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L’équipe de France féminine de water-polo ne disputera pas les Jeux de Tokyo. Cinquièmes (sur huit) du Tournoi de Qualification Olympique (TQO) organisé à Trieste (Italie) du 19 au 24 janvier dernier, les joueuses de Florian Bruzzo se sont inclinées en quart de finale face à l’ogre hongrois (7-20). Loin de baisser les bras, le sélectionneur national a d’ores et déjà le regard tourné vers les Jeux de Paris. Trois années, c’est le temps qui sépare désormais le collectif national d’un rendez-vous qui doit permettre à la discipline de se faire une place dans le cœur des Français.

Que vous inspire la 5e place glanée par les Bleues au TQO ?

Nous avons disputé cette compétition avec un groupe rajeuni dont nous ne savions pas ce qu’il serait en capacité de produire. En arrivant en Italie, nous ne connaissions également pas l’état de forme et les compositions d’équipe de nos adversaires. Nous savions seulement que nous allions souffrir face à aux grosses équipes, comme c’est le cas depuis plusieurs années. A part ça, nous partions dans l’inconnu avec très peu d’éléments concrets.

Qu’en attendiez-vous alors ?

J’espérais que l’enchaînement des rencontres et la pression de l’événement n’altèreraient pas trop notre jeu. Finalement, les filles ont réussi à conserver un bon état d’esprit, une envie d’aller de l’avant et de produire du jeu. A mon sens, c’est le point positif de ce TQO ! Pour autant, ne pas se qualifier aux Jeux olympiques demeure un échec. Je suis intimement convaincu que l’équipe nationale ne peut pas viser autre chose qu’une participation aux plus grandes compétitions mondiales, dont les JO, évidemment.

Auriez-vous pu espérer un autre résultat avec une équipe de France au complet (Léa Bachelier, Clémence Clerc, Audrey Daule, Aurélie Battu et la gardienne Lorène Derenty étaient absentes à Trieste, ndlr) ?

A mon sens, c’est une question qui ne se pose pas…

Pourquoi ?

Tout simplement parce que certaines filles étaient blessées, d’autres indisponibles pour des raisons personnelles. Il a donc fallu faire des choix et constituer un groupe. Toutes les joueuses qui ont pris part à cette campagne olympique ont donné tout ce qu’elles avaient, aussi bien en match qu’à l’entraînement. On peut toujours s’amuser à refaire l’histoire, mais ça n’avance à rien. Le haut niveau, c’est aussi composer avec les absences des unes ou des autres. L’équipe et le projet priment sur les individualités.

(Deepbluemedia)

Géraldine Mahieu, capitaine de l’équipe de France, voulait, pour sa part, retenir la densification du collectif national à l’issue de ce TQO. Partagez-vous son ressenti ?

C’est le sens du travail mis en place depuis trois ans. A partir du moment où la Fédération a inauguré à l’INSEP un pôle dédié au water-polo féminin, nous nous sommes donnés les moyens d’élargir notre vivier de joueuses pour étoffer nos rangs et rivaliser avec les meilleures nations mondiales. Le chemin est encore long, mais la discipline poursuit sa mue.

Il reste un peu plus de trois ans d’ici les Jeux de Paris en 2024. Cette mue sera-t-elle achevée à ce moment-là ?

Avant cela, il faudra définir avec le président de la FFN (Gilles Sezionale) et le DTN (Julien Issoulié) des objectifs précis pour cette équipe. Ensuite, il importera de bien analyser ce que nous avons réalisé ces dernières années pour ajuster le tir et bonifier le travail à venir. Après, pour ce qui est des trois années qui arrivent, je dirais que nous n’avons pas le choix. Trois ans nous séparent des JO de Paris. Il n’y aura pas de bonus ni de prolongation. Il faudra faire au mieux dans ce laps de temps.

Dans cette perspective olympique, quelle seront les prochaines échéances de l’équipe de France féminine de water-polo ?

Il faudra d’abord être performant aux championnats d’Europe de 2022 pour espérer se qualifier aux championnats du monde de 2023 qui constitueront à bien des égards l’antichambre des Jeux de Paris. N’oublions pas que les compétitions internationales nous offrent un éclairage, mais aussi une occasion d’affronter de grosses cylindrées. Ce n’est qu’au contact des meilleures que nos joueuses progresseront.

Outre ces confrontations internationales, quels leviers allez-vous activer pour soutenir l’éclosion du groupe France ?

