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C’est avec la voix chevrotante et les yeux humides que Florent Manaudou s’est présenté devant la presse à l’issue de sa deuxième place sur 50 m nage libre (21’’41). Pour la première fois de sa carrière, le champion olympique de la distance en 2012 a fait tomber le masque. Entretien.

Florent, quel sentiment prédomine après cette finale ?

Un sentiment de déception avant tout. Sur cette compétition, je me suis bien senti. J’ai réalisé un bon 100 m en début de semaine avec le relais. En séries et en demi-finale, je maitrise vraiment. Mais finalement je fais l’inverse de ce que j’ai fait il y a quatre ans. C’est vraiment dommage. C’est le sport. Il fallait être bon aujourd’hui et malheureusement, j’ai été meilleur hier.

As-tu senti que la victoire allait être difficile à aller chercher durant la course ?

J’ai senti que ma reprise de nage n’était pas très bonne. J’étais trop au-dessus de l’eau et je n’arrivais pas à créer de vitesse. Quand quelque chose ne se passe pas bien dès le début de la course, on cogite beaucoup et je sais qu’Anthony Ervin nage très vite en nage pure. J’ai sûrement commis des erreurs durant cette course parce que je me sentais capable de nager 21’’1 comme l’année dernière. C’est une course d’un jour et le sport ce n’est pas que gagner.

Le fait de perdre pour un centième, ajoute t-il de la frustration ?

Que ce soit un centième ou plus, ça ne change rien. Je voulais juste gagner. Je m’en fichais du temps. Aujourd’hui je perds. J’ai quand même vécu une belle histoire ici. J’ai vécu une bonne semaine. Je me suis régalé. Je pense avoir fait les bons choix. C’était dur ce soir.                                    

Comment vois-tu l’avenir ?

Pour l’instant, je vais essayer d’oublier tout ça en regardant d’autres sports et souhaiter bonne chance à tous ceux qui ont encore des épreuves aux Jeux. Malheureusement, je n’arrive pas à apporter une nouvelle Marseillaise à la France.

Sais-tu ce que tu vas faire à la rentrée ?

Je ne me suis pas encore posé cette question. Je vais avoir besoin de souffler, c’est sûr. Revenir ou pas, je ne sais pas. J’ai envie de prendre du plaisir dans ma vie. J’ai envie de pratiquer des sports qui me tiennent à cœur et on verra où ça me mène. Si j’arrête ce sera pour faire une autre activité. Si je continue, ce sera pour trouver encore des réponses à mes questions. Je suis content d’avoir passer cinq ans en équipe de France et d’avoir accompli tout ça.

Tu sembles très ému. Tout se bouscule dans ta tête.

Oui, tout se bouscule. Je pensais vraiment pouvoir boucler la boucle ce soir. C’est un peu dur mais on va vivre avec.

Est-ce le moment le plus difficile de ta carrière ?

C’est un moment très difficile en tout cas. Mais, il y a tellement de personne qui rêverait d’obtenir une médaille d’argent aux Jeux Olympiques. Je pense notamment à Camille Lacourt. J’espère qu’on aura quand même réussi à faire rêver les Français, même si on n’a pas réussi de super Jeux Olympiques.

Un moyen de boucler la boucle. Ça signifie que si tu avais gagné, tu savais déjà ce que tu souhaitais faire ?

Ça aurait peut-être plus facile à choisir en tout cas.

Recueilli à Rio, par J. C. 

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