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C’est à l’occasion de la première session matinale du Golden Tour-Camille Muffat organisé à la piscine Jean Bouin de Nice du 5 au 7 février que nous avons croisé Grégory Mallet, 37 ans, en quête d’une ultime participation olympique après celles de Pékin en 2008 (médaille d’argent avec le 4x100 m nage libre, ndlr) et de Londres en 2012 (médaille d’argent avec le relais 4x200 m nage libre, ndlr). L’ancien Marseillais, aujourd’hui engagé dans le projet « Etoiles 92 Natation » aux côtés de Jérémy Stravius et Camille Lacourt, joint l’utile à l’agréable en partageant le fruit de sa longue et précieuse expérience tout en renouant avec la compétition sans bouder son plaisir.

Le report des Jeux de Tokyo a-t-il bousculé tes plans ?

L’année dernière, quand j’ai repris la natation, j’avais à cœur de me qualifier pour les JO sur le relais 4x100 m nage libre. Je pensais aussi au 4x200 m nage libre, en sachant toutefois que ce serait peut-être un court pour bien travailler sur 200 mètres. Le confinement m’a permis de questionner ma motivation. Aujourd’hui, j’ai toujours l’ambition de me qualifier pour les Jeux nippons, mais je sens bien que les jeunes sont en train de devenir très forts et moi, un peu plus vieux (sourire)

La motivation est malgré tout au rendez-vous ?

Oui, absolument ! Je sais par expérience que tout se jouera sur des détails. On verra bien comment je me sentirais en juin prochain (championnats de France de Chartres, ultime étape de sélection pour les Jeux de Tokyo, ndlr), mais en tout cas, je bosse dur ! Ce qui m’amuse aussi, c’est de faire des compétitions. Je prends à chaque fois beaucoup de plaisir à challenger la relève. Je suis content également d’avoir repris le sport dans la période sanitaire que nous traversons. Ça me permet d’avoir un objectif en tête. Je me lève le matin en sachant à quoi je vais consacrer ma journée.

(KMSP/Stéphane Kempinaire)

Joues-tu un rôle de « guide » ou de « conseil » auprès des jeunes nageurs des « Etoiles 92 Natation » ?

Avec Jérémy (Stravius) et Camille (Lacourt), nous avons envie de transmettre notre vécu, notre passion et notre patience face à la performance. Les jeunes m’apportent de l’énergie et de l’envie. Moi, j’essaie de les aider à prendre du recul, ce qui n’est jamais facile quand tu as 18 ou 19 ans. Je leur répète que c’est en travaillant qu’ils parviendront à s’illustrer. Qu’il y aura des hauts et des bas, mais que tout ça fait partie d’une carrière de haut niveau. Je pense aussi à tous les jeunes qui n’ont pas pu être présents, cette année, au Golden Tour de Nice pour des raisons sanitaires. C’est difficile pour des jeunes de rater ce genre de rendez-vous. J’espère très sincèrement que cette crise ne va pas durer trop longtemps car le risque serait de perdre une génération de nageurs.

(KMSP/Stéphane Kempinaire)

Qu'entends-tu exactement par "perdre une génération de nageurs" ?

Si la crise sanitaire se prolonge, on pourrait voir de jeunes nageurs rater le coche du haut niveau. J’ai bien conscience qu’il y a, par ailleurs, des enjeux, scolaires, professionnels et financiers, mais notre discipline ne dispose pas d’un vivier suffisant pour encaisser ce que j’appellerais une « crise des vocations ». Dans un autre registre, je constate également une perdition des apprentissages aquatiques. Les piscines sont fermées depuis quasiment un an. Cela aura forcément de lourdes conséquences sur le savoir-nager. Ça me touche parce que la natation est la seule discipline au monde dans laquelle il y a une dimension sécuritaire. Si nous ne permettons pas aux gens et aux enfants d’aller à la piscine pour apprendre à nager ou se détendre ou se faire tout simplement du bien, on risque de perdre du monde au passage.

Les trois années qui nous séparent des Jeux olympiques de Paris seront-elles suffisantes pour permettre aux nageurs tricolores de se hisser sur un podium ?

Au-delà des délais, je dirais que c’est surtout une histoire d’émulation. Quand j’ai commencé à nager sérieusement, je me suis rapidement retrouvé en concurrence avec des tops nageurs tricolores. Toute ma génération s’est tirée vers le haut. Certaines finales nationales étaient dignes d’un niveau européen, voire mondial. Ces confrontations m’ont permis de progresser à une vitesse phénoménale. Je suis convaincu que sans cela ma carrière n’aurait jamais connu pareille trajectoire. Les nageurs qui ont 20 ans aujourd’hui et qui ambitionnent de s’illustrer à Paris en 2024 doivent à tout prix cultiver cette émulation.

Recueilli à Nice par A. C.

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