Charlotte Bonnet a marqué la première édition du Giant Open de son empreinte. Peut-être pas parce qu'elle termine deuxième du 100 m brasse, mais plus par le chrono qui s'est affiché une fois le mur touché : 1'07"76. Un temps synonyme de nouveau record de France pour la Niçoise, qui détrône Sophie De Ronchi Turban (1’07"97 en 2011). Découvrez sa réaction à ce record (son deuxième actif en grand bassin avec le 100 m nage libre), ses ambitions de brasseuse, son état d'esprit et sa vision de la tournée Giant Open.
- Un record de France sur ce 100 m brasse, en pleine période de travail, qu'est-ce que cela t'inspire ?
Cela m'inspire que je peux aller beaucoup plus vite à la fin de l'année. C'est vraiment chouette de faire ça ici, il y a une ambiance de folie. Ce n'était pas dans mes objectifs ni dans ma tête, à part hier où j'ai fait un bon 200 m brasse et surtout un bon premier cent mètres. Je me suis dit que je pensais pouvoir aller le chercher demain, donc c'est cool.
- Qu'est-ce qu'il représente ce nouveau record de France, qui efface l'ancienne marque qui date de 2011 ?
C'est vraiment cool parce que c'était Sophie (De Ronchi Turban) qui était une pure brasseuse. Moi, cela ne fait que quelques mois que je me mets à cette nage et c'est totalement différent de ce que j'ai l'habitude de faire. La coordination est totalement différente. J'ai peut-être des facilités à nager, mais je m'épuise vite, je charge vite, donc c'est quelque chose que je travaille. J'ai énormément de marge, mais j'ai aussi beaucoup de travail à faire et beaucoup, beaucoup de retard par rapport aux autres filles. Cela m'inspire donc d'aller plus vite, mais surtout me montre que je suis sur le bon chemin.
- Deviendrais-tu de plus en plus ambitieuse sur ce 100 m brasse ?
Oui, mais je ne m'en suis jamais cachée. Quand j'ai dit que je faisais une pause sur le crawl, ce n'était pas forcément pour faire des championnats de France et m'y arrêter, c'était pour me qualifier sur les événements majeurs et essayer d'y briller. En petit bain, cela avait bien marché et j'étais contente, mais je l'ai toujours dit : le petit bain, c'est cool, mais c'est en grand bain qu'il faut être forte. Et les temps ne sont pas encore à la hauteur de ce que je me suis fixée, mais je suis sur la bonne route.
- Te sens-tu donc maintenant plus brasseuse ?
Non, enfin ce n'est pas que c'est pas naturel. J'ai cette chance d'avoir une aisance naturelle, mais je ne suis pas et ne serai jamais une brasseuse. Dans ma coordination et dans la façon de nager, je le vois. Même à côté de Tes (Schouten) qui est là, c'est pas du tout la même nageuse. Ce ne sont pas du tout les mêmes muscles, pas du tout la même morphologie. Je pars de loin... (rires)
- Tu pars de loin, mais tu t'en rapproches...
Je m'en rapproche et ce n'est pas l'objectif de leur ressembler dans ma nage, l'objectif est de prendre du plaisir. Il y a quelqu'un qui m'a demandé hier : "Mais tu ne reviendras jamais sur du crawl ?" et, en fait, je n'ai plus envie de répondre à cette question parce que je n'ai pas la réponse. Je ne sais pas si je reviendrai, je ne sais pas si j'en aurais envie aussi. Pour l'instant, j'ai envie de prendre du plaisir, cela ne m'était pas arrivé depuis un moment et j'ai envie de continuer à surfer là-dessus.
- Est-ce l'attrait à la nouveauté qui te met dans cet état d'esprit ?
De la nouveauté, du plaisir, et de retrouver les sensations de gagner sur des championnats, sur des meetings, de faire des meilleurs temps. Quand tu arrives à un niveau européen ou mondial et que tu as déjà fait tes médailles internationales, à un moment, c'est difficile d'aller titiller tes meilleurs temps. Florent (Manaudou) en parlait souvent. Cela lui manque de ne pas faire un meilleur temps. C'est compréhensible. C'est cool de faire des médailles, mais des fois ça manque aussi d'aller chercher ses meilleurs chronos.
- Qu'as-tu pensé de ce format de compétition avec deux meetings puis ce final en apothéose au Giant Open ?
Je trouve ça cool. C'est sur une période assez propice où chacun rentre de stage. Cela marque un peu le début de la saison 2023. Le format est vraiment chouette, les moyens ont été mis en oeuvre, il y a plus d'ambiance et de moyens qu'aux championnats de France, donc j'espère que cela donnera des idées. A bon entendeur (rires).
- Est-ce que ces résultats sur cette dernière semaine peuvent apporter de la sérénité pour la suite ?
Je ne sais pas si ça en apporte pour ma part, c'est juste que je rentre d'un stage de dix jours, j'ai eu un début d'année un petit peu compliqué. Je ne me suis pas beaucoup entraînée au mois de janvier pour des raisons personnelles et donc je me disais que j'allais faire ces trois compétitions pour voir un peu où j'en étais avec aucune attente, aucun objectif en tête. J'ai fait de nouvelles courses : du 100 m papillon, du 100 m dos. Je ne me suis pas pris la tête sur les trois meetings et la performance est là donc c'est chouette que ça réponde bien. C'est plus une mise à jour pour voir où on en est.
- Donc le bilan est positif...
Ben ouais, bilan plutôt positif, surtout aujourd'hui (rires) !
A Saint-Germain-en-Laye, Louis Delvinquière