Dans l’immédiat, le plus important sera d’avoir des entretiens individuels avec chacune des joueuses pour connaître leurs objectifs et leurs ambitions pour les années à venir. C’est, à mon sens, un rendez-vous à ne pas manquer pour définir une ligne commune et mobiliser toutes les énergies autour d’un projet collectif.

(Deepbluemedia)

Le fait que l’équipe de France féminine de water-polo soit d’ores et déjà qualifiée pour « ses » Jeux de Paris ne constitue-t-il pas un écueil ? Le risque ne serait-il pas de se croire déjà « arrivé » ?

Non, je ne le pense pas ! L’enjeu, à Paris, ce sera d’être performant. Je dirais même que c’est un devoir. Cela passera par des résultats, mais aussi par des émotions…

C’est-à-dire ?

Il faudra faire vibrer le public, lui donner envie de nous suivre, de nous accompagner tout au long de cette aventure exceptionnelle. Il faudra montrer aux Français que le water-polo est un sport formidable.

Vous adhérerez donc pleinement à la notion d’héritage mise en avant par le Comité d’organisation des Jeux de Paris 2024.

Absolument ! L’idée, ce sera de donner envie aux enfants de jouer au water-polo, de susciter des vocations, de faire naître un désir, une vague de soutien dont toute la discipline pourra ensuite profiter. C’est forcément une chance que nous devons saisir. Le seul bémol, ce serait que certaines joueuses qui évoluent en équipe de France depuis longtemps se disent que leur présence aux Jeux est presque « naturelle », qu’elles méritent d’avoir leur place…

Ce qui n’est pas votre définition de la compétition.

Pour moi, seules les joueuses performantes et pleinement engagées dans le projet du collectif national pourront prétendre aux Jeux. Le mérite n’a rien à voir avec le haut niveau. A Paris, nous alignerons la meilleure équipe possible. Ça n’enlève rien à tout le respect que j’ai pour les joueuses qui se donnent sans compter pour l’équipe de France depuis dix ou parfois quinze ans, mais il faudra qu’elles soient performantes et compétitives, au même titre que les plus jeunes qui ont découvert le niveau international au TQO de Trieste.

(Deepbluemedia)

Il y a quelques années, vous disiez manquer de « gabarits » pour rivaliser avec l’élite de la discipline. Qu’en est-il aujourd’hui ? Avez-vous réussi à combler ce déficit ?

Nous disposons de tous les talents nécessaires en France ! Nous n’avons rien à envier à tout ce qui peut se faire en Europe. Ce qui nous manque, c’est le travail quotidien, la répétition des efforts et des confrontations régulières au plus haut niveau. Pour le reste, nous avons des gabarits, des manieuses de ballon, absolument tout pour réussir.

Quel serait votre rêve le plus fou pour Paris 2024 ?

Une médaille, évidemment, mais ce n’est pas un rêve…

Comment ça ?

Je suis entraîneur de l’équipe de France féminine de water-polo : qu’est-ce que je peux viser d’autre qu’une médaille aux Jeux de Paris ? Comme je le disais précédemment, ce n’est pas un rêve, mais un devoir ! Nous avons l’obligation de tout mettre en œuvre pour briller. Pour autant, si nous nous inclinons en quart de finale ou en demi-finale face à plus fort que nous, ce sera la loi du sport. Il faudra l’accepter. Mais si nous donnons tout pour atteindre cet objectif, il n’y aura pas de regrets à nourrir.

Recueilli par Adrien Cadot

(Deepbluemedia)

LE TQO DES FRANCAISES DANS LE DETAIL

Phase de groupe :

- France-Italie : 6 à 19 

- France-Slovaquie : 17 à 9 (Louise Guillet élue Joueuse du match)

- France-Pays-Bas : 6 à 15

La France se classe 3e de sa poule sur 4. Les Tricolores ont donc croisé avec l'équipe qui a fini 2e dans la seconde poule.

Quart de finale :

- France- Hongrie (vainqueure du tournoi) : 7 à 20

Les Françaises ont continué la compétition pour les matchs de classement de la place 5 à 8.

Demi-finale (poule basse) :

- France-Israël : 11 à 4 (Estelle Millot élue Joueuse du match)

Match pour la 5e ou 6e place :

- France-Kazakhstan : 12 à 10 (Géraldine Mahieu (cap) élue Joueuse du match)

La France finit donc 5e sur 8. Les finalistes de la compétition Hongrie et Pays Bas iront à Tokyo. 

 

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