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Les Jeux Olympiques de Rio ont marqué la fin d’une époque. Avec eux, toute une génération de nageurs a tiré sa révérence. Ainsi, Florent Manaudou (parenthèse handballistique), Yannick Agnel, Fabien Gilot, Coralie Balmy, Grégory Mallet, William Meynard, Ophélie-Cyrielle Etienne et Giacomo Perez-Dortona ne porteront plus le bonnet tricolore. Il va sans dire que leur absence pèsera de tout son poids. Pourtant, comme l’assène Stéphane Lecat, ancien directeur de la natation olympique, concentré à présent sur l’eau libre : « Il y a plein de bons jeunes en équipe de France. Il faut le dire, l’écrire et faire comprendre à nos supporters que tous les talents n’ont pas disparu ». A défaut de le clamer à s’en déchirer les cordes vocales, nous avons décidé de consacrer six portraits à de jeunes nageurs engagés dans le plan « Gavroche 2024 ». Aujourd’hui, Hugo Grandjean, en progression constante.

Et dire qu’Hugo Grandjean ne s’est mis au 200 m papillon que dans le courant de la saison dernière ! D’abord dossiste, spécialiste des 50 et du 100 mètres, le sociétaire de l’AC Bourges craint alors de s’attaquer aux 200 mètres jugés « trop longs et trop durs ». Le défi lancé par un partenaire d’entraînement le pousse pourtant à s’aligner finalement sur la distance à l’occasion du meeting de Saint-Etienne… en février 2016 ! Le verdict du chrono (2’07’’81) ne laisse aucun doute : le Berruyer a des prédispositions pour cette épreuve. Un peu comme pour tout ce qu’il touche d’ailleurs. Passé par le foot, le rugby et le motocross (comme papa), Hugo a effectivement affiché chaque fois un certain talent. Mais quand il se met sérieusement à la natation, d’abord à Vierzon, puis à Bourges, dont il rejoint le centre d’entraînement en 6ème, ses progrès rapides en font rapidement l’un des espoirs de la natation tricolore. Finaliste des championnats de France minimes en 2014 sur 100 m papillon, il confirme l’année suivante en décrochant cette fois trois accessits sur 50 et 100 m papillon, mais aussi sur 200 m 4 nages. Son passage sur 200 m papillon va cependant lui permettre de franchir un cap supplémentaire. Qualifié pour les championnats de France Elite de Montpellier (avril 2016) sur 200 et  400 m nage libre, sur 200 m 4 nages et sur 100 et 200 m papillon, il bat par deux fois son record personnel sur cette dernière distance. En finale C (qu’il domine largement), il le porte même à 2’03’’84, un chrono qui lui permet de gagner son billet pour la Coupe Comen programmée à Malte quelques semaines plus tard. Pour fulgurante qu’elle soit, la progression de la nouvelle star du 200 m papillon n’en fait pas pour autant oublier à son entraîneur combien son protégé est encore perfectible. C’est donc sans état d’âme que Christophe Cleuziou et Hugo Grandjean acceptent la proposition faite à ce moment-là par la Direction technique nationale d’intégrer le dispositif « Gavroche 2024 ». Dès le premier stage, qui se déroule à Antibes à la fin du mois de mai 2016, entraîneur et entraîné vont d’ailleurs en retirer les premiers bénéfices. « A l’issue d’une séance filmée et analysée, le collectif d’entraîneurs s’est rendu compte que mes pieds sortaient trop de l’eau pendant mon ondulation », explique Hugo. « Ils ont tout de suite mis en place des exercices pour tenter de gommer ce défaut. » Résultat des courses : pour sa première apparition internationale, le protégé de Christophe Cleuziou continue à faire le buzz. Non seulement il rapporte à l’équipe de France son seul titre individuel de cette Comen 2016, mais il abaisse aussi au passage la MPF 16 ans à 2’02’’71 ! La fin de la saison est du même acabit. A Amiens, théâtre des championnats de France cadets, il remporte son premier titre national en dominant ses aînés d’un an. Six mois seulement après ses débuts sur 200 m papillon.

Jean-Pierre Chafes

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