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Vingt-quatre ans après sa dernière participation olympique, le water-polo masculin a réussi son incroyable pari en allant à Rio et en clôturant son aventure collective sur une victoire d’un but face aux Croates. Retour sur cette page d’histoire avec le sélectionneur Florian Bruzzo.

En poste depuis quatre ans, Florian Bruzzo n’a jamais cessé de rêver aux Jeux Olympiques : « Pour atteindre un tel challenge, il faut être focus dessus presque 24 heures sur 24 pendant quatre ans, à la limite de l’obsession », reconnaît l’ancien défenseur de Noisy-le-Sec. Une semaine après son retour des Jeux de Rio, Florian Bruzzo en mesure encore plus l’évidente véracité : « Aux Jeux, tout est dans la démesure, dix fois plus long, dix fois plus grand, dix fois plus difficile, dix fois plus de sollicitations… parfois, dix fois plus d’attentes et le niveau de compétition dix fois plus élevé. Même si les nations sont les mêmes aux championnats du monde voire aux championnats d’Europe la différence est dix fois plus importante entre nous. Pourquoi ? Ces quinze jours, elles les préparent pendant quatre ans. Nous, pendant quatre ans, nous dépensons une énergie folle pour nous y qualifier. En y arrivant, nous les vivons les yeux grands ouverts, comme un rêve éveillé. Elles, déjà, sont concentrées sur le podium. Mais tout ce que nous venons d’apprendre nous servira pour plus tard…». Plus qu’une phrase, une promesse !

En atterrissant à Rio, l’équipe de France n’avait pas le souffle frais, mais récupérait déjà d’un long marathon pour arracher sa qualification. En atterrissant à Rio, les Bleus ont surtout vécu un rêve éveillé comme le raconte Florian Bruzzo : « Dès la descente de l’avion, nous entrons dans cette autre dimension, dans un salon organisé spécialement pour nous accueillir, des bus spécialement pour nous, des volontaires nous portant nos sacs, que des lieux spécialement pour nous… Nous atterrissons dans un monde inconnu. Nous arrivons au village olympique, fourmilière à athlètes où nous occupons plusieurs étages d’une tour avec les autres athlètes français. Nous allons manger dans un réfectoire ouvert de jour comme de nuit, où 6 000 personnes se croisent et se recroisent avec des maillots de tous les pays, des connus et des inconnus. Nous rencontrons des journalistes au « Club France », nous les peu rompus aux points presse. D’entrée, même si je m’y étais un peu préparé en écoutant les uns et les autres, tout m’a semblé démesuré. En tout cas, quatre jours après être arrivé au village, j’ai vite compris où étaient nos failles et j’ai aussi vite compris qu’il allait me falloir ajuster quelques curseurs pour mettre fin à ce rêve éveillé sans avoir l’air de jouer les rabat-joie ».

Pour la cérémonie d’ouverture, Florian Bruzzo se sent obligé de bouger son premier curseur « en me rendant à la vox populi puisque tous les gars voulaient aller défiler. Mais raisonnablement, la veille de jouer une première rencontre olympique, il ne faut pas aller griller des heures dans un défilé. Mais comme les basketteurs, les handballeurs et les handballeuses y allaient, j’ai donné mon feu vert. Dans d’autres circonstances, il aurait été rouge ! Là, j’en ai profité pour responsabiliser encore plus les gars qui ont su en faire un boosteur pour leur premier match. Ensuite, le village olympique est un endroit magique où il faut éviter d’arriver trop longtemps en avance. Une semaine avant c’est beaucoup trop. A condition d’atterrir dans le pays hôte plusieurs jours avant pour digérer le décalage horaire, arriver au village, deux jours, avant la première rencontre, suffit».

Rio à peine tourné, Tokyo s’annonce déjà. Et même si le vrai feedback reste à affiner, quelques évidences émergent comme poursuit en les listant Florian Bruzzo : « Aller aux Jeux Olympiques, sans ambition de médaille, sans objectif précis et élevé, est compliqué pour motiver un groupe. Aller aux Jeux Olympiques à la dernière minute, pris par le temps, est aussi très compliqué, obligeant à tout gérer dans l’urgence, mauvaise conseillère souvent. En vue de Tokyo, il faudrait –surtout- se remettre au boulot durant l’été, passer d’une semaine de préparation à six voire huit. En vue de Tokyo, si nous avons les moyens d’y aller en repérages pour situer les piscines afin de ne pas perdre le temps ou griller de l’énergie dans de longues attentes comme à Rio, entre un échauffement et une rencontre, ce serait idéal. Si nous arrivons à mettre tout ceci en place nous nous donnerons quelques moyens de gérer la dimension hors-normes de cette compétition ».

Propos recueillis par Sophie Greuil

 

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