En attendant de sabler la victoire pour 2024, la ville campe sur la retenue, potasse ses différentes interventions officielles tout en cultivant un esprit compétiteur. « Même si le suspens ne fera pas naître un choc à l’ouverture de l’enveloppe, même si le premier rang des candidats risque de ne pas bondir de joie, notre bonheur intérieur va être certainement intense », anticipe Denis Masseglia (69 ans), président du Comité Olympique du Sport Français depuis huit ans. « Alors, il va être, aussi, important de penser à ceux ayant porté en vain la dernière candidature de Paris, lors de la session à Singapour en 2015, à ceux ayant porté la candidature française avortée pour les Jeux d’hiver, à tous ces compagnons d’infortune, qui auraient tant aimé vivre une telle élection, de recevoir un tel honneur. »
(KMSP/Philippe Millereau).
Cinq après cette déconvenue et à trois jours du vote à mains levées, Paris cultive la retenue en se demandant « quelle va être la réaction de tout le monde fasse à un évènement bien peu banal », poursuit le Marseillais Denis Masseglia. « Cette élection incarne le rêve de tout dirigeant sportif. Alors un triple choc émotionnel à Lima, à Paris, et, dans la France toute entière, va avoir lieu. » Co-président de cette candidature, Bernard Lapasset (69 ans), ancien président de l’International Rugby Board (2008 à 2016), suit le sillage de cet ancien rameur d’aviron : « Cent ans après les derniers Jeux à Paris, c’est énorme quand même ! Cette victoire prouve surtout qu’il fallait laisser une large place à nos sportifs, têtes d’affiche. On va gagner parce qu’on a pris modèle sur la campagne que j’ai mené en 2014 pour promouvoir le rugby à sept, où j’avais mobilisé les meilleurs joueurs, hommes et femmes, tous continents confondus. Mobiliser les athlètes génère une force supérieure, lève une incroyable vague de persuasion et de conviction puis une pluie d’adhésions hors du commun. Cette fois-ci, Paris a su leur donner une vraie place de choix ».
Bernard Lapasset (KMSP/Philippe Millereau).
Triple champion olympique de canoë, Tony Estanguet (39 ans) incarne cette force tranquille. D’ores et déjà, Bernard Lapasset lui cède les totales commandes de Paris « comme patron ! Bien sûr, je l’épaulerai à convenance ». Tout aussi calme que souriant depuis son arrivée à Lima, le Palois campe comme un éternel porte-drapeau des athlètes. Porte-drapeau qu’il fut d’ailleurs aux Jeux de Pékin en 2008 : « Depuis le lancement de notre candidature, toute une génération de 1 500 athlètes s’est mobilisée. D’ailleurs, très vite, notre comité d’organisation nommera une commission des athlètes ».
Tony Estanguet (KMSP/Philippe Millereau).
La victoire de Paris pour 2024 quasiment acquise, Tony Estanguet ne cesse pour autant pas de ciseler son discours : « Avant tout, nous sommes des compétiteurs. Même si le suspense retire une certaine notion de la gagne, nous nous devons de montrer notre meilleur visage pour faire gagner la France avec panache, sobriété et authenticité ».
A Lima, Sophie Greuil