assois pas d’ici deux minutes, je ne l’aurais plus dans les jambes (rires).
Recueilli par J. C.