Battues en huitièmes de finale par une solide formation australienne (2-16), les Françaises n’ont jamais été en mesure de développer leur jeu. Bien que frustré par la physionomie de la rencontre, l’entraîneur tricolore Florian Bruzzo tenait avant tout à dresser un bilan lucide et objectif de la confrontation.
Comment analyses-tu la prestation de tes joueuses ?
Nous n’avons pas joué. Pour l’instant, il faut le dire, nous ne sommes pas prêts à faire du haut niveau !
Qu’entends-tu par-là ?
Le haut niveau, c’est jouer tous les deux jours avec la même intensité, c’est digérer des demi-journées de repos sans perdre le fil de la compétition…
Fais-tu plus spécifiquement allusion au premier quart temps perdu par les Bleues 0-5 ?
Non, pas spécialement, c’est plus général. Nous avons des positions de shoot, des périodes de domination, mais on ne joue pas. Nous ne sommes pas assez agressifs. La vérité, je le répète, c’est que nous ne sommes pas prêts à jouer les équipes du top niveau mondial. Pour autant, il n’y a rien de grave ni de définitif…
Florian Bruzzo en compagnie de ses joueuses pendant la rencontre face à l'Australie (Deepbluemedia).
Ces Mondiaux peuvent-ils servir de déclic ?
C’est l’été tout entier qui doit servir de déclic. J’inclus la préparation pour les Mondiaux, les championnats du monde de Budapest et les Universiades que nous disputeront à la fin de l’été avec quasiment la même équipe. L’idée, c’est de profiter de ces semaines passées tous ensemble pour incorporer les jeunes joueuses, remettre à plat les habitudes de travail des « anciennes » et recréer un équilibre collectif.
A l’issue de ces compétitions estivales penses-tu disposer d’une vision plus claire de ton groupe ?
J’en saurais davantage sur les motivations des unes et des autres ainsi que sur les projections pour les Jeux de 2020 et de 2024. Nous sommes en train d’éclaircir pas mal de choses. La victoire contre le Japon nous a permis de jouer un match de plus pour étalonner tout le groupe…
Tout n’est donc pas si négatif.
Non, c’est un super été qui va nous permettre d’enchaîner beaucoup de rencontres internationales, mais il ne faut pas se leurrer, nos joueuses disputent dans le meilleur des cas quatre rencontres européennes et six de Ligue mondiale par saison alors que leurs adversaires jouent des matchs internationaux quasiment tous les week-ends.
Louise Guillet (Deepbluemedia).
La différence de niveau se situe à ce niveau-là ?
Pas seulement, il y a aussi le travail individuel au quotidien. Déjà, le water-polo français souffre d’un manque de place dans les piscines, mais le water-polo féminin est encore plus à la marge. Je ne me mets au-dessus de rien ni de personne, je dresse juste un constat simple de la situation. La fédération m’a proposé une solution à la rentrée pour entraîner plus les filles.
C’est un premier pas encourageant.
Bien sûr, mais ce n’est qu’un premier pas. Vous savez, moi, je n’exclus personne. Je suis prêt à accueillir toutes les filles qui veulent faire du haut niveau. Mais pour ça, il y a des critères à respecter. Tout le monde veut aller en équipe de France, tout le monde veut participer aux championnats du monde, mais tout le monde ne peut pas remplir les critères du haut niveau.
Recueilli à Budapest par A. C.
FRANCE-AUSTRALIE : 2-16
France : Counil, Millot (1), Bachelier, Sacre Aurore, Guillet, Mahieu, Valverde, Battu (1), Sacre Adeline, Deschampt, Barbieux, Daule, Derenty.