En dépit de résultats en demi-teinte (élimination en demi-finales des 50 m papillon et 50 m nage libre, ndlr), Florent Manaudou, 31 ans, a salué les résultats enregistrés par les Bleus aux championnats du monde de Budapest (18-25 juin). En capitaine investi, il s’est également félicité du renouvellement générationnel et plus encore de l’énergie et de l’état d’esprit affichés par un groupe tricolore plus que jamais lancé sur son orbite olympique.
Est-ce que le capitaine est satisfait de cette semaine hongroise ?
Oui, évidemment ! L’équipe est belle, les individualités performantes. Nous sommes allés chercher des podiums qu’on attendait pas. C’est toujours agréable lorsque ça bascule du bon côté. Je note surtout que beaucoup de jeunes ont remporté des médailles et je trouve ça génial ! Je pense aussi qu’en termes d’expérience, nous avons beaucoup appris sur ces championnats. L’énergie collective nous a portés. C’est un peu ce que j’avais vécu sur ma deuxième équipe de France aux Jeux olympiques de Londres en 2012 (il avait étrenné sa première sélection aux Mondiaux de Shanghai en 2011, ndlr).
Au-delà des podiums, l’équipe de France de natation a également enregistré un nombre impressionnant de finales.
L’année dernière, aux Jeux de Tokyo, cela avait été compliqué alors que l’équipe était sensiblement la même. Cette année, tout a tourné en notre faveur. En tant qu’ancien qui a connu plusieurs championnats du monde, je suis séduit par l’énergie que dégage ce collectif. Tout est en train de se mettre en place pour les Jeux de Paris.
(KMSP/Stéphane Kempinaire)
Comment génère-t-on de l’énergie dans une équipe ?
Par les victoires. Et gagner dans les premiers jours, c’est important pour la dynamique d’un groupe. Léon (Marchand) a bien lancé la machine sur 400 m 4 nages (médaille d’or en 4’04’’28 le samedi 18 juin, ndlr). Ce sont des choses que l’on ne met pas forcément en mots, mais ces émotions font leur chemin dans tous les esprits.
Comment qualifierais-tu l’ambiance au sein de cette équipe ?
Je dirais qu’elle est fraîche ! Les nageurs qui ont remporté des médailles cette semaine sont âgés de 20, 21 ou 22 ans. Ils sont jeunes et c’est important de disposer de forces vives. Mélanie (Henique, 29 ans) a gagné une médaille d’argent sur 50 m papillon, et je suis très content pour elle, mais il est fondamental que notre relève s’émancipe sur la scène mondiale.
(KMSP/Stéphane Kempinaire)
Léon (Marchand) a d’ailleurs rappelé qu’il avait ressenti une énergie particulière lors du stage de l’équipe de France à Canet-en-Roussillon début juin. Le confirmes-tu ?
C’est en effet un moment fondateur. Je dirais que cela a même débuté après les championnats de France de Limoges (5-10 avril) lorsque Jacco (Verhaeren, Directeur des équipes de France) a réuni toute l’équipe après la compétition pour échanger et nous souder. En arrivant à Canet, début juin, il y avait déjà des liens, un esprit d’équipe. Les jeunes ont pu facilement s’intégrer. D’une certaine manière, je trouve que Jacco nous permet de gagner du temps.
As-tu pris la parole cette semaine ?
Oui, pour parler de ce que j’ai connu. Jacco nous donne, à Mélanie et à moi (les capitaines des Bleus, ndlr), un rôle important. Je parle beaucoup de plaisir et d’énergie parce que je suis sur la même longueur d'onde que Jacco là-dessus.
Est-ce que cela t’aide aussi à relativiser tes résultats en Hongrie ?
Oui, forcément ! Pendant des années, j’ai parfois eu l’impression d’avoir besoin de « sauver » l’équipe alors que là, je trouve que nous sommes un groupe fort et uni. Cela me donne de la fraîcheur. J’ai envie de faire partie de la fête et de nager vite.
Maxime Grousset et Florent Manaudou (KMSP/Stéphane Kempinaire).
Tu as été sacré champion olympique du 50 m nage libre aux Jeux de Londres à 21 ans. Léon Marchand vient d’être sacré double champion du monde des 200 et 400 m 4 nages à 20 ans. As-tu des conseils à lui donner ?
De rester loin des journalistes (sourire)… Après, il sera très attendu à Paris dans deux ans. C’est quelque chose que je n’ai jamais vécu. Mais je crois qu’il est très bien entouré et qu’il saura faire face. Je pense aussi que s’entraîner aux Etats-Unis avec Bob Bowman va lui permettre de rester à distance de l’effervescence olympique. En France, on aime valoriser nos champions, mais cela a aussi un prix. En Amérique, il va évoluer dans un mode ultra compétitif qui va lui permettre de rester performant.
Pour finir, parlons un peu de sprint. Dirais-tu que Maxime Grousset s’est assis à la table des "grands" pendant ces Mondiaux à Budapest (le nageur de Michel Chrétien a décroché l’argent du 100 m nage libre et le bronze sur 50 m nage libre, ndlr) ?
Il l’était déjà l’année dernière en prenant la quatrième place du 100 m nage libre aux Jeux de Tokyo, mais là, c’est vrai qu’il a confirmé sur la distance reine tout en mettant son 50 m au niveau de son 100 m. Honnêtement, c’est aussi une bonne nouvelle pour moi (sourire)…
A Budapest, Adrien Cadot