La ville d’Orlando en Floride a accueilli, début mai, la deuxième édition des Invictus Games, compétition sportive qui rassemble des soldats blessés au combat. Trente athlètes français ont fait le déplacement. Parmi eux, le caporal-chef Benjamin Atgie, 28 ans, engagé dans l’armée de terre.
La particularité des Invictus Games, c’est qu’ils sont réservés aux militaires blessés sur des conflits, en mission ou lors d’entraînements. Vous, c’était où et quand ?
C’était le 19 février 2011, sur une route dans la vallée de Kapisa en Afghanistan. Le convoi de blindés était en train de rentrer de mission. Je me trouvais dans le véhicule de tête quand on a été attaqués à la roquette. Elle a traversé le véhicule, a happé ma jambe gauche, et elle est venue se planter dans le corps d’un de mes camarades. Lui a succombé à ses blessures, il n’avait même pas 20 ans. J’ai cru que j’allais aussi y rester. J’ai d’abord été héliporté à l’hôpital de Kaboul pour une pré-amputation. Puis j’ai été rapatrié à l’hôpital militaire Percy, en banlieue parisienne. Je suis resté deux jours dans le coma. J’ai eu trois mois d’opération, avec deux ou trois jours d’intervalle entre chaque intervention.
Quelle image gardez-vous de ce « 19 février 2011 » ?
Pas grand-chose, c’est assez flou. J’ai simplement quelques flashs. Le bruit, l’agitation. C’est une date qui reste gravée en moi car j’ai perdu un très bon ami et une partie de mon corps. Chaque année, ce jour-là, j’y pense, je revis les choses, c’est dur. On essaie de se retrouver pour se serrer les coudes. C’est une grosse marche dans ma vie, une grosse étape. Ça n’a pas toujours été simple. Quand ça te tombe dessus, tu peux penser que l’amputation va être un frein. Ce n’est pas vrai : il faut simplement réadapter sa vie. Oui, il y a des mouvements que je ne peux plus faire. Mais il y aussi plein de choses que je peux encore faire, c’est ça l’essentiel.