Tombé dedans quand il était petit, sur les traces de son père Guy, mentor de Michel Rousseau et de Stéphane Caron, Eric Boissière a voué toute sa vie une véritable passion à la natation. Sous toutes ses formes, sur toutes ses distances.
Après des débuts dans le journalisme… sportif, bien entendu, le Normand s’est rapidement tourné vers l’entraînement. Au Havre d’abord, où il découvre Xavier Savin, puis à la tête du pôle France de Rouen, où il succède à son père et participe activement à l’éclosion de quelques-uns des plus grands talents tricolores de ces deux dernières décennies. Julien Sicot, Fabien Gilot, Grégory Mallet ou Diane Bui Duyet sont de ceux-là. Passés entre les mains du « Viking », ils ont non seulement gardé de cette période le geste juste, mais aussi une grande humanité. Parce qu’Eric était comme ça. Un technicien de talent, capable de mener ses protégés jusque sur la plus haute marche de podium (et des dizaines de titres de champions de France sont venus le démonter tout au long de sa carrière), mais aussi un éducateur et un pédagogue. Un homme toujours capable de se remettre en question pour mieux apprendre à apprendre !
Éric Boissière, ici en compagnie de Stéphane Lecat, ravitaille pendant les championnats du monde de Budapest 2017 qui avaient notamment vu son jeune protégé Logan Fontaine rafler l’or avec le relais mixte composé d’Aurélie Muller, Océane Cassignol et Marc-Antoine Olivier (KMSP/Stéphane Kempinaire).
Estampillé sprint et piscine pendant des années, Eric Boissière découvre l’eau libre et la longue distance presque par hasard, en accompagnant l’un de ses élèves, Damien Cattin-Vidal (qui a pris aujourd’hui sa suite aux Vikings de Rouen) aux championnats de France 2010 à Mimizan. Une première expérience qui se déroule plutôt bien puisque son protégé repart avec la médaille de bronze du 10 km autour du cou. Sans renoncer à ses premières amours, Eric va dès lors se consacrer aussi, et avec autant de succès, à sa nouvelle passion en apportant ses conseils éclairés à David Aubry, Marc-Antoine Olivier (futur médaillé olympique de la discipline à Rio 2016, ndlr) ou bien encore au jeune Logan Fontaine, champion du monde avec le relais mixte tricolore lors des championnats du monde de Budapest, l’été dernier. C’est d’ailleurs pour qu’il continue à s’occuper de ses nouveaux champions, que le cadre technique, pourtant atteint par la limite d’âge et voué à la retraite, avait été « prolongé » dans ses fonctions par la direction technique nationale jusqu’en 2019. Eric n’ira malheureusement pas jusqu’au bout de cette dernière mission. Il nous a, en effet, quitté ce 2 février 2018 à l’âge de 66 ans, vaincu par une longue maladie.
J.-P. C. (avec A. C.)